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Le blues du marchand d’armes

RUAG réalise 73% de ses affaires avec le Département fédéral de la défense. RUAG

Avec la baisse des commandes de l'armée suisse, la dernière entreprise helvétique d'armement n'a que deux issues: vendre à l'étranger ou se recycler.

RUAG, pour Rüstungs und Industrie AG. Depuis 1999, c’est le nom des anciens arsenaux et fabriques de munitions helvétiques.

Si l’entreprise est encore détenue à 100% par la Confédération, elle est en revanche passée sous un régime de droit privé. Et elle n’a plus l’armée suisse pour unique client.

Mardi, ses dirigeants ont présenté des résultats en demi-teinte pour l’exercice 2001.

Pour affronter sa reconversion, RUAG a récemment fait l’acquisition de quatre entreprises. Toutes sont actives dans l’astronautique, les composantes électroniques, les mécanismes de précision ou l’aviation civile.

Malgré cela, RUAG réalise toujours 73% de ses affaires avec le Département fédéral de la défense (DDPS). Une dépendance qui diminue chaque année. Mais qui est encore trop grande.

Un dividende pour la première fois

A première vue, pourtant, les résultats sont bons. Le chiffre d’affaires de 2001 dépasse le milliard de francs (en hausse de 7%).

Mieux, pour la toute première fois de son histoire, RUAG s’apprête à verser un dividende à son actionnaire unique. Sept millions de francs vont ainsi tomber dans les caisses fédérales.

Le bénéfice net s’inscrit lui également à la hausse (23%). Mais le chiffre est trompeur, puisqu’il provient, pour presque un tiers, de la dissolution d’une réserve.

Compte non tenu de cette rentrée d’argent extraordinaire, le bénéfice réel n’est plus de 82 millions de francs mais de 52 millions de francs seulement. Soit moins bien qu’en 2000.

D’ailleurs, le patron de RUAG Toni Wicki n’hésite pas à parler de résultat «insatisfaisant». Il n’exclut pas «une cessation partielle de la production de munitions lourdes» si le DDPS maintient l’incertitude quant à la planification d’Armée XXI.

Les effets du 11 septembre

Mais RUAG n’en est pas encore là. Et les acquisitions de l’an dernier ont eu pour effet immédiat de faire croître ses effectifs.

De 3800 employés en 2000, ils sont passés à 4200 personnes, travaillant principalement sur les sites traditionnels de la production militaire suisse que sont Thoune, Altdorf, Aigle (VD), Brunnen (SZ) et Berne.

Dans ses activités civiles, RUAG a souffert des événements du 11 septembre – qui ont marqué un sérieux coup de frein dans tout le secteur aéronautique – et de la crise générale qui frappe l’industrie des semi-conducteurs.

Malgré cela, Toni Wicki reste optimiste. En effet, les affaires redémarrent. Les carnets de commandes sont bien mieux remplis aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a un an.

Ces commandes incluent-elles du matériel militaire pour l’armée israélienne? La réponse de Toni Wicki est formelle: «Nous n’exportons rien vers Israël».

Toutefois, il admet que «RUAG participe à la production de matériel que la Suisse achète à Israël». Il s’agit essentiellement de munitions, de systèmes de communications et de drones (avions de reconnaissance téléguidés).

RUAG respecte la loi suisse

Par ailleurs, Toni Wicki révèle que la RUAG est en négociations avec les Emirats Arabes Unis et d’autres pays du Proche-Orient pour la vente de matériel usagé (essentiellement des chars) ayant servi à l’armée suisse.

«Certes, il s’agit effectivement de matériel de guerre, admet Toni Wicki. Mais, en l’occurrence, nous respectons strictement la loi helvétique qui nous interdit d’exporter vers les zones de conflit.»

swissinfo/Marc-André Miserez

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