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Le deuxième pilier perd des plumes à la bourse

La bourse, un jeu parfois dangereux. Keystone Archive

Les caisses de pension ont subi des pertes. Mais personne n'en connaît le montant global. Par bonheur, les assurés ne devraient pas en souffrir.

Pas loin de 500 milliards de francs en 15 ans: c’est la somme que la Loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) a déjà permis aux Suisses de mettre de côté pour leurs vieux jours. Géré par près de 4000 caisses de pension, ce magot ne dort pas dans un bas de laine. Il travaille.

Au départ, les caisses de pension investissaient prudemment dans la pierre. Mais la LPP les autorise également à placer jusqu’à la moitié de leur fortune en bourse, dont une partie à l’étranger.

«En fait, rares sont les caisses qui arrivent à ce taux de 50%», explique Jean Pfitzmann, vice-président de l’Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP). Et celles qui le font n’ont de toute façon pas le droit de miser uniquement sur des placements à risques».

L’intérêt des assurés…

Selon la deuxième ordonnance d’application de la LPP, les rentiers doivent pouvoir bénéficier à la retraite d’un intérêt d’au moins 4% par année sur l’avoir accumulé au cours de leur vie active. Avec les turbulences qui ont agité les bourses après le 11 septembre, ce droit risque-t-il d’être remis en question?

Personne ne se risquerait à le dire pour l’instant. «Il y a certainement eu des pertes, admet Jean Pfitzmann, mais les caisses avaient des réserves suffisantes pour les absorber.»

Même sérénité à l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS). «Nous n’avons pas de craintes pour cette année, confirme Peter Senn, chef de l’organe de direction du fonds de garantie LPP. Il pourrait par contre y avoir un risque si l’année prochaine est à nouveau mauvaise.»

Quoi qu’il en soit, l’état exact de la fortune du deuxième pilier ne sera connu qu’au printemps prochain. Les caisses sont en effet le plus souvent soumises au contrôle d’organes cantonaux, qui examinent leurs comptes bouclés au 31 décembre et rapportent ensuite à l’autorité de surveillance fédérale.

«Nous avons lancé quelques coups de sonde auprès des grands cantons et là non plus, il n’y a aucune inquiétude quant à l’ampleur de ces pertes en bourse», ajoute Jean-Pierre Landry, de la section économie et finances de l’OFAS.

…et celui des caisses

Responsable du secteur assurances sociales à l’Union syndicale suisse (USS), Colette Nova espère simplement que les réserves des caisses ont été correctement calculées pour leur permettre d’amortir le choc.

De son poste de secrétaire dirigeante à l’USS, elle souligne également que ce taux de 4% d’intérêt ne fait pas l’unanimité de la classe politique. «Il s’agit d’un taux minimal. Dès le départ, nous avons considéré que les caisses étaient assez riches pour se permettre d’être un peu plus généreuses», rappelle Colette Nova.

Ce n’est pas l’avis des assurances-vie, qui gèrent une partie de la fortune du deuxième pilier. Récemment, ils ont demandé à Berne de descendre ce taux à 3%. Le Conseil fédéral n’a pas donné suite.

Du côté de l’ASIP, qui regroupe les plus grandes caisses de pension, on n’en est pas encore là. «Avant le 11 septembre, je vous aurais dit que nous y arrivions sans problèmes, confie son vice-président Jean Pfitzmann. Aujourd’hui, nous ne demandons pas de baisse du taux, mais il n’est pas exclu que le sujet vienne sur la table un jour».

Marc-André Miserez

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