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Le Grand Conseil genevois dénonce la démolition de la Villa Blanc, datant du XVIIIe

Nessim Gaon fait une nouvelle fois parler de lui à Genève. Keystone Archive

Les députés genevois ont vivement critiqué Philippe Joye, l'ancien patron des travaux publics et de l'énergie. Son crime? Avoir laissé Nessim Gaon détruire en 1995 une maison de maître, la Villa Blanc, entourée de 130 arbres.

Décidément, le fondateur du Noga Hilton n’en finit pas de hanter la vie politique de la Cité de Calvin. Cette fois, Nessim Gaon n’a pas saisi des avions russes. Il ne s’est pas opposé non plus à la vente de son hôtel. C’est sur la destruction de la Villa Blanc, en août 1995, que le Grand Conseil a débattu. Cette maison de maître n’aurait jamais dû être détruite.

En novembre 1994, la société Noga Invest, appartenant à Nessim Gaon, demande au Département des travaux publics et de l’énergie (DTPE), alors dirigé par Philippe Joye, l’autorisation de démolir la Villa Blanc et de raser de très beaux arbres. A la place, le milliardaire doit construire la Maison Europa, un investissement de 88 millions de francs.

De quoi s’agit-il? Selon Nessim Gaon, les ambassades des pays de l’Union européenne veulent très symboliquement se regrouper dans un seul immeuble à Genève. Ils auraient choisi pour cela un terrain appartenant à Nessim Gaon, situé entre le Palais des Nations et la gare Cornavin.

S’agissait-il d’un coup de bluff? Le patron du Noga Hilton est déjà à cette époque dans une situation économique délicate. «Nessim Gaon est toujours incapable de produire le moindre engagement de la part de l’Union européenne», protestait l’avocat Christian Ferrazino, député de l’Alliance de gauche au Grand Conseil, dans L’Hebdo en février 1995.

Malgré les doutes qui entouraient cette hypothétique Maison Europa et malgré la mobilisation de l’association Action patrimoine vivant, qui souhaitait sauver une bâtisse datant du XVIIIe siècle, le 11 mai 1995, le DTPE donne l’autorisation de démolir la Villa Blanc.

Le rapport du Grand Conseil genevois vient de dénoncer les dérives de l’administration. Malheureusement, la Villa Blanc n’existe plus. Elle a été la proie des bulldozers durant l’été 1995. Et la Maison Europa n’a jamais vu le jour. Pourquoi des ambassadeurs français, allemand, italien, somptueusement installés dans des villas de maîtres, souhaiteraient-ils s’entasser tous ensemble dans un immeuble au centre ville?

Ian Hamel

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