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Le groupe Bombardier biffe 580 emplois en Suisse

Sauvée une première fois en 2000, l'usine de Pratteln est cette fois condamnée. Keystone

Le constructeur aéronautique et ferroviaire canadien va fermer sept sites en Europe. Parmi eux, celui de Pratteln (Bâle-Campagne) qui fut l'ancienne usine ADtranz.

En tout, Bombardier prévoit la suppression de 6600 emplois dans le monde, dont 580 en Suisse, dès 2005.

Près des neuf-dixièmes des postes supprimés le seront en Europe. En Suisse, c’est l’usine de Pratteln qui paye le gros de la facture. Sa fermeture va entraîner la disparition de 520 des 580 postes de travail désormais condamnés.

Un coup dur pour le personnel de cette usine de Bâle-Campagne. En août 2000, en effet, le groupe technologique Bombardier y avait fait figure de sauveur en la rachetant à ADtranz, évitant ainsi la fermeture.

Bombardier conserve malgré tout 762 emplois en Suisse, répartis sur ses sites d’Oerlikon (ZH), de Thurgi (AG) et de Villeneuve (VD).

Surcapacités

Ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’un plan de restructuration de la division ferroviaire du groupe canadien, qui souffre actuellement de surcapacités.

Bombardier Transport – qui opère sur 35 lieux de production dans 15 pays européens – précise que les sites fermés en 2004 seront ceux d’Amadora au Portugal et de Derby Pride Park et Doncaster au Royaume-Uni.

Ils seront suivis l’an prochain par Pratteln, Ammendorf en Allemagne, Kalmar en Suède et Wakefield au Royaume-Uni.

Sur les 35’600 personnes employées par Bombardier Transport, 78% travaillent sur ses sites européens.

«C’est en Europe que la surcapacité de production était la plus criante, écrit le groupe dans un communiqué. C’est donc là que toutes les fermetures et 86% des réductions d’effectifs sont envisagées.»

En Amérique du Nord, les mesures visant à réduire les surcapacités ont déjà commencé, ajoute Bombardier. Quatre sites situés au Canada (Kingston et Burnaby) et aux Etats-Unis (Barre et Pittsburg) ont déjà cessé ou suspendu leurs activités.

Une décision attendue

La fermeture de l’usine de Pratteln est «un coup dur pour la place industrielle de Bâle-Campagne», affirme le gouvernement bâlois.

Et d’ajouter avec résignation: Il n’y a pas d’espoir de sauver ce site, qui était menacé depuis longtemps.

Le gouvernement va tout faire pour assister les 520 personnes qui vont perdre leur emploi à la suite de la fermeture du site. Il les aidera notamment dans la recherche d’un nouvel emploi.

Pour les autorités de Bâle-Campagne, la décision du groupe technologique est «compréhensible».

Et de préciser que l’industrie du matériel ferroviaire roulant est en pleine restructuration en Suisse aussi où les volumes de commandes sont en baisse.

Les affaires se sont dégradées depuis que les CFF et d’autres sociétés de chemins de fer ont passé leurs grosses commandes à des concurrents du groupe Bombardier, soulignent encore les autorités bâloises.

En 1999, la fermeture du site par le propriétaire d’alors, ADtranz, avait été évitée grâce à une forte mobilisation dans la région, notamment celle du gouvernement. Aujourd’hui, l’exécutif bâlois estime qu’il n’y a pas d’espoir.

Recyclage possible chez la concurrence?

Certains des employés de Pratteln retrouveront peut-être un poste dans une entreprise concurrente de Bombardier.

Si elle n’est pas intéressée à reprendre le site bâlois, la société thurgovienne Stadler, qui fabrique des rames de trains, pourrait en effet reprendre d’anciens ouvriers du groupe canadien.

En 1997, Stadler a racheté l’ancienne usine Schindler d’Altenrhein (SG) et ses effectifs ont été nettement renforcés ces dernières années.

A la fin 2003, Stadler occupait 850 personnes, et d’ici à la fin 2004, l’entreprise devrait afficher un effectif de 1000 personnes, dont 700 en Suisse.

Rien de changé pour les CFF

De leur côté, les Chemins de fer fédéraux (CFF) disent «regretter» les pertes d’emplois qu’entraînera la fermeture de l’usine de Pratteln.

La firme canadienne a assuré les CFF que les commandes passées seraient livrées selon les termes des contrats en vigueur.

Depuis 2000, les CFF ont passé des contrats avec Bombardier pour un montant de près d’un milliard de francs. Ce qui correspond à 20 rames inclinables ICN, 150 wagons à deux étages Intercity et 30 locomotives d’Intercity. Les livraisons sont en cours et devraient être terminées dans le courant de l’année prochaine.

Des commandes portant sur un autre milliard de francs sont également en cours auprès de Stadler, Siemens et Alstom. Aucun autre appel d’offre n’est en cours.

A l’avenir, les CFF continueront à traiter avec Bombardier comme avec les autres groupes, les mises au concours se faisant en fonction de règles internationales.

Ces dernières ne permettent pas de privilégier une entreprise pour le simple fait qu’elle produit en Suisse.

swissinfo et les agences

– Le groupe canadien Bombardier emploie 65’000 personnes dans le monde.

– Soit 36’000 dans le secteur transports (matériel ferroviaire), 27’000 dans le secteur aéronautique (avions régionaux et biréacteurs d’affaires) et 2000 dans la finance et autres services.

– Ses marchés sont répartis dans le monde entier, avec une forte concentration en Amérique du Nord et en Europe, où le groupe possède 30 usines dans 14 pays.

– En Suisse, Bombardier emploie actuellement 1342 personnes, réparties entre Pratteln (BL), Oerlikon (ZH), Thurgi (AG) et Villeneuve (VD).

– La restructuration annoncée vise à améliorer le rendement du groupe, dont les revenus sont stables et le carnet de commandes bien garni.

– Il y a quelques semaines, Bombardier annonçait que la majorité de ses usines européennes ne tournaient qu’à 50% de leur capacité.

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