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Le groupe zurichois Erb dépose son bilan

L'empire Erb réalisait la moitié de son chiffre d'affaires dans le secteur automobile. Keystone

La dette du conglomérat familial actif dans les secteurs de l’automobile, du bâtiment et du commerce du café dépasse deux milliards de francs.

Trois de ses holdings vont demander le sursis concordataire. Quant à la dernière, elle est mise en faillite.

C’est la plus grosse débâcle de l’histoire économique suisse depuis celle de Swissair en 2001. Le conglomérat familial zurichois Erb, dont le chiffre d’affaires est estimé à plus de 4 milliards de francs, est obligé de déposer son bilan.

Le groupe, qui compte 85 entreprises, doit faire face à des dettes de deux milliards de francs suisses empruntés auprès de 80 banques, ce qui empêche une poursuite normale des affaires

Un sursis provisoire

Selon un communiqué de l’entreprise, une seule filiale – Uniinvest – est mise en faillite. Les autres (Herfina Holding SA, Unifina Holding et Uniwood Holding ) vont demander le sursis concordataire.

Le sursis provisoire a en effet été accordé par le Tribunal de district de Winterthour. Les actifs à disposition seront vendus par étapes, mais pour l’heure, aucun éventuel acquéreur n’est mentionné.

But de l’opération: sauver un maximum de substance et conserver le plus d’emplois possible.

Les mesures déjà mises en oeuvre entraîneront la suppression de 20 postes. Au total, le groupe familial, dont le siège est à Winterthour, emploie 4900 personnes, dont 2500 en Suisse.

Un problème de succession

Décédé au mois de juillet dernier, Hugo Erb – fondateur du conglomérat zurichois – n’a apparemment pas su organiser sa succession. Il a légué à ses deux fils une structure complexe et délabrée.

Pire, sous sa houlette, le groupe Erb a injecté à fonds perdu près de deux milliards et demi de francs dans la société immobilière CBB Holding, basée à Cologne et contrôlée par Unifina à hauteur de 49,8%.

Le fait que les affaires immobilières du groupe étaient une source de problèmes avait été remarqué dès la fin octobre 2003. C’est-à-dire dès la nomination de Hans Ziegler à la présidence de la direction.

«Une telle structure, avec des filiales saines pillées par des holdings, c’est un cas unique en Suisse, mais aussi au-delà des frontières», constate ce dernier.

Ce sont précisément des erreurs de spéculation en Allemagne qui obligent aujourd’hui le groupe à déposer son bilan.

La fin d’une belle histoire

Le groupe Erb fait partie de ces empires familiaux qui cultivent la discrétion. Ainsi, le conglomérat n’est pas coté en bourse.

Il doit son nom à celui de son fondateur, Hugo Erb. Parti d’un garage, cet émigré allemand a bâti un groupe diversifié d’envergure internationale.

«La famille Erb était extraordinairement discrète et ne se mêlait pas à la vie de Winterthour. La débâcle est une surprise totale pour tout le monde», explique Ernst Wohlwend, le maire de la ville.

Le conglomérat réalise près la moitié de son chiffre d’affaires dans le commerce automobile (2,032 milliards de francs). Il revendique la seconde place sur le marché suisse, avec des marques comme Mitsubishi, Suzuki ou Hyundai. Les activités dans l’autombile sont réunies dans une sous-holding, baptisée Herfina.

Le second pilier du groupe est le commerce mondial de café, secteur dans lequel il a pris pied en 1989 avec le rachat d’une autre société familiale de Winterthour, Volkart café, rebaptisée Volcafe.

Erb possède aussi le producteur de fenêtres Ego Kiefer et le fabricant de cuisines Bruno Piatti.

Ces sociétés sont réunies dans la sous-holding Uniwood, qui réalise plus d’un cinquième du chiffre d’affaires du groupe et emploie également un gros cinquième de son personnel.

swissinfo avec les agences

Le groupe Erb emploie 4900 personnes dans le monde dont 2500 en Suisse (150-200 en Suisse romande).
En 2002 le chiffre d’affaires du groupe est estimé à 4,46 milliards de francs.
A l’heure actuelle, Erb avoue un endettement de 2 milliards de francs.
Trois de ses holdings principales ont demandé le sursis concordataire, la quatrième a été mise en faillite.
82 banques en Suisse et en Allemagne ont offert des crédits au Groupe Erb.

– Le groupe familial Erb, dont le siège est à Winterthour, a été fondé par Hugo Erb en 1920. Aujourd’hui, il regroupe 85 entreprises. Pionnier du secteur automobile suisse Hugo Erb a créé et diversifié son empire à partir d’un petit garage.

– Aujourd’hui, le groupe Erb (non coté en bourse) est un conglomérat de quatre grandes holdings actives dans différents secteurs de l’économie:

– Herfina Holding SA, basée à Glaris, est active dans le commerce automobile et l’importation de voitures, principalement japonaises et coréennes (Mitsubishi, Hyundai, Suzuki).

– Unifina Holding, basée à Winterthour, est active dans le commerce du café (société Volcafé), dans le domaine immobilier, le leasing et les crédits à la consommation.

– Uniwood Holding, basée à Dietikon est le pôle industriel du groupe, actif principalement dans le secteur du bâtiment (cuisines Piatti, fenêtres Ego Kiefer) et le commerce du bois.

– Ces trois holdings ont demandé le sursis concordataire

– Enfin Uniiwest Holding permettait au groupe de faire divers investissements. Cette filiale est mise en faillite.

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