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Le marché des télécoms entame sa valse de licenciements

Keystone

Le préavis de grève du personnel genevois de World Online (WOL) a été reporté au 7 mars. Il n'empêche que la fermeture de la filiale suisse de WOL et la suppression de quelque 500 postes de travail suite à la fusion diAx/Sunrise montrent que le marché suisse des télécommunications est entré dans une phase de restructuration.

«La vague de libéralisation pourrait être suivie d’une stabilisation, voire d’un reflux, sous l’effet des concentrations et fusions qui ne vont pas manquer de se produire sur le marché suisse des télécommunications». Voilà la prédiction qu’émettait Fulvio Caccia, président de la Commission fédérale de la communication, en décembre 1999.

Un an plus tard, les faits sont en train de lui donner raison. Le marché n’est pas extensible à l’infini et les sociétés doivent tôt ou tard rentrer dans leur frais. Fournisseurs d’accès Internet, opérateurs fixes ou mobiles, la période d’euphorie est terminée pour tous.

Les premiers à faire les frais de ce retour à la raison économique sont les employés. Ainsi, après être passé sous le contrôle de l’italien Tiscali en décembre dernier, World Online a mis à la porte ses 58 employés en Suisse. Un plan social est en discussion, mais un préavis de grève pour le 7 mars vient d’être déposé par les 45 salariés du siège genevois. Le réveil est rude.

Active dans une quinzaine de pays européens, World Online aurait accumulé 400 millions d’euros (608 millions de francs) de pertes. D’ailleurs les filiales belge et française sont aussi en restructuration.

Créée aux Pays-Bas en 1996, World Online a connu un essor fulgurant. Elle a été rachetée pour 300 millions de dollars en 1998 par la Fondation de famille Sandoz, qui gère la fortune des héritiers du fondateur du géant bâlois de la chimie.

A cette époque, les analystes financiers vantaient les mérites et le potentiel de croissance de World Online. Mais son entrée en Bourse catastrophique, en mars 2000, a renversé la tendance. Sa chute aura été aussi brutale que son ascension.

Les experts estiment qu’à terme seuls trois ou quatre portails Internet européens survivront. Un pronostic qui semble se confirmer au vu des derniers rapprochements. Mais fusionner ne suffit pas, désormais la rentabilité est prioritaire. Or les modèles économiques mis en place n’étaient pas viables.

L’accès gratuit à Internet n’est pas profitable car la publicité sur le Net ne permet pas de couvrir les coûts. Pire, le forfait “tout compris” qui, pour quelques dizaines de francs par mois, offre la connexion et les communications sur Internet, est un produit suicidaire. La Net économie va devoir revenir sur terre.

Luigino Canal

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