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Le monde du vitivinicole entre doutes et espoirs

La surproduction risque d'entraîner un écroulement des prix. Keystone Archive

La situation est toujours plus tendue sur le marché du vin. Les vignerons-encaveurs craignent que la surproduction n'entraîne un écroulement des prix. Mais la majorité exclut une baisse générale des quotas de production. Pour sortir de cette impasse, un député genevois demande l'intervention de la Confédération.

John Dupraz, député radical genevois et agriculteur, en a assez d’attendre que l’Interprofession du vin suisse prenne des mesures pour endiguer la surproduction vitivinicole.

«Dans le canton de Genève certains vignerons sont déjà au bord de la faillite, tempête le conseiller national. Mais les principaux acteurs de la profession se refusent toujours à prendre des mesures concertées pour assainir le marché».

Le 8 mai, John Dupraz a donc déposé une motion demandant au Conseil fédéral d’intervenir. «Si l’on veut éviter la catastrophe, il faut, dit-il, supprimer 10 à 15% de la production suisse».

Il est vrai que, depuis plusieurs années, le secteur vitivinicole suisse peine à écouler son stock. Les prix s’écroulent. Et les dernières vendanges, particulièrement abondantes, ont encore contribué à détériorer la situation.

Pour faire face à la crise, l’an dernier, le canton de Genève, la région des Trois-Lacs (Neuchâtel, Morat, Bienne) et le Tessin ont déjà abaissé leurs quotas de production. Le canton de Vaud, lui, a choisi une solution hybride qui consistait à limiter la commercialisation sans réduire la production.

Pour leur part, les Valaisans ont récolté à hauteur des quotas fédéraux. Rendant ainsi la pareille aux Vaudois qui en avaient fait de même en 1999.

Vaud et Valais représentent à eux seuls les 3/4 de la production suisse. Pour faire face à une nouvelle récolte qui s’annonce florissante, un groupe de spécialistes a proposé une baisse généralisée des limites de rendement pour la vendange 2001. Une démarche qui vise à diminuer les volumes de vin suisse tout en améliorant leur qualité.

Ce projet a toutefois été balayé, début mai, par l’assemblée des délégués de l’Interprofession du vin suisse. Il faut dire que ce groupement de professionnel, fondée en 1997, réunit des producteurs et des commerçants de toutes les régions du pays. Autrement dit, des membres qui défendent souvent des intérêts forts divergents

Le Vaudois Michel Duboux, président de l’Association suisse des vignerons-encaveur, ne s’en cache pas. Il fait partie de ceux qui se sont opposés à une nouvelle limitation fédérale des quotas de production.

«En 1993, la Confédération a élaboré une loi cadre qui fixe le quota maximum de production viticole, rappelle Michel Duboux. Elle a eu l’intelligence de laisser aux cantons la charge d’élaborer leurs propres règlements d’applications pour qu’ils puissent réponde rapidement à leurs problèmes spécifiques. Il n’y a aucune raison de remettre ce principe en cause».

Une souplesse d’autant plus importante aux yeux vignerons-encaveurs que, à l’intérieur même des cantons, toutes les régions ne sont pas confrontées aux même difficultés.

Et c’est bien là que le bât blesse. Les appellations qui se vendent bien n’ont aucun intérêt à limiter leur marge de manœuvre. Par ailleurs, confronté à la libéralisation du marché et à une plus grande ouverture des frontières, la filière vitivinicole a de la peine à comprendre la nécessité d’une plus grande réglementation interne.

«Si la Confédération veut nous imposer de nouvelles règles, il faut qu’elle commence par garantir les prix», ironise Michel Duboux.

Reste qu’aujourd’hui, pour survivre, ils doivent se mettre au diapason. «Faute d’une harmonisation au plan fédéral, nous allons tenter de coordonner les politiques cantonales, explique Jean-Pierre Guidoux, président de l’interprofession du vin suisse. Cela augmente le nombre de partenaires et rend le consensus plus difficile mais les discussions sont ouvertes».

Cette semaine, Valais, Vaud, et Genève – les trois principaux cantons vitivinicoles de Suisse – ont en effet accepté de négocier. Premier résultat concret: un projet de diminution coordonnée de la production de Chasselas.

Vanda Janka

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