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Le Nobel de la Paix à Martti Ahtisaari

Keystone

A 71 ans, l'ancien président finlandais est récompensé pour plus de 30 ans de médiations dans nombre de conflits internationaux, notamment en Indonésie et au Kosovo.

Vendredi matin à Oslo, le président du comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjoes salue «ses importants efforts, sur plusieurs continents et pendant plus de trente ans, pour résoudre des conflits internationaux».

Né le 23 juin 1937 à Viipuri (aujourd’hui Vyborg en Russie), Martti Oiva Kalevi Ahtisaari a brièvement enseigné avant de passer à la diplomatie en 1965. Les années 1990 marquent le début de quinze ans d’un inlassable activisme en faveur de la paix dans les Balkans.

En ex-Yougoslavie

De septembre 1992 à avril 1993, il préside le groupe de travail en Bosnie-Herzégovine de la Conférence internationale sur l’ex-Yougoslavie. Elu à la présidence de son pays en 1994 pour six ans, il reste très actif sur la scène internationale.

En 1999, il parvient, avec l’ancien Premier ministre russe Viktor Tchernomyrdine, à convaincre le président yougoslave Slobodan Milosevic de mettre fin à ses opérations militaires au Kosovo contre la guérilla séparatiste albanaise en échange d’un arrêt des bombardements de l’Otan.

A l’issue de sa présidence, il crée et préside la Crisis Management Initiative (CMI), fondation d’analyse, de conseil et de médiation spécialisée dans la résolution des conflits.

Aceh et le Kosovo

En janvier 2005, il est chargé des pourparlers entre le gouvernement indonésien et les séparatistes du Mouvement Aceh Libre (GAM), en guerre depuis 1976. Six mois plus tard, les ennemis de trente ans signent la paix.

En 2006, il supervise pour l’ONU les pourparlers entre Serbes et Kosovars sur le statut final du Kosovo. Constatant qu’un consensus est hors d’atteinte, il remet son rapport final en mars 2007 au Conseil de sécurité et recommande l’indépendance sous supervision internationale de la province serbe à majorité albanaise. Le Kosovo déclarera son indépendance un an plus tard.

197 candidats

Cette année, 197 personnalités et organisations étaient en lice pour le Nobel de la paix. Le prix Nobel, qui consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,7 million de francs), sera remis à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur, l’industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel.

Les différents comités Nobel ne révèlent jamais les noms des nominés, laissant aux spécialistes la possibilité de spéculer à l’envi sur qui repartira avec les prestigieuses récompenses.

Opposant chinois ?

Pour cette année 2008, qui marque le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies, les dits spécialistes voyaient bien un opposant chinois ou russe recevoir le prix.

Ainsi Janne Haaland Matlary, professeur en sciences politiques à l’Université d’Oslo, misait sur l’avocate tchétchène Lidia Ioussoupova, qui a dénoncé les actes de torture en Tchétchénie.

Stein Toennesson, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix, pensait que le comité Nobel pourrait choisir d’envoyer un signal fort au régime de Pékin pour le pousser à tenir ses promesses en matière de respect des droits de l’homme. Et d’avancer le nom du militant chinois des droits de l’homme
emprisonné Hu Jia.

D’autres noms circulaient, comme ceux du moine bouddhiste vietnamien Thich Quang Do, du leader d’opposition zimbabwéen Morgan Tsvangirai, de l’ancienne otage franco-colombienne Ingrid Betancourt, et du dissident cubain Oswaldo Paya.

Ce ne sera donc finalement ni l’une ni l’autre.

swissinfo et les agences

Entre 170’000 et 190’000 Kosovars vivent en Suisse , soit 10% de la population de l’ancienne province serbe.

La Suisse participe depuis 1999 aux troupes de maintien de la paix de l’ONU dans la région (KFOR). Quelques 200 soldats de la Swisscoy sont stationnés au Kosovo.

La Suisse s’est prononcée assez tôt pour l’indépendance du Kosovo, qu’elle a reconnue quelques jours après sa proclamation le 17 février 2008. Elle a été, après la Grande-Bretagne, le deuxième pays à y ouvrir une ambassade.

La Suisse compte parmi les plus importants pays donateurs du Kosovo. En 2008, la Direction du développement et de la coopération et le Secrétariat d’Etat à l’économie veulent engager 13,8 millions de francs dans des programmes d’aide.

Médecine: Harald zur Hausen (Allemagne), pour avoir trouvé la cause du cancer de l’utérus et Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier (France), pour la découverte du virus du Sida.

Physique: Yoichiro Nambu (USA) pour la découverte du mécanisme de rupture spontanée de symétrie et Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawa (Japon) pour avoir prédit l’existence d’au moins trois familles de quarks. Il s’agit ici de physique des particules, soit des plus infimes composantes de la matière.

Chimie: Roger Tsien et Martin Chalfie (USA) et Osamu Shimomura (Japon), pour leurs travaux sur les protéines fluorescentes, utilisées pour leur rôle de marqueur notamment pour des études génétiques.

Littérature: Jean-Marie Gustave Le Clézio (France), loué comme «écrivain de la rupture, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante».

Le Nobel d’économie sera connu le 13 octobre. A noter que ce prix ne figurait pas dans le testament d’Alfred Nobel. Il n’a été créé qu’en 1968.

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