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Le plus dur reste à faire

Pour la presse, le travail est loin d'être achevé pour assainir l'AI. swissinfo.ch

Les médias suisses ne se montrent pas surpris par la claire acceptation de la révision de l'assurance invalidité. La situation financière catastrophique de cette assurance sociale nécessitait une réaction.

Mais les commentateurs sont unanimes: le plus dur reste à faire. Il faut en effet maintenant mettre la révision en œuvre et, surtout, trouver de nouvelles ressources financières.

Dans leurs commentaires de lundi, les journalistes de la presse suisse ne sont pas surpris des presque 60% de «oui» à la 5ème révision de l’assurance invalidité. Etant donné la situation financière de l’assurance – endettée à hauteur de plus de 9 milliards de francs – un tel résultat était attendu.

«Ce oui clair n’est ni surprenant ni révolutionnaire, mais a quelque chose d’historique: pour la première fois, le souverain a accepté une proposition où les prestations du premier pilier sont non pas développées, mais réduites. Le peuple a de toute évidence reconnu que le situation ne pouvait pas durer comme ça et a tiré le frein d’urgence», écrit par exemple l’«Aargauer Zeitung».

Par ailleurs, la décision de couper dans les prestations était d’autant plus facile à prendre que la révision ne touche qu’un nombre restreint de citoyens. «Cette claire majorité n’a été trouvée que parce que cette assurance sociale ne concerne finalement qu’une petite partie de la population», écrit le «Bund» qui estime qu’il serait beaucoup plus difficile de faire passer une adaptation devant le peuple s’il s’agissait de l’assurance vieillesse.

Mise en œuvre

Maintenant que la révision est adoptée, reste à la mettre en œuvre. Or cela s’annonce être un grand chantier. «C’est maintenant que vient le plus dur. Il faut d’abord mettre en application les éléments clef de la révision, c’est-à-dire réintégrer le plus possible de personnes qui ont dû renoncer à leur travail pour des raisons de santé», écrit la «St. Galler Tagblatt».

Le quotidien st-gallois relève encore «le rôle des autorités responsables dans la reconnaissance précoce des problèmes et la mise en œuvre de mesures de réinsertion, tâches qui nécessitent de nouvelles compétences et façon de travailler.»

«Les employeurs ont engagé leur responsabilité. Ils doivent désormais tenir les engagements pris par leurs organisations et par l’ensemble des partisans de la révision», souligne pour sa part le grand quotidien romand «Le Temps» à l’instar de la «Basler Zeitung» et du «Tages Anzeiger».

«Le rôle des entreprises dans la mise en œuvre de la nouvelle loi sera en effet essentiel. Or la 5ème révision ne va pas très loin dans les mesures incitatives qui auraient pu les pousser à intégrer davantage de personnes invalides dans le monde du travail», note l’éditorialiste du «Temps».

Un financement encore à trouver

Pour tous les commentateurs, il est évident que les mesures contenues dans la 5ème révision ne suffiront pas à elles seules à résoudre le problème financier de l’AI. «L’abysse financier de l’AI – dont le déficit d’environ 10 milliards de francs s’accroît de 1,5 milliard par an – ne sera que très modestement réduit par les décisions avalisées» par le peuple, résume le quotidien fribourgeois «La Liberté».

L’adoption de la 5ème révision «doit impérativement se poursuivre par la recherche d’un financement additionnel propre à désendetter l’assurance», par exemple une hausse de la TVA, insistent le «Nouvelliste» du Valais, ainsi que l’«Impartial» et l’«Express» de Neuchâtel.

Pour la «Neue Zurcher Zeitung» et le «Bund», seule une hausse de la TVA limitée dans le temps pourrait remettre les finances de l’AI sur la bonne voie. «Les radicaux, les démocrates-chrétiens et les socialistes se sont dits en faveur de cette mesure impopulaire», rappelle le «Bund».

Mais la solution ne sera pas facile à trouver. En tout cas, rien ne se passera avant le mois d’octobre prédit la «Neue Zürcher Zeitung» pour qui «au cours des prochains mois, pas un politicien – surtout dans les rangs bourgeois – n’aura envie de se profiler sur le front des hausses d’impôts qui devront être présentées au peuple».

Pas d’économies supplémentaires

Plusieurs commentateurs, à l’instar du «Bund» de Berne, dénoncent le «jeu électoral» de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) qui préconise d’ores et déjà de nouvelles économies dans le cadre d’une 6ème révision de l’AI.

Les analystes estiment généralement que les 40% de «non» exprimés dimanche pourraient se transformer en majorité en cas de nouvelles coupes dans les prestations.

swissinfo et les agences

La 5ème révision de l’Assurance invalidité a été acceptée par 59,1% des votants.
Le «oui» le plus net se trouve à Appenzell Rhode-Intérieures avec 79,9%.
Le «oui» le plus timide se trouve au Jura avec 45,4%.
Taux de participation: 35,8%

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