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Le poids du secteur public freine la compétitivité de Genève

Selon le Crédit Suisse, le niveau de formation et la qualité des transports sont des atouts d'importance pour Genève. Keystone Archive

Réduction du nombre de fonctionnaires, diminution des dépenses sociales et baisse des impôts: voilà en substance ce que propose une étude du Crédit Suisse consacrée au potentiel économique de Genève. Du côté des syndicats, on s'insurge.

«Les problèmes du secteur public font figure d’épée de Damoclès suspendue au-dessus du développement futur du canton. Ils exigent une solution avant qu’ils n’entravent le potentiel de croissance du secteur privé.» Tel est l’avertissement lancé par une étude du Crédit Suisse sur les perspectives économiques de Genève.

La banque a évalué l’attractivité de la région genevoise en fonction de sa structure économique. Grâce à ses branches à forte valeur ajoutée, comme la finance, les télécommunications, la haute technologie ou l’horlogerie, Genève est le deuxième pôle urbain suisse, après Zurich. Le niveau de formation et la qualité des transports sont des atouts d’importances, estime l’étude.

En revanche, la fiscalité trop lourde, l’importance du secteur public et la mauvaise situation financière du canton pourraient peser sur son développement économique. Globalement, l’indice de qualité de la localisation élaboré par le Crédit Suisse place Genève en-dessous de la moyenne nationale. Le canton occupe le 17e rang, devant le Valais ou Neuchâtel, mais loin des meilleurs que sont Zoug et Zurich.

Le point faible de l’économie genevoise reste le chômage qui, avec un taux de 4%, est le plus haut du pays. L’étude estime que ce niveau s’explique notamment par «les dispositions cantonales qui peuvent inciter certaines personnes à prolonger la durée de leur chômage». L’administration publique offre un système de prise en charge des chômeurs en fin de droit qui permet de réactiver les indemnités fédérales.

«A Genève 20% des demandeurs d’emploi étaient occupés dans l’administration publique avant d’être au chômage, une proportion cinq fois plus élevée que dans le reste de la Suisse», précise l’étude. Genève devrait peut-être revoir sa politique sociale parfois trop généreuse, suggère la banque.

Le fait que le secteur public soit un employeur important peut entraver le développement économique, ajoute le Crédit Suisse qui montre aussi du doigt la forte imposition des entreprises et des individus, «surtout pour les hauts revenus».

Par ailleurs, la banque estime que la situation financière du canton est mauvaise car Genève présente la quote-part d’endettement la plus élevée de Suisse. «La réduction de l’endettement ne se poursuit pas au rythme souhaité», conclut l’étude.

Du côté des syndicats, on voit rouge. «Si on appliquait ces théories, on accroîtrait la précarité et la paupérisation à Genève», rétorque Rémy Pagani, du Syndicat des Services Publics. «Le Crédit Suisse oublie que ces dernières années les fortunes ont fortement augmenté alors que les salaires stagnaient.» «En outre, il est indécent qu’une banque qui a contribué à la débâcle de Swissair viennent nous donner des leçons de conduite», ajoute le député de gauche genevois.

Luigino Canal

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