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Les éleveurs de Franches-Montagnes pourraient perdre un débouché

L'armée achète chaque année une quarantaine de chevaux Franches-Montagnes. Du coup, si les troupes de Train disparaissaient, comme le prévoit Armée XXI, les éleveurs devraient trouver de nouveaux débouchés. La pérennité de la race ne serait pas pour autant en danger.

Qu’ils soient grands ou petits, les chevaux helvétiques traversent une période de mauvais temps. Il y a dix ans encore, l’armée achetait entre 120 et 150 Franches-Montagnes par année.

Descendu à environ quarante, ce chiffre pourrait désormais passer à zéro. C’est du moins ce que propose la réforme militaire Armée XXI, dont la procédure de consultation s’ouvre mercredi.

«Ce sont quarante bêtes pour lesquelles il va falloir trouver un nouveau débouché, s’inquiète Jean Ackermann, du Centre de vulgarisation agricole du Jura. C’est d’autant plus un souci que le marché actuel est lourd.»

Cette recherche de nouveaux clients, les éleveurs de Franches-Montagnes ont déjà dû la faire. Ce d’autant plus que l’agriculture utilise toujours moins les chevaux. Les nouveaux acheteurs ont été trouvés dans le secteur des loisirs. Et à l’étranger.

Ainsi, les producteurs ont exporté 123 chevaux l’an dernier. Alors que quelque 400 bêtes sont vendues chaque année sur le marché helvétique. Ce canasson aurait même le vent en poupe.

Bref, les éleveurs devraient supporter le désistement des militaires. Ce d’autant plus que, selon le conseiller aux Etats Pierre Paupe, le Département fédéral de l’économie réfléchit actuellement aux mesures à prendre pour garantir la survie de la race.

C’est que le destin de la race Franches-Montagnes est d’autant plus cher au cœur des Suisses qu’il s’agit de la seule race de chevaux 100% helvétique. Et le nombre de juments étant limité à 4000-5000, cette race risque toujours de dégénérer, notamment en raison de consanguinité.

Mais les éleveurs ont d’autres craintes. L’armée n’assure pas uniquement un débouché. Elle garantit également le maintien d’un savoir-faire. Dans les soins à apporter aux animaux, notamment.

«Beaucoup de personnes veulent maintenant assurer cette formation sans avoir forcément les connaissances nécessaires, estime Henry Spychiger, président de la Fédération suisse des Franches-Montagnes. Mais l’avantage de l’armée, c’est qu’elle limite ces soins à l’essentiel.»

Un exemple: il n’y a pas de place pour les bandages et les guêtres dans l’armée. Le Franches-Montagnes n’en devient qu’un animal plus résistant. Et donc facilement utilisable par des amateurs, qui n’ont ni la formation ni l’argent nécessaires pour fournir à leurs canassons des soins de luxe.

Bref, les éleveurs ne veulent pas transformer leur animal de loisir en «enfant gâté». Et s’inquiètent également pour la pérennité de certaines professions. Par exemple, il n’existe plus d’école pour les maréchaux-ferrants en Suisse.

Caroline Zuercher

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