Les antimondialisation donnent de la voix à Berne
«La Suisse a-t-elle tiré les enseignements de Seattle?» Pour la Coordination Suisse-OMC, la réponse est clairement non. Jeudi matin à Berne, les opposants à la mondialisation exposaient leur vision d´un commerce international plus juste et plus écolo.
Sous la bannière de la Coordination Suisse-OMC se regroupent les œuvres d’entraide, les syndicats, les associations de consommateurs et les centrales paysannes. Dans leur collimateur, le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco), défenseur de la ligne officielle, qui en gros ne servirait que les intérêts des multinationales.
«Le seco mise, comme il l’a toujours fait, sur un nouveau cycle de négociations global à l’OMC pour continuer à préparer les marchés nationaux – surtout ceux des pays en développement qui comptent de fortes minorités au pouvoir d’achat intéressant – à répondre aux besoins des grandes entreprises transnationales», a lancé Peter Niggli, directeur de la communauté de travail des œuvres d’entraide.
La Coordination estime que la plupart des membres de l’OMC – en l’occurrence les petites nations du Sud – sont en fait exclus de la prise de décisions qui pourtant les concernent directement. En conséquence, elle demande au Conseil fédéral de s’engager fermement pour une réforme de l’institution.
Et en attendant l’ouverture d’un nouveau round de négociations à l’OMC – pour lequel aucun calendrier n’est fixé à l’heure actuelle -, la Coordination tient à faire connaître ses positions. Ce sera clairement «non» au démantèlement des services publics (que les pays anglo-saxons tendent de plus en plus à vouloir privatiser) et au dépôt de brevets pour des organismes vivants, clonés, transgéniques ou autres.
Sur le dossier agricole en revanche, les antimondialisation de Suisse sont davantage en accord avec leur gouvernement. Ainsi Fernand Cuche, président de l’Union des producteurs suisses, s’est dit agréablement surpris de la position adoptée par le seco, qui refuse de voir dans le marché agricole un marché comme les autres, au vu de l’importance sociale et écologique de l’agriculture.
La Coordination Suisse-OMC souhaiterait toutefois davantage d’engagement de la Suisse en faveur de l’agriculture des pays les moins bien lotis. Afin de faire passer la justice et le souci du développement durable avant le respect strict des règles du libre-échange.
Marc-André Miserez
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