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Les banquiers privés sous pression

Le secteur de la gestion de fortune subit le contrecoup de la crise mondiale. Pour preuve: les postes supprimés par la banque genevoise Darier Hentsch.

Dans le monde cossu des banquiers privés, c’est une première. Après une mauvaise année 2001, Darier Hentsch va réduire ses effectifs. La banque genevoise passera de 428 personnes au 1er janvier 2002 à un peu moins de 400 d’ici décembre.

Une conjonction de facteurs négatifs

Confirmant une information du quotidien économique l’agefi, Darier Hentsch précise que, de janvier 2001 à mars 2002, ses commissions ont baissé de 30%, alors que sa masse sous gestion a chuté de 44 à 38 milliards (-13,6%).

«En 2001, les banques de gestion de fortune qui publient des résultats ont vu leur bénéfice chuter entre 25 et 50%», précisait récemment Yvan Pictet, associé à la banque privée Pictet & Cie. Une évolution qui «nous ramène aux niveaux enregistrés en 1998-99».

Ces mauvais chiffres sont la conséquence d’une conjonction de facteurs négatifs. La chute de 20% des marchés boursiers mondiaux observée en 2001, puis la récession économique qui a suivi les attentats du 11 septembre, ont laissé des traces dans les portefeuilles des investisseurs.

Dans un environnement boursier de plus en plus concurrentiel, la diminution des courtages, qui représentent une part substantielle du revenu des banquiers privés, oblige les établissements à rationaliser leurs opérations.

Aux mauvaises performances des marchés se sont ajoutées l’amnistie fiscale italienne, qui aurait engendré entre 7% et 13% de retraits des avoirs de clients transalpins, et les attaques étrangères répétées pour la suppression du secret bancaire.

Danger pour Genève

Darier Hentsch n’est pas la première banque genevoise à supprimer quelque 10% de ses emplois. Ces derniers mois, plusieurs établissements comme l’Union Bancaire Privée ou Ferrier Lullin ont déjà comprimé leurs effectifs.

Les budgets 2002 sont très prudents. Les nouveaux investissements sont fortement réduits. La maîtrise des coûts est devenue la préoccupation majeure du monde de la gestion de fortune.

Pour Genève, c’est une mauvaise nouvelle. La cité de Calvin est le principal centre mondial pour la gestion de patrimoine. Ses banques gèrent 40% de la fortune privée suisse et plus de 20% des sièges bancaires helvétiques sont basés au bout du Léman.

Si la restructuration du secteur se généralisait, c’est toute l’économie locale qui serait touchée. Sans oublier la baisse des rentrées fiscales qui en découleront.

Après presque dix ans de croissance, l’euphorie est terminée. Mais cette fin des vaches grasses doit aussi être relativisée par le fait que 2000 a été une excellente année.

La place financière genevoise demeure solide, mais son futur dépendra de la capacité de ses banques à s’adapter à un environnement changeant et désormais très compétitif.

swissinfo/Luigino Canal

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