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Les enchères UMTS victimes de grandes et petites manœuvres

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Dix candidats au départ, quatre à l´arrivée, une fusion de dernière minute et des enchères désormais incertaines: l´attribution des licences UMTS en Suisse a des allures de soufflé qui retombe, après les records atteints en Allemagne et en Angleterre.

Cent trente milliards de francs suisses! En additionnant les sommes payées pour les licences UMTS en Allemagne et en Angleterre, il a très vite paru clair que la saison des ventes aux enchères était trop bien partie. «Même les plus gros opérateurs ont vu qu’ils n’auraient pas les moyens de payer autant dans chaque pays», souligne Bruno Giussani, journaliste économique spécialisé dans les nouvelles technologies et l’Internet.

Rien d’étonnant donc que les enchères suivantes aient fait un «flop» relatif, aux Pays-Bas, en Espagne ou en Autriche, où l’on a à peine dépassé le milliard de francs. Pour la Suisse, les choses devaient en principe mieux se passer. Le pays est petit, mais le pouvoir d’achat est élevé et les Suisses sont parmi les champions du monde du téléphone mobile et de l’Internet en termes de nombre de connectés.

Les quatre licences devaient être mises à prix à 50 millions pièce, mais les analystes les estimaient à plus d’un milliard et demi chacune. Quant à la caisse fédérale, elle tablait prudemment sur quatre milliards de recettes. Puis à quelques jours du début des enchères, c’était les désistements en série, jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que quatre: Swisscom (soutenu par l’anglais Vodafone), Orange (repris par France Télécom), l’espagnol Telefonica et le couple Sunrise-diAx, né lundi sous l’égide de TeleDanmark.

Bruno Giussani n’est pas surpris de trouver trois Suisses dans ce dernier carré. «Pour eux, ce sera un avantage en termes de marketing et de construction du réseau. Mais n’oublions pas que ces postes vont coûter très cher et que pour l’heure, rien n’est prêt, ni les antennes, ni les portables, ni les fournisseurs de services. On nous promet l’arrivée de l’UMTS pour 2002, mais je la verrais plutôt en 2005».

La Suisse, pays dont les lois sur l’aménagement du territoire permettent à tout un chacun de s’opposer à pratiquement n’importe quelle construction, aurait-elle effrayé certains opérateurs étrangers? Roberto Rivola, porte-parole de l’Office fédéral de la communication (OFCOM), ne le pense pas. Selon lui, les postulants étaient au courant depuis des mois et ce n’est pas la crainte de voir leurs projets d’antennes se heurter à des oppositions qui les a fait reculer.

«Nous assistons à des grandes manœuvres stratégiques au niveau européen. La fusion diAx-Sunrise ne serait peut-être pas arrivée si vite sans les enchères UMTS, mais elle fait partie de ce mouvement. Les opérateurs, avec les sommes qu’ils ont dépensées au début de ces enchères, doivent maintenant faire des choix», explique le porte-parole de l’OFCOM.

Cela dit, il n’est pas certain que les quatre licences suisses ne soient pas finalement vendues tout de même aux enchères. Le cas s’est vu en Autriche, avec six licences pour six candidats. Les caractéristiques techniques de chaque licence sont différentes et un opérateur peur préférer une longueur d’ondes à une autre.

Ce n’est donc pas par manque de participants que la mise qui devait commencer lundi a été renvoyée. Au vu de l’arrivée du trio TeleDanmark-diAx-Sunrise, les autorités de la concurrence doivent d’abord examiner que tout est en règle avant de démarrer éventuellement la vente aux enchères.

Et si elle n’avait pas lieu? Dans ce cas, les quatre licences seraient vendues 50 millions pièce, soit une rentrée de 200 millions pour la caisse de la Confédération, au lieu des 4 milliards prévus. Au Département fédéral des finances (DFF), on se félicite que le Gouvernement ait choisi d’affecter ces sommes à des amortissements et non à des tâches nouvelles.

«Nous ferons simplement moins d’amortissements que ce qui était prévu, explique un porte-parole du DFF. Mais la différence est de taille, car en amortissant quatre milliards, on aurait pu faire diminuer la charge d’intérêts de la confédération de 160 millions par année». Ce qui n’est pas rien.

Marc-André Miserez

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