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Les espoirs d’une reprise sont réels mais modestes

La mécanique économique suisse est sur le point de repartir. Keystone

Des signaux de plus en plus positifs montrent que l’économie pourrait enfin sortir du marasme. Ainsi, l’indice des valeurs du Swiss Market Index (SMI) a atteint son plus haut point de l’année cette semaine.

Les espoirs d’une reprise prochaine sont réels. Mais tout redressement ne sera, au mieux, que très faible.

A la clôture de la Bourse suisse vendredi, le SMI a atteint 5310,6 points, soit une augmentation de 8.4% par rapport aux 4899.50 points atteints au soir du premier janvier.

«Je pense qu’il s’agit d’un signe patent, annonciateur de temps meilleurs, explique Stéphane Garelli. Car les fluctuations de la Bourse anticipent l’évolution future de l’économie.»

Le professeur de l’IMD (International Business School) de Lausanne est formel: «Je pense que nous avons atteint le creux de la vague et que nous voyons enfin le bout du tunnel de la récession. Le troisième trimestre devrait venir confirmer cette tendance».

Plusieurs facteurs influencent en effet positivement l’économie. Et pas seulement en Suisse.

Une situation internationale plus stable

Selon Stéphane Garelli, la situation internationale est plus détendue qu’il y a un an.

«Le prix du pétrole n’est, par exemple, pas aussi élevé que ce que plusieurs experts craignaient, argumente-t-il. Actuellement le baril coûte 28 dollars et non 40 dollars comme l’annonçaient les prévisions les plus pessimistes.»

D’un autre côté, l’économie américaine – souvent considérée comme le moteur de l’économie mondiale – a gagné en dynamisme, les entreprises ayant notamment augmenté leurs investissements.

«Aux Etats-Unis, la croissance a atteint environ 2% pour les deux premiers trimestres de l’année, se réjouit Stéphane Garreli. Et plusieurs experts estiment que nous nous dirigeons probablement aussi dans cette direction.»

Des signes encourageants proviennent également d’Asie. Malgré les suites du conflit irakien et de l’épidémie de pneumonie atypique (SRAS), la Banque Mondiale estime en effet que l’économie asiatique est appelée à connaître une croissance rapide.

Ainsi, mis à part le Japon, la croissance de cette dernière devrait bondir à 6,3% l’an prochain (5,9% cette année). Un optimisme également de mise en ce qui concerne les USA (3,4%) et l’Union européenne (1,7%).

Secrétaire dirigeant de l’Union syndicale suisse (USS), Serge Gaillard est moins affirmatif. «Les Etats-Unis sont clairement en reprise, mais la croissance en Europe restera hésitante. Car la demande intérieure demeure faible».

Premiers signes de redressement en Suisse

En Suisse, le Centre de recherche conjoncturelle de Zurich (KOF) indique dans sa dernière étude que les premiers signes de reprise sont également là et qu’ils devraient se confirmer lors des deux derniers trimestres de l’année.

Mais la véritable reprise est attendue pour 2004. Ainsi, selon diverses recherches, le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser de 0,8% à 1,6% l’an prochain.

Stéphane Garelli pense qu’il y a des raisons historiques pour que la reprise économique évoquée reste relativement faible en Suisse: «La reprise sera faible car la croissance économique n’est jamais élevée dans notre pays».

«Durant les dix dernières années, nous n’avons eu qu’une seule année où l’économie a crû de plus de 3%. C’était en l’an 2000. Nos concurrents connaissent des croissances supérieures et peuvent afficher plusieurs années de croissance entre 2% et 3%.»

La Suisse a manqué le «boom» technologique

Toujours selon Stéphane Garelli, la Suisse a manqué le «boom» technologique à la fin des années 90 en n’ouvrant pas assez rapidement son marché aux nouvelles technologies (Internet, télécommunications et téléphonie mobile).

«En Suisse, nous avons été prudents, comme toujours, regrette-t-il. Et nous n’avons pas pu bénéficier du flux positif de secteurs où la croissance a parfois atteint deux chiffres.»

«Nous avons ouvert ces marchés bien trop tard. Nous souffrons de cela», poursuit-il.

Serge Gaillard nuance ce propos. «Le marché des télécoms a créé beaucoup de places de travail en Suisse. Mais une bonne partie a disparu lorsque la branche est entrée en crise à l’échelle mondiale»

Restent des motifs de satisfaction, note le syndicaliste. «Swisscom a heureusement évité certaines erreurs commises par d’autres firmes du secteur et renoncé à d’onéreux investissements à l’étranger».

Stéphane Garelli met en avant un autre problème qui hante l’économie suisse depuis des années: le manque de compétition.

«Nous devons affronter le fait que la Suisse n’est pas encore une véritable économie de marché. Les divers cartels ou pseudo-cartels, empêchent la concurrence de jouer.»

Serge Gaillard ne conteste pas l’existence d’accords qui rendent certains produits plus onéreux en Suisse qu’à l’étranger. Mais il précise: «Dans les arts et métiers et l’industrie, la concurrence est réelle. Ces secteurs vivent dans une économie ouverte».

Quoiqu’il en soit, au moment d’évoquer le futur, Stéphane Garelli se veut optimiste: «Après cette longue descente aux enfers, cela ne peut aller que mieux.»

swissinfo, Robert Brookes
(Traduction: Mathias Froidevaux)

Des signes tangibles montrent que l’économie suisse est en train de sortir du marasme. Mais la reprise restera modeste.
La croissance de l’économie en Suisse est restée faible ces dix dernières années, mis à part en l’an 2000.
Le professeur Stéphane Garelli de l’IMD de Lausanne affirme que la Suisse ne dispose pas encore d’une véritable économie de marché.

– Le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) a annoncé jeudi que l’économie suisse avait aligné un nouveau trimestre de récession avec un recul de 1% par rapport au même trimestre de 2002.

– Pour 2003, le seco s’attend à un recul du Produit intérieur brut (PIB) réel. Les exportations ont été pénalisées par la fermeté du franc suisse et un marché global faible.

– Fin août, 143’672 personnes étaient au chômage en Suisse (3,6% de la population), soit 1973 de plus que fin juillet.

– Le seco table sur une augmentation de 1,6% du PIB pour 2004. Le Credit Suisse table pour sa part sur une stagnation de l’économie cette année (0.0%) et une reprise de 1% pour l’année prochaine.

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