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Les manifestations ternissent l’image de la Suisse

Christoph Blocher n'est pas entouré que de journalistes suisses. swissinfo.ch

Les violences urbaines de Berne le week-end dernier font les gros titres de la presse étrangère. Elections fédérales et manifestations sont même en une du New York Times de lundi.

Beaucoup de médias voient la Suisse comme un pays xénophobe. La ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey craint pour l’image du pays.

La Suisse est incapable de tenir son image, basée sur le dialogue, sur son rôle de bâtisseur de pont. Avec la violence qui se multiplie, on donne exactement l’impression contraire, a dit Micheline Calmy-Rey lundi sur les ondes de la Radio Suisse romande. «Nos ambassadeurs sont interrogés à ce propos et nous demandent ce qu’ils doivent répondre», a-t-elle ajouté.

La ministre des Affaires étrangères craint pour le bien-être de la Suisse, sachant qu’un franc sur deux est gagné à l’étranger. Elle craint aussi pour la sécurité du pays, notamment lors du prochain Eurofoot en 2008. Car les violences tendent à se répéter, constate-t-elle en citant le G8, le Grütli ou des matches de football.

Intérêts à l’étranger

Avant les troubles de samedi, les journaux étrangers s’intéressaient déjà aux élections fédérales en raison des affiches de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) et de son initiative pour expulser les délinquants étrangers. Début septembre, le journal anglais «The Independent» se demandait si la Suisse n’était pas devenue «le cœur des ténèbres en Europe» en abritant un extrémisme dangereux.

Lundi, le «New York Times» revient à son tour de manière détaillée sur la campagne de l’UDC. Ce parti suit le principe «Nous contre les étrangers» de manière bien plus figée que par exemple Jean-Marie Le Pen en France, écrit le journal américain.

Ce week-end, la première chaîne allemande ARD et Euronews ont fait, dans leurs journaux télévisés, la part belle aux heurts de samedi et à la polarisation de la campagne.

Espagne la plus critique

De tels articles sont publiés dans le monde entier, note Johannes Matyassy, responsable de Présence Suisse. La Suisse y est à chaque fois représentée comme un pays hostile aux étrangers et raciste. Souvent les titres sont acerbes, le contenu toutefois plus modéré.

Les comptes-rendus les plus négatifs proviennent d’Espagne, où quelques journaux ont déjà traité le sujet à plusieurs reprises, dit Johannes Matyassy. En tant qu’organe de relations publiques de la Confédération pour l’étranger, Présence Suisse suit de près l’évolution.

Johannes Matyassy estime que l’image de la Suisse n’en pâtira réellement que si les critiques se répètent longtemps. Jusqu’à présent, ce n’est le cas qu’en Espagne.

swissinfo avec les agences

Si l’image de la Suisse est écornée, celle de la police bernoise souffre également. Le bilan est en effet lourd: les dégâts se montent à au moins 100’000 francs et on déplore 21 blessés, dont 18 policiers. Ceux-ci ont notamment été aspergés d’un liquide toujours pas identifié mais non corrosif.

En tout, 42 personnes ont été arrêtées. Elles risquent des peines pécuniaires, voire des peines de prison allant jusqu’à trois ans pour déprédations matérielles, émeutes et blessures corporelles. La police envisage aussi de porter plainte pour entrave à l’exercice d’une fonction officielle.

Les organisateurs de la contre-manifestation pourraient aussi avoir affaire à la justice. Selon des juristes, ils pourraient être accusés d’incitation à des déprédations matérielles, à des émeutes et à des blessures corporelles. Mais, pour qu’il y ait incitation, il faut qu’il y ait préméditation.

Les ennuis pour le principal organisateur de la contre-manifestation, Daniele Jenni, pourraient aussi être politiques. Son parti, les Verts Liste libre du canton de Berne ont demandé aux Verts suisses d’exclure l’homme de leurs rangs. Les Jeunes radicaux (droite) de la ville ont exigé pour leur part le retrait de Daniele Jenni du Conseil de ville.

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