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Les monts-de-piété surfent sur la crise

Les bijoux de famille peuvent aider à régler une crise de liquidités. Keystone Archive

De plus en plus de gens ont recours aux prêts sur gage pour joindre les deux bouts. Avec des variations selon les régions et les périodes.

La Suisse compte trois instituts de droit public à Genève, Zurich et Lugano

«Au début, tout le monde était sceptique. Or, nous enregistrons une hausse de 20% à 30% par année. C’est le symptôme d’une pauvreté croissante.» Ce constat inquiet émane de Giovanni Santoro, directeur de l’institut de prêt sur gage créé en 1997 à Lugano.

A Genève également «l’année 2003 a montré une augmentation de 20% des demandes de prêts, c’est énorme», ajoute Roger Bardonne, responsable de la Caisse de prêts sur gages.

Verdict partagé à Zurich par Urs Lusti: «Chez nous, la hausse ne dépasse pas les 7% mais les prêts augmentent toujours en période de mauvaise conjoncture.»

Un service public interdit de bénéfices

«La Caisse de prêts sur gages est un service public et même un service social», affirme le responsable de ce secteur un peu particulier de la Banque cantonale zurichoise.

Lequel précise: «Créée en même temps que la banque, en 1872, la Caisse a même reçu de l’Etat l’interdiction de réaliser des bénéfices.» C’est ainsi que, conformément à la loi, son déficit annuel – 110’000 francs en 2003 – est épongé par les bons soins de la Banque cantonale.

Le mont-de-piété ne cherche donc pas à gagner d’argent. Au contraire, sa création a répondu au souci de mettre un terme aux activités des usuriers.

Souci partagé par le canton de Genève, qui ouvrit également sa caisse publique – assujettie au Département des finances – en 1872.

Il ne faut pas oublier que c’est pour combattre la pauvreté que le tout premier institut du genre a été créé en Italie en 1462 par… des moines franciscains.

La Suisse compte trois instituts

Après Zurich et Genève, Lugano – troisième place financière suisse – s’est donc également dotée d’un mont-de-piété en 1997. Là, il s’agit d’un institut privé, mais assujetti à la législation cantonale.

Son directeur, Giovanni Santoro, également vice-président de la Fédération internationale des monts-de-piété qui regroupe 158 instituts, précise que la tendance à la hausse enregistrée en Suisse se retrouve un peu partout dans le monde.

«Mais la Suisse compte moins de monts-de-piété que ses voisins car, ici, la législation sur le prêt est extrêmement stricte. Seuls des instituts de droit public ont le droit d’occuper le secteur», ajoute Urs Lusti.

Une clientèle diverse

A Genève, Roger Bardonne évoque deux grandes catégories de clients. «Il y a ceux qui vivent dans la précarité et viennent chaque mois apporter et reprendre les objets déposés. Il y a aussi des personnes plus aisées qui ont un problème momentané de liquidités et viennent déposer des bijoux parfois très beaux.»

C’est, selon Roger Bardonne, cette dernière clientèle qui est à l’origine de l’augmentation importante du volume des prêts enregistrée en 2003.

A Zurich, Urs Lusti ajoute que certains utilisent tout simplement la Caisse «comme un dépôt, soit pour déposer des objets plus encombrants dont elles n’ont pas un besoin immédiat, soit par exemple des requérants d’asile qui souhaitent mettre leurs biens en sûreté».

Les prêts se situent partout dans une tranche moyenne de 200 à 500 francs.

Le bonheur des autres

Et puis, le malheur des uns fait le bonheur des autres… Pour liquider les objets qui n’ont jamais été récupérés, le mont-de-piété organise régulièrement des ventes aux enchères.

On peut y trouver des choses rares à des prix très attrayants, en général 30% moins cher que sur le marché.

swissinfo et Maddalena Guareschi, Lugano
(Traduction: Alexandra Richard)

En 1462, des moines Franciscains créent le premier mont-de-piété en Italie.
Les Cantons de Zurich et Genève ont créé leur institut en 1872 pour lutter contre les usuriers. Lugano a suivi en 1997.

– Les monts-de-piété de Zurich et Genève affichent tous deux un volume d’affaires de respectivement 5,4 millions et 8 millions de francs pour 2003.

– Celui de Lugano possède un volume de 4 millions. La progression de la marche des affaires atteint de 20% à 30% par année.

– Genève a connu une augmentation record des prêts de 20% en 2003.
Zurich a pour sa part enregistré une augmentation de 7%.

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