Des perspectives suisses en 10 langues

Les partis gouvernementaux affûtent leurs armes pour les élections

Lors des assemblées des partis, les délégués choisissent les options. Keystone

Réunis en assemblée avant la pause estivale, les délégués de trois partis gouvernementaux ont mis l'accent sur leurs priorités en vue des élections fédérales d'octobre destinées à renouveler le Parlement.

Si les radicaux s’intéressent désormais au climat, les socialistes annoncent une nouvelle offensive sociale et l’Union démocratique du centre rêve d’une «révolution conservatrice».

La politique migratoire, et en particulier la politique d’asile, est un sujet qui préoccupe fortement les citoyens suisses, a constaté le ministre suisse de la justice Christoph Blocher.

«Ce ne sont pas l’accueil de personnes réellement persécutées ni l’admission de
travailleurs étrangers titulaires d’une autorisation de séjour qui provoquent le mécontentement de la population, mais la présence en Suisse de tous ceux qui déposent abusivement une demande d’asile ou qui séjournent illégalement sur notre territoire», a-t-il constaté lors de l’assemblée des délégués de l’UDC à Liestal.

Ces derniers ont approuvé à l’unanimité une initiative visant à expulser de
Suisse tout étranger qui commet un délit, ne serait-ce qu’une effraction.

La récolte des signatures doit débuter le 10 juillet. Le texte, déjà approuvé par la Chancellerie fédérale, stipule qu’un étranger condamné pour meutre, viol, brigandage, trafic de drogue, effraction, traite d’êtres humains ou abus des prestations sociales est privé de son titre de séjour et expulsé de Suisse pour une durée allant de 5 à 15 ans.

Christoph Blocher a aussi appelé à une «révolution intellectuelle dans un sens conservateur» en matière d’éducation et de formation.

«Les véritables méthodes modernes en matière d’éducation sont les méthodes conservatrices». Selon lui, c’est une illusion de croire que l’école puisse prendre en charge l’éducation des enfants.

La réponse de Micheline Calmy-Rey

Présente à Olten au «Sommet social» des socialistes, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey a répondu, à distance, à son collègue du gouvernement en critiquant ses mesures pour endiguer la violence des jeunes.

«Ni la seule répression ni la mise en accusation de tous les jeunes étrangers et encore moins la menace d’expulser ceux qui ont commis un délit ne résoudront le problème de la délinquance juvénile», a déclaré la ministre.

De manière générale, les délégués socialistes ont décidé de lancer une «offensive sociale» et ont abordé les thèmes des rentes AVS/AI, de la violence, des armes et de l’école.

Ils ont adopté une résolution pour la création d’une contribution de solidarité de 5 % sur les dividendes. Cette taxe rapporterait entre 3 et 3,5 milliards de francs par année qui serviraient à augmenter les rentes AVS et les allocations familiales et à désendetter l’AI.

Les délégués ont ensuite adopté deux résolutions contre la violence des jeunes. Pour les socialistes, celle-ci a pour origine le chômage, le manque de places d’apprentissage et la pauvreté. Les entreprises et l’Etat doivent créer plus d’emplois. Le droit à une première formation devrait être ancrée dans la loi, estime le PS.

Toujours à propos de la violence, le PS a aussi décidé de soutenir l’initiative «pour une meilleure protection face à la violence des armes», déjà soutenue par plus de 50 organisations.

Climat et réforme des entreprises

A Zoug, les délégués radicaux ont, quant à eux, évoqué la protection de l’environnement et ont notamment évoqué le principe du pollueur-payeur. Ils ont chargé le parti de revoir le système de taxation actuel des véhicules sous le leitmotiv «taxer la consommation et non les investissements».

Une des priorités du PRD est d’assainir le parc immobilier suisse, dont le potentiel d’économie d’énergie est important. Les radicaux plaident notamment pour l’introduction de certificats énergétiques facultatifs pour les bâtiments.

Les délégués ont aussi largement réitéré leur soutien à l’énergie nucléaire. Malgré l’opposition des Bâlois et quelques Romands, ils demandent à l’industrie électrique de «déposer sans tarder un projet de construction d’une nouvelle centrale nucléaire». Ils ont encore décidé que l’énergie hydraulique devait être l’énergie renouvelable la plus soutenue et développée.

Après le débat animé sur la politique climatique, celui sur la réforme des entreprises n’a pas eu lieu. Les délégués ont soutenu sans surprise et à l’unanimité la révision menée à terme par leur ministre Hans-Rudolf Merz. Le texte vise à alléger la charge fiscale qui frappe les entreprises.

swissinfo et les agences

Le 21 octobre prochain, les électeurs suisses sont appelés aux urnes pour renouveler les membres du Parlement.

Selon le dernier sondage, les Verts devraient sortir vainqueurs de ces élections fédérales. Ils se stabilisent au-dessus de la barre des 10% (10,9%) et affichent la plus forte progression par rapport aux élections de 2003 (7,4%).

En ce qui concerne les partis gouvernementaux, l’Union démocratique du centre (UDC/ droite nationaliste) resterait le premier parti de Suisse avec 251% des intentions de vote (26,7% en 2003). Le Parti socialiste (PS/gauche) le deuxième avec 22,1% (23,3%), le parti radical-démocratique (PRD / droite) le troisième avec 17% (17,3%) et le Parti démocrate-chrétien (PDC, centre-droit) le quatrième avec 15% (14,4%).

La scène politique suisse est dominée depuis plus de cinquante ans par quatre grands partis, représentés au gouvernement: les radicaux (droite), les démocrates-chrétiens (centre droit), les socialistes (gauche) et l’Union démocratique du centre (droite nationaliste)

Les trois premiers existent depuis le XIXe siècle. Le dernier est né durant la première partie du siècle dernier.

Ces partis se caractérisent par une structure interne fédéraliste. Les sections cantonales y sont très puissantes et peuvent défendre des positions différentes les unes des autres, parfois en contradiction avec la position du parti national.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision