Les paysans suisses face à de nouveaux défis

Les paysans doivent se diversifier, par exemple avec des vacances à la ferme. Keystone

Les paysans suisses tirent un bilan satisfaisant de l'année 2004, malgré les pressions croissantes dues à l’ouverture des marchés.

Pour affronter ces importants défis dans les prochaines années, les paysans se donnent de nouvelles lignes directrices.

«Le changement et les réformes sont devenus pour l’agriculture suisse un état permanent», a déclaré mardi à Rances (Vaud) Hansjörg Walter, le président de l’Union suisse des paysans (USP).

Et de mentionner par exemple la pression représentée par l’ouverture des marchés dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la libéralisation du marché du fromage avec l’Union européenne pour juin 2007, la suppression progressive du contingentement laitier, sans parler des mesures d’économie de la Confédération.

Année «satisfaisante», mais…

En 2004, la paysannerie suisse a vécu une année «économiquement satisfaisante», a résumé M. Walter. Les conditions météorologiques équilibrées ont permis d’engranger de bonnes récoltes, même si le prix de vente des produits a parfois reculé.

Par rapport à la moyenne des années 2001 à 2003, le revenu d’exploitation net a même augmenté de quelque 3 % en 2004, surtout en raison des taux d’intérêts plus bas.

Mais l’USP rappelle que, globalement, le revenu agricole nominal est à la baisse depuis le début des années 90 et l’écart par rapport aux autres secteurs de l’économie ne cesse de croître.

C’est pourquoi, pour ne pas naviguer à vue, l’USP a élaboré des lignes directrices pour assurer le meilleur cadre possible à l’agriculture. Lignes directrices présentées mardi lors d’une double conférence de presse.

Plus visibles sur le marché

Ces lignes reposent sur quatre axes, notamment sur le renforcement de la visibilité des paysans suisses sur le marché. En septembre, l’USP et les grands distributeurs ont lancé le label «Suisse Garantie» qui garantit la provenance des produits.

Apposé pour l’instant sur les fruits et les légumes, ce label suisse devrait être utilisé dès la fin janvier pour la viande fraîche et le lait. D’autres produits suivront en 2005.

«Cette marque revêt une importance stratégique pour l’économie alimentaire suisse», estime Jacques Bourgeois, directeur de l’USP.

Réduction des coûts

Autre cheval de bataille de l’USP: la réduction des coûts. En octobre, l’organisation a proposé un train de mesures pour abaisser d’un demi-milliard de francs ses coûts de production et a demandé à Berne d’élargir sa marge de manœuvre «entrepreneuriale».

«Nos propositions ont suscité de nombreuses réactions, et une certaine résistance là où il y a des niches lucratives», a commenté M. Bourgeois, qui rappelle que le niveau élevé des coûts de production constitue un «fort handicap» pour l’agriculture suisse.

Développement des associations

Pour réduire leurs coûts et améliorer leur qualité de vie, les paysans suisses cherchent de nouvelles idées et tendent de plus en plus à s’associer.

De 1999 à 2004, le nombre des communautés d’exploitation est passé de 551 à 892, a annoncé l’USP.

swissinfo et les agences

Faits

L’USP s’oriente sur quatre axes:
1. le renforcement de la présence sur le marché;
2. la réduction des coûts et l’extension de la marge de manœuvre des exploitations;
3. l’évolution structurelle, les mesures sociales et le renforcement des régions rurales;
4. le renforcement de l’enracinement de la politique agricole dans la société, la politique et l’économie.

En bref

– Le nombre d’exploitations agricoles a passé de 79’479en 1996 à 47’126 en 2003.

– Le nombre total d’emplois dans l’agriculture a passé de 313’895 en 1980 à 196’936 en 2002.

– Par rapport à la moyenne de 2001 à 2003, le revenu d’exploitation net a augmenté de 3% en 2004, grâce aux taux d’intérêt favorables, mais la tendance est à la baisse depuis le début des années 90.