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Les paysans suisses se préparent à une lutte de longue haleine

Pour Fernand Cuche, le coup d'éclat des paysans lundi à Fribourg ne marque pas la fin du combat. Keystone

Cette semaine, l´Union des producteurs suisses (UPS) a gagné une bataille contre les grands distributeurs. En l´occurrence, Coop. Mais la guerre n´est pas finie. Une baisse des prix des produits agricoles paraît inéluctable.

«A long terme, les réformes (contenues dans la politique agricole 2002) visent à aligner les prix des produits alimentaires sur ceux des pays voisins, l’écart par rapport au prix des produits agricoles dans l’Union européenne devant en principe être réduit de moitié en 2002». Tel est l’objectif du Conseil fédéral résumé dans le rapport de l’OMC sur la politique commerciale de la Suisse et publié début novembre.

La ligne poursuivie par le gouvernement suisse paraît donc claire. Mais Fernand Cuche, secrétaire général de l’UPS, reste relativement optimiste: «Berne commence à nuancer sa position. On entend même dire à Berne que le rythme des réformes de la politique agricole 2002 n’a plus besoin d’être accéléré».

René Beuret, de l’Observation du marché – un organisme indépendant rattaché à l’Office fédéral de l’agriculture – , rappelle, lui, que trois ans après la ratification des accords bilatéraux par les pays de l’Union européenne, la Suisse ne pourra plus taxer les importations de produits agricoles.

Selon René Beuret, les prix des produits agricoles suisses devront donc baisser sous la pression des produits venus du reste de l’Europe. Sinon, l’agriculture suisse est menacée de disparition.

En outre, malgré sa reculade apparente face à l’UPS, Coop Suisse n’a pas abandonné l’idée de baisser les prix des produits frais de 20 pour cent. «Nous nous sommes simplement mis d’accord sur la tenue d’une table ronde en janvier», rappelle le porte-parole du numéro deux de la distribution.

Et Karl Weisskopf de rappeler que les achats effectués par des Suisses au-delà des frontières du pays sont une réalité qui se chiffre en milliards de francs par année.

Les pressions sur les prix agricoles suisses ne sont donc pas prêtes de diminuer. Du reste, Fernand Cuche n’exclut pas un alignement sur les prix pratiqués dans le reste de l’Europe.

«Dans la mesure où le contexte économique de production s’aligne sur une moyenne européenne, la majorité des agriculteurs suisses seraient d’accord de produire à des prix plus bas. Mais aujourd’hui, les assurances, l’énergie, les aliments pour le bétail sont à des prix suisses».

Cet argument est d’ailleurs également utilisé par le gouvernement suisse face à ses partenaires de l’OMC pour justifier sa politique d’aide à l’agriculture. Une politique qui supprime de plus en plus la participation fédérale à la commercialisation des produits au profit de payements directs à l’agriculture. Payements qui sont sensés compenser des services non marchands rendus par les paysans, tels que la protection du paysage et de l’environnement.

Mais Fernand Cuche estime que ces payements directs sont insuffisants. Et qu’ils ne permettent donc pas une baisse des prix des produits agricoles.

Coop Suisse évoque également des coûts de production élevés pour justifier sa politique des prix. «On ne peut quant même pas baisser le salaire de nos vendeuses», s’exclame Karl Weisskopf.

Selon Fernand Cuche, il faudra donc attendre le résultat de la table ronde prévue pour le 27 janvier. Obtenue à la suite de l’action menée lundi par l’UPS, cette réunion doit rassembler l’ensemble des partenaires liés à la production et à la vente des produits agricoles. En cas d’échec, l’UPS est prête à de nouvelles actions de protestation.

Une contestation qui pourrait bien gagner la Suisse alémanique. «La Suisse romande réagit plus vite que la Suisse alémanique, affirme Fernand Cuche. Mais des mouvements s’organisent également de l’autre côté de la Sarine. Où des manifestations sont d’ailleurs déjà prévues».

Frédéric Burnand

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