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Les pirates du net pillent les secrets du gratin de Davos

Malgré les barrières, les pirates se sont inflitrés au coeur du Forum Economique de Davos. Keystone

L'agenda de Laurent Fabius, les numéros de cartes de crédit de Thomas Schmidheiny ou celui du portable de Yasser Arafat, rien de ceci n'a plus de secret pour les pirates informatiques qui sont parvenus à entrer sur le serveur du Forum de Davos. Révelée dimanche par la SonntagsZeitung, l'affaire inquiète sérieusement les organisateurs.

C’est un CD-Rom envoyé à la rédaction du journal dominical alémanique qui a permis aux journalistes de constater que les «hackers» ne se vantaient pas. Si l’on voulait imprimer les données contenues sur cette galette de plastique de 161 mégabytes, il ne faudrait pas moins de 80 000 pages A4.

Et l’on y trouve les numéros de cartes de crédit de 1400 grands de ce monde, de la secrétaire d’Etat américaine Madeleine Albright au président palestinien Yasser Arafat en passant par quelques capitaines d’industrie suisses et étrangers.

Mais le CD-Rom contient bien plus que cela: en tout, il recense les données personnelles – agenda, adresse, numéro de portable ou de passeport et autres petits ou grands secrets – de 27 000 personnes, parmi lesquelles le chef du gouvernement chinois Li-Peng, le patron de la Fiat Gianni Agnelli, le dictateur déchu Slobodan Milosevic, et tant d’autres, conjoints ou amis des grands de ce monde ou simples membres et invités du World Economic Forum (WEF).

Selon la SonntagsZeitung, il ne peut s’agir que d’un coup des opposants à la mondialisation, mais le fait est que pour l’heure personne n’a la moindre idée de l’identité des hackers ni de la manière dont ils s’y sont pris pour entrer sur le serveur du WEF, localisé à Genève.

«Nous prenons cela très au sérieux et nous allons enquêter avec détermination, a déclaré Charles McLean, directeur de communication du WEF. Et d’ajouter que si des pirates sont parvenus à trouver une faille dans les systèmes de sécurité du Pentagone et du Département d’Etat américain, il est possible qu’il aient pu trouver une faille dans la sécurité du Forum économique mondial.

En attendant, les cartes de crédit concernées vont devoir être rapidement bloquées, car le potentiel de dégâts est énorme. Outre le risque d’achats sauvages – de préférence des tickets d’avion en business class ou des marchandises de luxe -, les personnes ainsi piratées courent celui de voir leur boîte aux lettres électronique envahie de mails indésirables ou leur adresses personnelles confiées à d’autres pirates.

Mais les premiers effets de cette affaire se mesurent déjà en termes d’image. Comme le fait remarquer Urs Baumann, patron de Swisscard – une co-entreprise du Crédit Suisse et d’American Express pour les cartes de crédit -, si le but des hackers était de discréditer le WEF, il est déjà atteint.

swissinfo

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