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Matthias Meyer, banquier de la planète Terre

Banque mondiale, 13ème étage, bureau 27. swissinfo.ch

Suite et fin de notre série de portraits de Suisses, rencontrés sur le parcours de notre traversée des Etats-Unis. Avec aujourd'hui Matthias Meyer, "executive director" à la Banque Mondiale.

A quoi peut bien ressembler un directeur de la Banque Mondiale, je me demandais, en me rendant au 1515 H. Street, à Washington, à deux pas de la Maison Blanche. Après avoir passé le contrôle de sécurité, m’être élevé de treize étages, et avoir erré dans un impressionnant dédale de couloirs, j’avais la réponse: un visage carré, volontaire, et accueillant.

Matthias Meyer, né à Baden en Argovie, a la bougeotte. Après des études à Genève, il file sur Santiago, au Chili, époque Allende. Il y travaille comme jeune conseiller au ministère des Finances, ainsi qu’à la Banque Centrale.

Après le putsch de 1973, il rentre en Suisse et travaille pendant sept ans pour la Confédération, dans le cadre de ce qui s’appelle alors l’Office fédéral des affaires économiques extérieures. Matthias Meyer se souvient de ce temps avec un certain humour: “J’étais le gauchiste de service. Je venais au Palais à vélo, et je me changeais dans mon bureau. Dans le conservatisme ambiant, c’était assez mal vu”.

Les aller-retour avec le Nouveau Monde continuent. Il travaille dès 87 pour la Banque Inter-Américaine de Développement à Washington, puis, en 93, revient à Berne, où il occupe la fonction de vice-directeur du DFAE, responsable de la coopération économique.

Depuis 1997, Matthias Meyer est l’un des 24 directeurs de la Banque Mondiale, qui constituent le conseil chargé de la supervision de la Banque Mondiale. Il y représente la Suisse, et six autres pays: l’Azerbaïdjan, la République kirghize, la Pologne, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan.

Matthias Meyer aime Washington: “Une ville intéressante dans la mesure où on y ressent la politique nationale; et on y voit aussi toutes les disparités des Etats-Unis: il y a beaucoup de gens pauvres, ici”.

A Washington, 8000 employés travaillent au siège de la Banque Mondiale. Mais “beaucoup de gens ne sortent pas de ce monde international, et ne voient pas qu’il existe ici d’autres mondes”, constate Matthias Meyer. Au lieu de s’installer en marge de la ville, lui a choisi de vivre au centre, dans un melting-pot social et culturel: noirs, latinos… Sans prétendre avoir des contacts réguliers avec les différentes communautés présentes, il apprécie de vivre dans le contexte de la mixité.

Washington, ville du pouvoir, et haut lieu de la criminalité aux Etats-Unis. Matthias Meyer ne se voile pas la face: “Oui, il y a ici une confrontation, qui est une réalité. Une ségrégation de fait”. Il y a la violence, la drogue, des choses dont ses pairs, selon lui, n’aperçoivent guère qu’au travers des programmes de télévision…

Décidément, un directeur de la Banque Mondiale ne colle pas nécessairement à l’image qu’on pourrait s’en faire avant de l’avoir rencontré.

Bernard Léchot, Washington

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