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En comparaison internationale, y a-t-il trop de fonctionnaires en Suisse? Le point en chiffres 

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Les fonctionnaires en Suisse. Andreas Fischinger/Unsplash.

A l'image de Donald Trump et Elon Musk aux Etats-Unis, des élus souhaiteraient tailler dans l'administration publique. Le point en chiffres sur la situation en Suisse. 

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C’est la nouvelle coupe à la mode, adoptée par les dirigeants du monde entier. Le principe? Lisser les finances en rasant dans l’administration publique. L’Argentine et les Etats-Unis ont lancé la tendance, suivis désormais par le Royaume-Uni, le Canada ou encore le Vietnam. Désormais, certains élus suisses lorgnent avec appétit sur la « tronçonneuse à Bureaucratie » brandie par Elon Musk en guise de ciseaux. « Trop de fonctionnaires », « trop payés », « au détriment du secteur privé ». Autant de propos qui reviennent souvent à Berne.

La Suisse aurait-elle également besoin d’une petite coupe? Selon Avenir Suisse, 23% de la population travaillerait pour l’administration publique. Trop, selon le groupe de réflexion libéral, qui prône des mesures fortes déjà débattues sous la coupoleLien externe. Mais l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) siffle une toute autre musique: seul une personne active sur 10 travaille pour la Confédération, un canton ou une commune.

Un écart qui s’explique notamment par le fait qu’Avenir Suisse inclut dans son calcul les employés de la Poste, des CFF, des hôpitaux universitaires, de la SSR ou encore les agriculteurs et agricultrices qui reçoivent des subventions. Autrement dit, 23% c’est en additionnant emplois publics, parapublics et subventionnés.

L’OCDE quant à elle, applique une seule et même définition à tous les pays Lien externe(ndlr: page 188 du rapport) ce qui a l’avantage de permettre une comparaison internationale.

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Et selon ce calcul uniformisé, en 2022, un peu moins de 595’000 personnes officiaient pour une administration publique, de la Confédération aux communes, soit 11,2% de la population active. Ce qui place la Suisse dans le tiers inférieur des membres de l’OCDE. En Allemagne, le chiffre est de 12%; en France, plus de 20%. Et en Norvège, et plus largement dans les pays du Nord, on reste autour de 30%.

Pas davantage de fonctionnaires

Autre argument avancé: l’administration ne cesse de grossir. Pourtant, entre 2003 et 2023, tandis que la population suisse augmentait de 20%, les postes (en équivalent temps plein) à la Confédération n’ont progressé que de 11,5%. En regard de l’augmentation de la population, le nombre de fonctionnaires pour 1000 habitants a diminué de près de 0,3 points, passant de 4,6 % en 2004 à 4,3 % en 2024.

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Des fonctionnaires plus qualifiés et plus âgés

Autre critique récurrente: « les fonctionnaires sont trop payés ». Le président des PLR, Thierry Burkart pointe un record de salaire moyen de 130 000 francs par anLien externe dans le secteur public. Selon l’OFS, le salaire médian mensuel dans le public est de 8094 francs contre 6510 francs dans le privé.

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Cette différence s’explique en partie par le fait que le secteur public emploie des personnes plus hautement qualifiées, souvent plus âgées. Une étude de l’Institut de politique économique suisse de l’Université de LucerneLien externe chiffre ces écarts à +19% pour les bas salaires et seulement +4% pour les postes de cadres. Une étude comparativeLien externe , commandée par le Conseil fédéral et réalisée par PricewaterhouseCoopers, estime que les salaires publics sont globalement similaires à ceux du privé. Certains postes sont même moins bien rémunérés dans le public, en particulier les postes de direction.

Ne pas opposer public et privé

Toujours selon Avenir Suisse, tout cela nuirait au secteur privé. Pour autant, tout dépend de quel côté du bulletin de salaire on se trouve. Si l’employeur peut y trouver à redire, l’employé a tout à gagner à ne pas opposer systématiquement public et privé. Selon une étude de la Banque Centrale européenneLien externe, ils seraient même intimement corrélés: une augmentation de 1 % de la croissance des salaires réels dans le secteur public implique une croissance des salaires dans le secteur privé de 0,3 %. Dans le même esprit, une augmentation de 1 % de l’emploi dans le secteur public permet une croissance des salaires dans le secteur privé de près de 0,3 %.

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