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Menaces sur le domaine skiable suisse

Les Français lorgnent sur le domaine skiable suisse. Keystone

Une collaboration plus étroite. Et une meilleure rentabilité. Si elles veulent éviter la vente des domaines skiables suisses aux étrangers, les entreprises de remontées mécaniques suisses vont devoir se battre et faire preuve d'imagination.

La question se pose depuis l’implantation de la compagnie des Alpes (CDA) au sein des remontées mécaniques de Verbier, en Valais. CDA qui va, par ailleurs, débarquer bientôt comme actionnaire à Saas Fee et très probablement à Crans Montana.

Les Français investissent dans les domaines skiables suisses. «Ils apportent de l’argent frais, un savoir-faire et une méthode qui a prouvé son efficacité en matière de rendement», explique le responsable de SLC Corporate, Gérard Dusfresne.

Mandatée par la CDA pour étudier les possibilités d’investissement en Suisse, cette société helvétique de conseils ajoute que les Français ne s’intéressent pas qu’au Valais, mais aussi à l’Oberland bernois et aux Grisons.

«Nous n’avons pas, pour autant, l’impression de brader le patrimoine suisse, affirme Gilbert Dusfresne. Tout au contraire. L’arrivée des Français devrait entraîner une certaine émulation, et la création en Suisse de nouvelles sociétés prêtes à investir».

Et Pierre Besson des Remontées mécaniques suisses (RMS) admet qu’une station rentable apporte «une valeur ajoutée à la région, en terme d’emplois et de synergie». Il s’agit donc d’un plus, même si une partie des bénéfices part à l’étranger.

Quoi qu’il en soit, pour l’heure, les Suisses hésitent à investir. A commencer par leurs banques qui estiment que le secteur n’est pas rentable.

Une hésitation que le responsable de SLC Corporate comprend. Mieux, qu’il explique. «En Suisse, affirme Gilbert Dusfresne, le problème des remontées mécaniques est à l’image de la situation générale du tourisme. La politique trop régionaliste de la Suisse n’est plus en phase avec le marché actuel.»

Une situation que connaît bien Philippe Lattion. D’ailleurs, le responsable de la société Alp Project propose aux entreprises helvétiques de remontées mécaniques et d’investissements de s’unir pour éviter la mainmise des étrangers sur le domaine skiable.

«Mais pour cela, précise le patron du projet, il faut que l’affaire soit rentable. Le marché suisse compte une vingtaine de grosses stations qui pourraient être compétitives sur le plan financier, à condition qu’elles unissent leurs forces.»

Une utopie? «Absolument pas, rétorque Philippe Lattion. Alp Project compte virtuellement de nombreuses entreprises de remontées mécaniques qui intéresseront les investisseurs lorsqu’elles auront prouvé la rentabilité de leur projet.»

De leur côté, les organisations faîtières – comme les Remontées mécaniques suisses (RMS) – sont impuissantes. Leur pouvoir économique est inexistant.

Pour autant, leurs responsables ne cachent pas leur inquiétude, à l’image de Pierre Besson, du comité de la RMS et directeur de Télé Villars Gryon. «Les stations doivent impérativement rationaliser leur gestion, se professionnaliser dans leurs tâches, pour éviter une arrivée massive d’investisseurs étrangers».

Ce problème reste effectivement très préoccupant, en raison du morcellement des structures touristiques. Qui fut d’ailleurs, dans les cantons de Vaud et du Valais, à l’origine des fameuses «guerres des remontées mécaniques».

Pourtant, la volonté de bien faire existe. Pour preuve, les fusions de Villars et Gryon, des quatre associations de Crans-Montana. Ou encore le flirt des portes du soleil avec les Français d’Avoriaz, grands concurrents de CDA.

Jean-Louis Thomas

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