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Mexique – Suisse, des échanges à intensifier

Joseph Deiss (à gauche) souhaite la bienvenue à son homologue mexicain Vicente Fox. Keystone

La Suisse et le Mexique entretiennent d’intenses relations commerciales et économiques. Face à ses interlocuteurs helvétiques, le président Fox met en avant la stabilité et les perspectives de croissance de son pays.

A ce jour, l’économie suisse a déjà investi près de 4 milliards de francs au Mexique.

Mercredi, Vicente Fox Quesada a effectué une visite de travail officielle à Berne. Le président mexicain a été accueilli par une délégation du gouvernement suisse, composée de son homologue Joseph Deiss, de la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey et des responsables de l’économie Pascal Couchepin et de la défense Samuel Schmid.

Vicente Fox a rencontré également les représentants des organisations économiques et des entreprises. Au centre des discussions: les relations bilatérales entre la Suisse et le Mexique.

Le président mexicain, accompagné d’une délégation économique, a lancé un appel aux investisseurs. Des représentants de l’économie suisse, emmenés par Joseph Deiss, se rendront à Mexico en novembre.

«L’économie mexicaine repose sur des bases solides. Nous pouvons offrir les meilleurs taux d’intérêt et nous disposons d’un faible niveau de risque», a déclaré M. Fox.

Une visite stratégique

Qualifiant sa visite de «stratégique», le président Fox s’est dit en quête «d’un nouvel élan pour accroître les relations» entre la Suisse et le Mexique, chiffrant le total des investissements helvétiques dans son pays à 3,5 milliards de dollars.

Les deux pays entretiennent depuis 177 ans des contacts qui se sont longtemps limités à leur aspect purement protocolaire. Le Mexique n’a ouvert son ambassade à Berne qu’en 1958. A l’époque, l’un des diplomates mexicains les plus brillants en Suisse n’était autre qu’Octavio Paz, le grand écrivain et Prix Nobel de littérature.

La Suisse profite de l’ouverture

C’est après la Seconde Guerre mondiale que les relations économiques et commerciales entre le Mexique et la Suisse ont commencé à s’intensifier.

Depuis les années 80, l’Etat latino-américain vit une période d’ouverture sans précédent, tant au plan économique qu’au plan politique. Vicente Fox Quesada est le premier président mexicain qui ne soit pas issu des rangs du PRI, le parti qui a régné sans interruption sur le pays pendant plus de 70 ans.

Depuis 1994, le Mexique est inclus dans la zone de libre-échange nord-américaine, avec les Etats-Unis et le Canada. Afin de réduire sa forte dépendance par rapport à son grand voisin du nord, le pays a également ouvert un vaste front commercial en Europe.

Et en l’an 2000, le Mexique a signé un autre accord de libre-échange, avec l’Union européenne cette fois.

L’axe Berne-Mexico

Parallèlement à cette libéralisation des échanges avec l’Amérique du Nord et avec l’Europe, le Mexique a également passé des accords avec la Suisse en vue de soutenir et de développer les relations économiques et commerciales.

En 1994, les deux pays ont ainsi signé un accord de double imposition, et l’année suivante un accord sur la protection des investissements. En l’an 2000 enfin, la Suisse et le Mexique ont complété l’accord de libre-échange qui les lie dans le cadre de l’AELE par un texte portant spécialement sur le commerce des produits agricoles.

Ces accords ont soulagé les exportateurs suisses qui travaillent avec le Mexique de près de 100 millions de francs de taxes par année.

Aujourd’hui, les deux pays discutent d’un accord sur la protection des biens culturels et d’un autre sur l’entraide judiciaire.

En 1995, les relations entre Berne et Mexico ont été mises à rude épreuve. Le procureur de la Confédération avait ouvert une procédure pour blanchiment d’argent contre Raul Salinas de Gortari, le frère du président mexicain d’alors. Près de 130 millions de francs ont été bloqués sur ses comptes dans les banques suisses.

Aujourd’hui, les vagues soulevées à l’époque par cette affaire se sont apaisées.

Le boom des échanges

Face à ses interlocuteurs suisses, Vicente Fox met en avant la stabilité économique de son pays, ses perspectives de croissance et l’environnement sûr qu’il offre aux investisseurs et aux entreprises.

Ces conditions favorables ont déjà conduit à une nette hausse des exportations suisses vers le Mexique depuis quelques années. D’une valeur de 458 millions de francs en 1990, elles ont doublé pour atteindre 914 millions en 2003.

La Suisse vend principalement au Mexique des machines, des produits chimiques et pharmaceutiques et des montres.

Les importations de marchandises mexicaines en Suisse restent en revanche un peu à la traîne, même si leur valeur a quadruplé durant la même période, passant de 54 millions de francs en 1990 à 219 millions en 2003.

La Suisse achète surtout au Mexique des produits agricoles, des machines, des appareils et des pièces de rechange. Le marché helvétique représente le sixième plus gros marché d’exportation pour le Mexique, avant la France, le Japon et la Grande-Bretagne.

Investissements et droits de l’homme

Le réseau d’accords bilatéraux qui lie les deux pays devrait servir de base à de nouveaux investissements suisses au Mexique. Pour l’heure, près de 400 firmes suisses y sont présentes, parmi lesquelles Schindler, Nestlé, Victorinox, Credit Suisse, UBS et la Banque Vontobel. Jusqu’ici, l’économie suisse a déjà investi près de quatre milliards de francs au Mexique.

Mais tout n’est pas encore rose au sud du Rio Grande. Ainsi, la section suisse d’Amnesty International profite de la visite de Vicente Fox à Berne pour attirer l’attention sur la situation des droits de l’homme dans son pays.

L’organisation exige que Mexico prenne des mesures drastiques pour empêcher les assassinats de femmes, qui sont courants dans la région de Chihuahua et de Ciudad Juarez. Elle dénonce également la torture et les abus d’autorité dont se rendent encore coupables, en toute impunité, certains éléments de l’armée et de la police.

En même temps, Amnesty salue le rôle important que le président Fox joue sur la scène internationale et dans son pays pour la promotion des droits de l’homme.

swissinfo, Erwin Dettling
(Traduction: Marc-André Miserez)

Développement des échanges entre la Suisse et le Mexique:
1990: exportations, 458 millions de francs; importations, 54 millions
2003: exportations, 914 millions de francs; importations, 219 millions

– Le président mexicain Vicente Fox est en visite pour cinq jours en Europe. Après la Suisse, il se rendra en Pologne et en Hongrie, deux des nouveaux pays membres de l’Union européenne.

– Cette tournée est une offensive de charme, trois semaines avant une rencontre prévue au Mexique, dans la ville de Guadalajara, des chefs d’Etat d’Amérique latine, des Caraïbes et de l’Union européenne.

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