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Moins de crédits pour les entreprises

Les banques exigent désormais davantage de garanties de la part des PME. Keystone

Malgré les signes de reprise économique, les banques suisses continuent à se montrer prudentes en matière d’octroi de crédits aux entreprises.

Les PME, qui constituent l’immense majorité des sociétés du pays, peinent toujours à obtenir de l’argent pour leurs nouveaux projets.

Sur 1000 entreprises suisses, 997 sont des PME. Ensemble, elles emploient deux tiers des salariés du pays et bénéficient de 85% des lignes de crédit octroyées par les banques.

En avril 2004, c’est un montant global de 252 milliards de francs qui était ainsi à disposition des PME auprès des différentes banques suisses.

Si l’on considère l’évolution sur quatre ans toutefois, on constate que le total des lignes de crédit octroyées à l’ensemble des entreprises suisses a régressé de 349 milliards de francs en 2000 à 301 milliards aujourd’hui.

Et depuis le début de l’année, ce montant stagne. Ainsi, alors que la reprise se concrétise en Suisse, aucun accroissement des possibilités crédits ne se profile à l’horizon.

Les leçons de la crise

C’est que les banques sont devenues plus prudentes. Elles ont tiré la leçon du début des années 90, période qui les a vues octroyer trop facilement des créances à des clients douteux.

A l’époque, la Commission fédérale des banques avait dû passer au peigne fin de nombreux comptes d’investissements, pour un total de plus de 42 milliards de francs.

Depuis cet épisode, les banques analysent beaucoup plus soigneusement la solvabilité de leurs clients.

«Ces derniers temps, les banques ont standardisé leurs procédures, expliquait récemment à la presse Urs Roth, président de l’Association suisse des banquiers (ASB). Elles tiennent désormais davantage compte des catégories de risques.»

Les PME mal loties

Certains milieux économiques critiquent cette manière de faire, jugée désormais trop restrictive.

«Les sociétés qui assurent leurs obligations financières n’ont pas de soucis à se faire», déclare néanmoins Peter Neuhaus, secrétaire de la Fondation PME Suisse et membre de la direction de l’Union syndicale suisse (USS).

Mais la situation est plus tendue pour les créateurs de sociétés, les jeunes entrepreneurs et les petites exploitations. «Elles ont des difficultés à trouver des fonds, constate Peter Neuhaus. Parce que les dossiers qu’elles présentent aux banques sont souvent insuffisants et imparfaits».

Par ailleurs, nombre de petites sociétés n’ont pas assez de fonds propres.

Peter Neuhaus voit dans cette situation un double danger. D’une part, les conditions économiques restent généralement difficiles pour les PME. Et d’autre part, une certaine rigidité de la part des banques pourrait miner la reprise naissante.

Pas de pénurie pour autant

Du côté de l’association patronale economiesuisse, Rudolf Walser est moins alarmiste. Il n’entrevoit généralement pas de goulet d’étranglement pour les crédits. Mais admet tout de même que la chose n’est pas exclue «pour certains cas isolés».

Thomas Sutter, porte parole de l’ASB, affirme quant à lui que «la stagnation des limites de crédits ne doit pas être considérée comme le signe d’une politique restrictive de la part des banques».

Mais paradoxalement, on constate que si les entreprises ont moins d’argent à disposition, elles ne semblent pas en maquer pour autant.

Selon la dernière publication trimestrielle de la Banque nationale, les demandes d’emprunts progressent peu. En avril 2004, le besoin global s’est élevé à 211 milliards, pour 301 milliards à disposition.

Et si l’on s’en tient aux seules PME, la somme s’est montée à 191 milliards sur les 252 disponibles.

Reprise également pour les crédits

Une certaine timidité que Thomas Enz, économiste au Credit Suisse, explique par la liquidation des stocks et les reports d’investissements auxquels procèdent les entreprises.

Mais la reprise devrait maintenant changer la donne. «Le volume des crédits se modifie significativement avec la conjoncture», explique Thomas Enz.

«Il faut cependant tenir compte d’un certain décalage dans le temps», précise-t-il. Les entreprises constatent d’abord la reprise, mais ne se lancent dans de nouveaux investissements que lorsque l’avenir se dégage et que les perspectives de profits se profilent.

swissinfo et les agences

– Les petites et moyennes entreprises (PME) sont les sociétés employant moins de 250 collaborateurs.

– La Suisse compte 306’000 PME. Elles représentent 99,7% du total des entreprises et emploient les deux tiers des salariés du pays.

– Un tiers d’entre elles comptent moins de dix collaborateurs.

– En 2001 (dernières statistiques officielles), le nombre des grandes entreprises en Suisse s’élevait à 1064.

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