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Patrons et syndicats s’affrontent sur les chiffres de la reprise

En novembre dernier, la place fédérale à Berne était noire de monde. La mobilisation syndicale continue encore. Keystone

Les Suisses vont recevoir l'an prochain la plus forte hausse de salaire jamais enregistrée depuis dix ans. Les employeurs estiment que le rattrapage des années de crise est ainsi réalisé. Alors que les syndicats dressent un bilan en demi-teintes.

Les calculs du Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) provoquent un débat. Car tout ou presque est une question d’interprétation. Surtout lorsqu’il s’agit de chiffres. La progression d’environ 3 pour cent de la masse salariale, annoncée par le Seco, correspond à quelque 12,5 milliards de francs. «Cela représente la plus forte hausse depuis le début des années 90», explique Werner Aeberhardt du Seco.

Alors que les salaires bruts vont augmenter d’environ 3 pour cent l’an prochain, les ménages privés devraient même voir leurs revenus progresser de 5 pour cent, compte tenu des baisses d’impôt et de l’évolution des coûts.

Mais, le président de l’Union syndicale suisse (USS), Paul Rechsteiner, considère cependant que l’on joue avec les chiffres et qu’il n’y a pas de quoi jubiler. «Lors des dernières négociations salariales, les syndicats pouvaient revendiquer une compensation du renchérissement plus importante après les refus successifs opposés par les employeurs dans les années 90», relève-t-il.

Paul Rechsteiner considère que seul un objectif intermédiaire a été atteint et que le manque de transparence règne car les employeurs ont voulu s’en tenir aux hausses de salaires individuelles reposant sur le principe du salaire au mérite.

Ainsi, il n’y a pas eu de trêve dans les coupes salariales et les cadres supérieurs se servent alors qu’il n’y a toujours pas d’argent pour revaloriser les bas salaires.

De son côté, Peter Hasler, le «patron des patrons», estime que les dernières négociations salariales ont abouti à un rattrapage certain des arriérés non compensés dans les années 90. «C’est essentiellement le secteur public qui avait besoin d’un rattrapage», souligne-t-il.

La situation est cependant fort différente d’un canton à l’autre. Par exemple en haut de l’échelle, le canton de Zoug a accordé à ses fonctionnaires une hausse de salaire de 6,9 pour cent à titre de compensation du renchérissement.

Elle vaut pour les quatre années précédentes, une période où les salaires ont stagné. A l’opposé, dans le canton de Berne, la hausse de 1,2 pour cent ne compense en rien le renchérissement.

«L’écart entre les cantons à la fiscalité favorable et les plus défavorisés est toujours béant», selon Alfred Rey, secrétaire du Groupe d’études pour les finances cantonales. Les cantons romands et Berne n’ont pas les moyens d’accorder les mêmes compensations que Zoug.

Face aux résultats disparates obtenus lors des négociations salariales, le président de l’USS distingue quelques lueurs d’espoir. Ainsi, les résultats ont été bons dans le domaine de la construction. De plus, la campagne contre les salaires au-dessous de 3.000 francs a connu des échos favorables dans l’opinion publique.

Paul Rechsteiner ne veut cependant pas accorder un rôle majeur dans les négociations salariales à la bourde commise par l’Office fédéral de la statistique (OFS) lors du calcul du renchérissement.

A l’opposé, Peter Hasler souligne qu’il faudra tirer les conséquences de cette bourde de l’OFS lors des prochaines négociations salariales. «L’erreur a entraîné une hausse des salaires trop élevée; elle doit donc être moins importante dans un an» explique-t-il en substance.

Ce n’est cependant pas une catastrophe pour l’économie privée. «lle peut bien supporter une hausse des salaires de 3 pour cent», conclut-il.

swissinfo avec les agences

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