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400 millions de francs pour moderniser les F/A-18

Keystone

Le gouvernement suisse a approuvé mercredi le Programme d'armement 2008 dont la facture s'élève à plus de 900 millions de francs. Une part importante de cette somme sera affectée à la modernisation des avions de combat F/A-18.

L’armée entend en outre s’équiper de 220 véhicules servant au transport des troupes et de 24 blindés en cas d’attaques chimiques ou bactériologiques.

«Le Programme d’armement 2008 est certes plus élevé que celui de 2007, mais reste dans la moyenne de ces dernières années», a relevé devant la presse le ministre de la Défense Samuel Schmid.

De fait, le gouvernement helvétique a soumis mercredi au Parlement le Programme d’armement 2008, qui porte sur un montant total de 917 millions de francs. C’est 336 millions de plus que le précédent, qui se montait à 581 millions de francs.

«Les modernisations demandées correspondent à la planification et sont militairement nécessaires et réalistes sur le plan financier», a déclaré Samuel Schmid.

Limiter les coûts

La part du lion des crédits du Programme d’armement (PA) sera consacrée à l’armée de l’air et aux véhicules destinés au transport de troupes.

Un montant de 404 millions de francs doit ainsi être consacré à la seule modernisation des 33 avions de combat F/A-18, qui constituent l’«épine dorsale de l’armée de l’air», selon Samuel Schmid.

Cet appareil doit être préparé pour la deuxième moitié de sa durée de vie prévisionnelle de 30 ans. Il s’agit d’installer un capteur infrarouge de la nouvelle génération et un système d’alerte radar plus performant, ainsi que d’adapter le matériel informatique et les logiciels aux développements technologiques les plus récents.

Cette mise à niveau sera réalisée parallèlement à celles qu’opéreront d’autres pays disposant du F/A-18 (Australie, Finlande, Canada et Etats-Unis) afin de limiter les coûts. Pour les mêmes raisons, le Conseil fédéral (gouvernement) a renoncé à équiper les avions pour des engagements air-sol et de reconnaissance aérienne.

Le GSsA critique

Le Département fédéral de la défense (DDPS) a par ailleurs souligné que la modernisation de la flotte actuelle des F/A-18 n’exercerait aucune influence sur le choix de l’appareil destiné à succéder au Tiger.

Une partie de ces appareils doivent en effet être remplacés. Quatre entreprises – Boeing, Dassault, EADS et la suédoise Gripen International – sont sur les rangs pour le nouveau jet. Les premiers tests auront lieu cette année et un crédit (quelque 2,5 milliards de francs) devrait être soumis au Parlement en 2010.

Réagissant aux propos du ministre de la Défense, le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) a critiqué le Programme d’armement 2008, en particulier l’ampleur des crédits consacrés aux forces aériennes.

Les opposants à l’armée estiment notamment que la modernisation des F/A-18 est rendue inutile par la procédure d’évaluation en cours pour l’achat de nouveaux jets. «Le Conseil fédéral fait preuve une fois de plus de démesure», indique le GSsA dans un communiqué.

La moitié pour l’économie suisse

Les autres crédits du programme concernent tous des achats de véhicules. Un montant de 396 millions de francs doit aller à l’acquisition d’une première série de 220 véhicules de transport de personnes de type «Duro» permettant d’améliorer la mobilité de l’infanterie.

Ils serviront de complément aux chars de grenadiers dès 2010 et seront employés surtout à des engagements subsidiaires, de garde et de surveillance, voire pour des transports dans le cadre de la promotion de la paix.

Les 117 millions restants sont prévus pour l’achat de 24 véhicules d’exploration et de détection pour la défense. Ils seront engagés contre les dangers liés à des substances radioactives, biologiques ou chimiques. Ces véhicules pourront aussi servir aux autorités civiles en cas de catastrophe.

Le DDPS précise que le Programme d’armement est en accord avec la concrétisation de l’étape de développement 2008/2011. Environ 594 millions de francs de commandes du PA 2008 seront versées à l’économie suisse sous forme de participations directes ou indirectes.

swissinfo et les agences

En plus d’importer du matériel de guerre, la Suisse est également un pays exportateur. En 2007, les exportations du secteur ont atteint 1,787 milliard de francs.

Les ventes de matériel de guerre sont soumises à diverses restrictions, notamment l’interdiction de fournir du matériel de guerre aux régions en crise.

L’exportation de biens utilisables à des fins civiles et militaires est également soumise à diverses limitations.

Ces dernières semaines, le cas d’un Pilatus PC-9 vendu au Tchad a fait couler beaucoup d’encre en Suisse.

Le Tchad aurait armé cet appareil et l’aurait utilisé contre des rebelles au Darfour, ceci en violation des contrats de vente.

Mercredi, la ministre suisse de l’économie Doris Leuthard a proposé que les pays bénéficiant de l’aide suisse au développement ne soient plus autorisés à acquérir ce type d’avion Pilatus.

Pour Doris Leuthard, soumettre l’exportation de ces avions à la loi sur le matériel de guerre pourrait cependant se révéler contre-productif. Selon elle, l’entreprise qui les fabrique, située dans le canton de Nidwald, pourrait délocaliser sa production à l’étranger. La Suisse perdrait alors jusqu’à 500 postes de travail.

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