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Changements à la tête du Parti socialiste

Keystone

Après la déroute socialiste du week-end dernier, le président du parti Hans-Jürg Fehr a décidé de se retirer. Il quittera ses fonctions en mars, en même temps que le vice-président Pierre-Yves Maillard.

Sa démission n’a pas été demandée. Au contraire, plusieurs voix se sont élevées vendredi lors de la séance du comité directeur pour demander à Hans-Jürg Fehr de rester à son poste.

Hans-Jürg Fehr préfère quitter la présidence pour laisser toute liberté au parti d’analyser la défaite et de jeter les bases pour l’avenir. Le député de Schaffhouse renoncera à son mandat présidentiel à partir du congrès du PS, en mars prochain.

C’est ce qu’il a déclaré devant les médias, vendredi à Berne. Pour l’heure, il n’y a pas de candidat déclaré à sa succession.

Hans-Jürg Fehr, 59 ans, avait été nommé en 2004 pour prendre la suite de Christiane Brunner, de Genève. Il s’était imposé face au glaronnais Werner Marti. Hans-Jürg Fehr est député à la Chambre basse (Conseil national) depuis 1999.

Tirer les conséquences

Le président socialiste espérait une mobilisation de dernière minute en faveur du PS, lors des élections fédérales. Elle n’a pas eu lieu. Hans-Jürg Fehr en tire donc les conséquences.

Le président socialiste avait refusé de voir dans la perte de 17 sièges au parlement zurichois, en avril, un mauvais présage pour octobre.

Le problème principal du parti réside dans la difficulté à communiquer ses thèmes et sa stratégie à son électorat potentiel, analysait Hans-Jürg Fehr après la déroute d’avril. Elle-même avait été précédée par l’échec de la votation sur la caisse maladie unique vivement ressenti dans le parti.

Loué pour ses qualités de gestionnaire et sa connaissance des dossiers, le Schaffhousois a échoué à mobiliser.

Lui-même dit se voir davantage comme un «coach» que comme un «chef charismatique». En Suisse romande, où il était quasi inconnu, il laissait d’ailleurs ce rôle à son vice-président, le Vaudois Pierre-Yves Maillard. Ce dernier a lui aussi confirmé sa démission déjà annoncée précédemment.

Quelques réactions

Pour le Parti radical-démocratique (PRD/ droite), le retrait de Hans-Jürg Fehr n’est pas une surprise. Selon le secrétaire du PRD Guido Schommer, il est clair que les résultats des élections l’ont mis sous pression, car personne n’avait prévu un tel recul du PS.

Selon Guido Schommer, le président du PS est un homme particulièrement ouvert au dialogue et qui a toujours recherché une solution consensuelle.

La collaboration rose-verte a été «constructive» sous la présidence de Hans-Jürg Fehr, estime la présidente des Verts Ruth Genner. Celle-ci espère que cette voie commune se poursuivra avec la personne qui le remplacera à la tête du PS.

Socialistes et Verts doivent continuer à construire des synergies, tout en gardant leurs couleurs respectives, a indiqué Ruth Genner. Elle ne tarit pas d’éloges envers le président sortant: il a été «un bon président» qui a pris soin du parti et a su tenir ensemble les diverses tendances du parti.

Pour le Parti démocrate-chrétien (PDC / centre droit), Hans-Jürg Fehr a défendu une politique socialiste modérée. Porte-parole du PDC, Marianne Binder espère que le PS ne glissera pas plus à gauche sous la nouvelle présidence et, qu’au lieu d’une radicalisation, ce sont les forces consensuelles qui se renforceront.

Le grand adversaire du PS garde en revanche le silence. Le secrétaire général de l’Union démocratique du centre (UDC / droite nationaliste) Gregor Rutz n’a pas souhaité faire de commentaire.

swissinfo et les agences

A 59 ans, le président sortant est un professionnel de la politique.

Au Conseil national depuis 1999 et réélu dimanche, il siège à la commission de l’économie et des redevances. Auparavant, cet intellectuel et historien de formation s’était profilé comme un ténor du parlement de Schaffhouse, où il siège depuis 1983 et a notamment présidé le groupe socialiste.

Marié, sans enfant, Hans-Jürg Fehr a été enseignant avant de s’engager dans la presse ouvrière. Il a été journaliste à l’hebdomadaire schaffhousois «Arbeiter Zeitung», le dernier journal militant de gauche, puis responsable de la maison d’édition du même nom.

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