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Christoph Blocher défend la loi sur l’asile

«Le paradis n'est suffisamment grand pour tous», a lancé Christoph Blocher. (Photo: Stephano Iori) Stefano Iori

Au congrès des Suisses de l'étranger, le ministre de Justice et Police a déclaré que des mesures plus dures envers les requérants d'asile sont nécessaires pour éviter les tensions sociales.

Christoph Blocher a rejeté les critiques selon lesquelles les nouvelles lois sur l’asile et les étrangers seraient injustes et contraires à la tradition humanitaire de la Suisse.

En Suisse, il n’existe pas de tensions entre la population locale et la population étrangère, a déclaré samedi le ministre Christoph Blocher au 84ème congrès des Suisses de l’étranger réuni à Bâle. Selon lui, ce n’est pourtant pas acquis d’avance.

La proportion d’étrangers dans le pays atteint presque 22%, a rappelé le chef du Département de justice et police dans son allocution. Malgré ce chiffre élevé, il n’y a pas de conflits ouverts comme en France, a-t-il relevé. Il n’y a pas non plus de banlieues ghettos.

La Suisse ne peut pourtant pas accueillir tous ceux qui cherchent du travail, a estimé Christoph Blocher pour défendre la nouvelle loi sur les étrangers qui sera soumise au peuple le 24 septembre.

Celle-ci règle les conditions nécessaires aux ressortissants non européens pour obtenir une autorisation de séjour. Elle permet également de lutter contre l’immigration et le séjour illégaux, a-t-il affirmé.

Tradition en question

Il s’agit aussi de limiter les abus commis au nom de la tradition humanitaire, a poursuivi le ministre. Selon lui, la majorité des personnes demandant l’asile ne sont pas des réfugiés. «Un grand nombre d’entre eux souhaitent profiter du niveau de vie élevé de la Suisse. Ils vivent de l’aide sociale», a-t-il affirmé.

A ses yeux, le principal problème est que la majorité des demandeurs d’asile entrent en Suisse sans papiers d’identité en règle. La nouvelle loi sur l’asile – également soumise au peuple le 24 septembre – veut les inciter à coopérer sous peine de non-entrée en matière.

Le texte veut également favoriser l’intégration de ceux qui sont réellement persécutés. Mais les personnes qui ne répondent pas aux critères devront quitter le pays. «Ce n’est pas facile, a admis Christoph Blocher. Il n’est pas agréable de renvoyer des gens chez eux. On ne peut le faire qu’au profit d’un intérêt supérieur».

En pays conquis

Christoph Blocher était présent au congrès non pour polémiquer, mais pour informer. «En tant que parlementaire, j’ai mené beaucoup de discussions de combat. Mais comme membre du gouvernement, j’informe seulement. Car j’aime l’implication directe. Elle fait partie de la démocratie directe», a-t-il expliqué à swissinfo.

Son allocution a été diversement appréciée parmi les participants au congrès. «Personnellement, je trouve que les arguments de Christoph Blocher sont bons, déclare Regina Mäder, représentante des Suisses de Thaïlande. Mais c’est un habile orateur.»

«Christoph Blocher n’a donné aucune réponse concrète, estime pour sa part Jean-Paul Aeschlimann, représentant des Suisses de France. Il explique bien son point de vue. Un point de vue extrêmement abrupte, qu’il enrobe avec des plaisanteries. Au fond, il a une attitude extrêmement défavorable à tout ce qui est étranger.»

Quoi qu’il en soit, Christoph Blocher avait l’avantage de s’exprimer en pays conquis. La veille, le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE), qui avait ouvert le congrès, s’était prononcé en faveur des deux nouvelles lois.

Double-nationaux

L’allocution du ministre s’est achevée par une ronde de questions. Les Suisses de l’étranger ont critiqué le démantèlement de consulats et des problèmes liés à la double nationalité.

Certains ont exigé du gouvernement qu’il signe l’accord sur les obligations militaires des double-nationaux en Allemagne.

swissinfo et les agences

Le Congrès des Suisses de l’étranger représente une plate-forme annuelle de rencontre pour tous les expatriés qui souhaitent y participer.

Le Conseil des Suisses de l’étranger (CSE), qui se réunit deux fois par an, est l’organe suprême de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE).

«Parlement de la Cinquième Suisse», le CSE compte actuellement 148 membres et a pour mission de représenter les intérêts des expatriés.

A fin 2005, 634’216 Suisses étaient enregistrés à l’étranger
En un an, leur nombre a augmenté de 11’159 personnes
395’397 Suisses de l’étranger vivent en Europe
18’017 en Afrique
163’122 en Amérique
30’451 en Asie
27’229 en Océanie

Thème: «Partenariat entre économie et culture: le secret de Bâle».

Bâle est – notamment du fait du soutien de l’industrie pharmaceutique – une métropole culturelle européenne.

Depuis quelques années, la ville est considérée comme la capitale suisse de l’architecture contemporaine.

Au programme figurent en particulier les visites de lieux ayant trait à cette architecture: le Stade St-Jacques (Herzog & De Meuron), la Fondation Beyeler (Renzo Piano), le Musée Tinguely (Mario Botta), Novartis (Diener & Diener, Adolf Krischanitz, Frank Gehry).

Le Congrès se déroule d’ailleurs dans un des hauts lieux de l’architecture suisse d’aujourd’hui. Avec ses 105 m de haut et ses 31 étages, la tour «Messe Basel» de Morger & Delego est le plus haut gratte-ciel du pays.

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