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Crans-Montana veut limiter les résidences secondaires

Plus de 50% des logements de Crans-Montana sont des résidences secondaires. Keystone

Les citoyens des six communes de la station valaisanne se prononcent le 11 mars sur un projet des autorités visant à freiner l'explosion des résidences secondaires.

Un projet qui fâche certains mais qui prend les devants sur des décisions plus douloureuses encore que le canton ou la Confédération, pourraient prendre.

Alors qu’elle compte 5500 habitants à l’année, Crans-Montana dénombre 37’000 lits touristiques dont 2000 lits hôteliers. 7000 lits sont donsidérés comme froids, soit peu ou jamais occupés.

«En 50 ans, le nombre de lits chauds a diminué de moitié et il ne reste que 33% de surfaces constructibles dans la station d’ici à 2020», indique Jörg Romang, chargé de communication de Crans-Montana Tourisme.

Jörg Romang ajoute pour swissinfo que «cela fait aussi beaucoup de volets fermés, ce qui ne rend pas notre station très attrayante». D’autant plus qu’un appartement inoccupé se dégrade aussi rapidement qu’un autre, sinon plus vite.

Un projet des autorités

Selon Thomas Ammann, aménagiste consultant des six communes concernées, il est indispensable de maintenir une certaine proportion entre résidences secondaires et principales.

Actuellement, il se construit en moyenne annuelle quelque 14’000 m² de surface habitable, la quasi-totalité en résidences secondaires. Avec leur projet, les autorités veulent réduire cette surface à 8000 m², progressivement sur trois ans.

Parallèlement elles proposent un quota de 30% de surface en résidence principale pour toute nouvelle construction. Dans cette optique une résidence est aussi considérée comme principale si son propriétaire n’y réside pas mais la loue au moins 200 nuits par an.

Un «bonus CO2» pour les propriétaires

De même, un système de bonus encourage les constructions respectant les principes du développement durable, avec des récompenses financières ou des avantages aux propriétaires qui dépassent le minimum légal. Ils pourront par exemple ajouter un étage supplémentaire à un immeuble au centre de la station, ce qui est interdit actuellement.

De même, les propriétaires qui s’engagent à louer des appartements aux habitants à des loyers abordables seraient encouragés, comme ceux qui économisent l’énergie.

«Nous ne voulons pas seulement manier le bâton, mais aussi la carotte», explique Thomas Ammann.

Promoteurs difficiles à convaincre

Mais, comme il fallait s’y attendre, le projet ne plaît pas à tout le monde. Les propriétaires de terrains, les entrepreneurs ou les promoteurs craignent une chute des prix et une diminution du volume de travail.

Thomas Amman répond que le contingentement devrait au contraire raffermir les prix et que son introduction progressive ne pèsera pas trop sur les volumes de travail.

«Nous avons voulu prendre notre destin en mains et proposer nos propres solutions avant qu’on nous en impose de l’extérieur», déclare Paul-Albert Clivaz, président de Randogne et notaire.

A l’Office du tourisme, Jörg Romang estime qu’une limitation des résidences secondaires «ne peut que profiter aux hôtels, et donc au tourisme».

Un problème cantonal

Il est certain que tout le Valais suivra de près ce scrutin. Cela fait des mois que le canton se torture les méninges pour trouver des solutions.

En décembre, un moratoire a été décrété pour Grimentz, Veysonnaz, Nendaz, Bagnes, Hérémence, Riddes et le val d’Illiez. Sept communes où il n’est plus possible, en cette année 2007, de passer des actes de vente de résidences secondaires à des étrangers.

Motif: près de 1000 dossiers sont en souffrance au registre foncier. Dans certaines communes, l’attente peur durer jusqu’à six ans entre le moment de la signature de l’acte et l’inscription au registre foncier, qui rend l’acheteur effectivement propriétaire.

Ce moratoire est aussi un signal à la Confédération, qui propose d’abroger la «lex Koller», loi qui contingente l’acquisition d’immeubles par des étrangers, et de responsabiliser les cantons dans ce domaine.

Une initiative est en cours

Enfin et surtout, la Fondation Franz Weber a lancé une double initiative populaire «Sauver le sol suisse» qui sera déposée le 20 décembre prochain. Elle propose notamment de limiter le taux de résidences secondaires à 20% dans les stations (il dépasse largement les 50% à Crans-Montana).

Sinon, indique Franz Weber à swissinfo, «nous n’aurons plus de paysage mais une seule ville qui s’étendra du lac de Constance à Genève! De plus, les prix explosent au point que les Suisses n’ont plus les moyens d’acheter ou de louer.»

Mais la décision finale revient au citoyen. Pour ce qui est de Crans-Montana, Paul-Albert Clivaz se dit «confiant» quant à l’issue du scrutin le 11 mars.

swissinfo, Isabelle Eichenberger

Crans-Montana (Valais) compte 37’000 lits touristiques dont 2000 hôteliers.

Les 6 communes votent le 11 mars sur les modifications du Règlement intercommunal des constructions (RIC) en vigueur à Icogne, Lens, Chermignon, Montana et Randogne, ainsi qu’au Règlement (RCCZ) en vigueur à Mollens.

Le projet propose un contingent annuel de mètres carrés alloués aux résidences secondaires qui passera de 14’000 à 7000 par an d’ici 2010.

Il prévoit aussi un quota de 30% de surface en résidence principale pour toute nouvelle résidence secondaire. Est aussi considérée comme principale une résidence louée au moins 200 nuits par an.

En Valais, Zermatt et Ayent ont des projets similaires.

Le directeur de l’office du tourisme de St-Moritz, Hanspeter Danuser, propose une location forcée des maisons de vacances pour lutter contre la transformation progressive des hôtels en appartements.

Il s’inspire d’un système introduit dans la station de ski de Whistler Mountain, au Canada.

M. Danuser rappelle que l’environnementaliste suisse Franz prépare une initiative populaire pour limiter à 20% le taux de résidences secondaires par station. A St-Moritz, ce taux est de 58%.

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