Des chevaux, Christoph Blocher et des vagues
Environ 300 personnes ont manifesté contre la présence du ministre Christoph Blocher dimanche à Saignelégier (Jura) à l'occasion du Marché-Concours.
Au total, la fête du cheval aura attiré durant le week-end plus de 35’000 personnes, fréquentation qui s’inscrit dans la moyenne des dernières années.
Christoph Blocher a presque volé la vedette au cheval lors du Marché-Concours de Saignelégier. Quelque 300 personnes ont manifesté bruyamment contre la présence du ministre UDC (Union démocratique du centre, droite dure), chef du Département de Justice et Police et en tant que tel, chargé du dossier jurassien au niveau fédéral.
Comme ils l’avaient annoncé, le groupe Bélier (mouvement activiste en faveur de l’unité jurassienne) et le collectif altermondialiste jurassien ont manifesté contre la présence de l’élu zurichois, dénonçant sa politique d’asile et l’accusant d’être l’antithèse de l’esprit d’ouverture qui caractérise le Jura.
Massés devant le bâtiment où le conseiller fédéral tenait son discours, les manifestants ont frappé contre les vitres avec leurs poings et des drapeaux.
La police jurassienne déployée en force a protégé l’entrée du bâtiment mais n’est pas intervenue. Une dizaine de manifestants ont même réussi à entrer brièvement dans la salle avant d’être expulsés.
«Question jurassienne»
Durant son discours, Christoph Blocher a dû élever la voix pour couvrir le bruit des manifestants et être entendu par les invités. Il a souligné l’importance du dialogue pour résoudre le conflit jurassien.
Le conseiller fédéral a affirmé que les changements ne pouvaient être imposés par la force. Le ministre jurassien Jean-François Roth avait auparavant salué l’engagement du conseiller fédéral dans la «Question jurassienne».
«Pour être durable, toute solution doit respecter les principes de l’Etat de droit et la volonté démocratique des populations», a déclaré Christoph Blocher devant plusieurs centaines d’invités.
Les manifestants ont assiégé le bâtiment durant plus d’une heure et demie avant de conspuer les invités qui quittaient la salle pour assister au cortège. Malgré des huées et des slogans hostiles, le conseiller fédéral a suivi le défilé folklorique et équestre.
Fête du cheval
Le Marché-Concours reste en effet d’abord la fête du cheval. Au total, plus de 450 chevaux de race Franches-Montagnes ont pris part au défilé ou aux courses campagnardes. Comme chaque année, le point fort a été le grand cortège avec le canton de Neuchâtel comme invité d’honneur.
Neuchâtel a voulu transmettre l’image d’un canton dynamique, mêlant tradition et originalité. Quelque 500 participants, une soixantaine de chevaux et des formations musicales ont défilé sur le champ de courses. Quatre chars signés du metteur en scène François Rochaix ont fait partie du cortège.
Au-delà du folklore, le Marché-Concours est une manifestation destinée à la promotion du cheval de race Franches-Montagnes. Pour les éleveurs, c’est l’occasion de faire le point sur l’avenir de la seule race indigène de Suisse et d’évoquer les inquiétudes du monde paysan.
swissinfo avec les agences
– La 1ère édition du Marché-Concours de chevaux de Saignelégier remonte à 1897.
– A cette époque-là, les éleveurs se partageaient entre partisans du cheval demi-sang et défenseurs du cheval du pays, celui des Franches-Montagnes. L’armée accordait ses préférences au premier, de sorte que le cheval indigène connaissait une réelle mévente. Il importait donc de montrer toute la valeur du cheval des Franches-Montagnes.
– Le 4e Marché-Concours, qui se déroula en 1904, coïncida avec l’inauguration de la halle-cantine. Depuis ce temps-là, le Marché-Concours national de chevaux a régulièrement eu lieu chaque année, à l’exception de trois ans durant la Première Guerre mondiale.
– Ainsi, Saignelégier, cité jurassienne de 2200 habitants, accueille, le temps d’une fin de semaine pas comme les autres, environ 40’000 visiteurs.
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