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Duels de ministres

Le Palais fédéral, de l'image idyllique aux tirs croisés... Keystone

A trois semaines des élections fédérales, les conseillers fédéraux sont omniprésents dans les médias, en particulier la presse dominicale.

Alors que Christoph Blocher s’en prend à ses collègues du gouvernement, Micheline Calmy-Rey et Pascal Couchepin critiquent l’UDC, son parti.

Quelques jours avant le débat urgent, mercredi, sur l’affaire Blocher-Roschacher devant la Chambre du peuple, Christoph Blocher accuse ses collègues d’avoir tenté de faire planer le soupçon sur lui. Faisant allusion aux propos tenus par Pascal Couchepin devant la presse, le ministre, membre de l’Union démocratique du Centre (UDC, droite nationaliste) parle de «diffamation sans fondement».

«Certaines déclarations ont suggéré que Christoph Blocher avait pris part à une machination criminelle pour se séparer du procureur de la Confédération», dit le principal intéressé dans une interview accordée au «Matin dimanche». Et de répondre par l’affirmative lorsque le journal romand lui demande si ses collègues l’ont déçu.

A noter que sur cette affaire, le gouvernement a commencé à prendre position en répondant vendredi à plusieurs interpellations urgentes. Comme Valentin Roschacher a décidé lui-même de démissionner de son poste de procureur général, la responsabilité de Christoph Blocher n’est pas engagée sur ce point, estime le gouvernement, qui ne se prononce pas pour le moment sur les aspects plus obscurs de l’affaire.

Menaces pour les Suisses de l’étranger

Revenant sur les élections du 21 octobre, la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey considère que les campagnes de l’UDC contre les étrangers constituent un risque pour la sécurité des Suisses de l’étranger, a-t-elle déclaré dans plusieurs médias alémaniques.

Par ailleurs, pour elle, l’UDC est le parti qui reflète le moins les valeurs de la Suisse. Un changement de l’image de la Suisse est perceptible à l’ONU, ajoute la ministre des Affaires étrangères, membre du Parti socialiste. «On ne comprend plus la Suisse. Ce qui se passe en ce moment dans notre pays ne correspond plus aux valeurs que nous défendons dans le monde», souligne-t-elle.

«La Suisse est un pays ouvert et gagne un franc sur deux à l’étranger. Qu’auraient pensé Messieurs Brown, Boveri et Nestlé s’ils avaient été décrits comme des moutons noirs», se demande Micheline Calmy-Rey.

Pour sa part, M. Blocher critique l’appel lancé cette semaine aux ministres par Micheline Calmy-Rey, à ne pas participer au combat électoral. «Le même jour où Mme Calmy-Rey a lancé cet appel, j’ai vu une annonce pour une manifestation des socialistes, avec la présence de la présidente de la Confédération», dit-il.

Théorie du complot

La théorie du complot à l’encontre de Christoph Blocher, théorie défendue par l’UDC, semble faire mouche, en raison de sa simplicité, a expliqué quant à lui Pascal Couchepin sur les ondes de la radio suisse alémanique (DRS) samedi. Parler de complot, c’est opter pour une explication simple à des problèmes complexes.

La personnalisation de la campagne paraît aussi jouer en faveur de l’UDC, mais c’est une stratégie dangereuse à long terme pour un parti, selon lui.

Service public et journal UDC

Pascal Couchepin s’en est encore pris samedi au dernier baromètre électoral de la SSR dans le journal «Le Matin». Le ministre, membre du parti radical (PRD, droite), trouve «scandaleux» que ce sondage demande aux Suisses s’ils rééliraient tel ou tel conseiller fédéral.

«Notre système est différent: le peuple élit le Parlement, qui élit les conseillers fédéraux, a déclaré Pascal Couchepin. Que la SSR, un service public, pose ce genre de questions est proprement scandaleux. C’est tricher et jouer avec les institutions».

Toujours dans le secteur des medias, après l’annonce du lancement des propres émissions de télévision de Christoph Blocher, l’UDC a promis dimanche la création d’un quotidien qui porterait ses idées… si Christoph Blocher n’était pas réélu au gouvernement le 12 décembre – l’élection des ministres par le parlement suit en effet de peu l’élection parlementaire du 21 novembre.

Rappelons que l’UDC a déjà annoncé que, le cas échéant, elle quitterait le gouvernement pour se muer en parti d’opposition.

swissinfo et les agences

Le 21 octobre prochain, les citoyens suisses, résidant dans le pays ou à l’étranger, vont élire leurs représentants pour le Conseil National (Chambre du Peuple, 200 sièges) et procéder au renouvellement presque complet (43 sièges sur 46) du Conseil des Etats (Chambre des Cantons). Seuls les cantons de Zoug et d’Appenzell Rhodes intérieures ont anticipé l’élection de leurs représentants respectifs à la Chambre des Cantons.

Les électeurs ne peuvent accorder leur voix qu’aux candidats issus de leur canton de domicile. Les Suissesses et les Suisses de l’étranger doivent se limiter aux prétendants d’un canton dans le registre électoral duquel ils sont eux-mêmes inscrits. Cette année, 44 Suisses de l’étranger briguent un siège au Conseil National. Au total, 3089 prétendants tentent leur chance.

Avec la prochaine redistribution des départements au sein du Conseil fédéral (gouvernement) fixée en décembre, ces élections revêtent une importance toute particulière. Ainsi, la première tâche du nouveau parlement sera précisément de reconduire ou de recomposer l’Exécutif.

Depuis quelques semaines, le monde politique et médiatique suisse s’agite beaucoup au sujet du départ de l’ancien Procureur général de la Confédération Valentin Roschacher, du rôle qu’y a joué le ministre de la Justice, de la séparation des pouvoirs et de la surveillance du politique.

Le ministre de la Justice Christoph Blocher est accusé dans un rapport de la Commission de gestion (CdG) de la Chambre basse du Parlement d’avoir outrepassé ses compétences et de n’avoir pas respecté le principe de la séparation des pouvoirs. Il n’avait pas non plus informé judicieusement le gouvernement sur le départ de Valentin Roschacher.

Christoph Blocher rejette ces critiques. Aidé de son parti, l’UDC, il invoque la thèse d’un complot visant à faire capoter sa réélection au Conseil fédéral. Afin de prendre une décision dans cette affaire, le gouvernement s’est assuré les services du professeur Georg Müller qui fonctionnera comme jurisconsulte, chargé d’analyser le rapport de la CdG.

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