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Elections en Allemagne, attentes en Suisse

Reuters

En Suisse, les partis de droite espèrent que l'issue des élections allemandes aura aussi un effet sur la politique helvétique. Si les socialistes n'y croient pas, tout le monde souhaite par contre que les relations entre les deux pays s'améliorent après le 27 septembre.

La coalition entre les deux grands partis allemands, la CDU (démocrates chrétiens) et le SPD (socialistes), survivra-t-elle au 27 septembre, date des élections législatives en Allemagne ? Une nouvelle coalition verra-t-elle le jour ? Ces questions sont sur toutes les lèvres avant le renouvellement du Bundestag, le Parlement allemand.

«Une coalition entre la CDU et les libéraux du FDP n’est pas seulement notre souhait, mais c’est aussi ce que prévoient les experts, explique le secrétaire général des libéraux-radicaux (droite) suisses Stefan Brupbacher. De plus, ce serait la meilleure solution pour l’économie européenne, et donc pour la Suisse également.»

«Il s’agit de choisir la direction politique que l’on veut prendre, poursuit-il. Veut-on résoudre la crise économique avec des mesures étatiques ou avec une stratégie de libéralisation ? C’est pourquoi le partenaire de coalition de la CDU est si important.»

Peu de divergences

Né à Stuttgart, le politologue Klaus Armingeon, qui enseigne à l’université de Berne, ne partage pas cette analyse. «Depuis l’automne 2008, le SPD et la CDU ont adopté des positions très semblables en ce qui concerne les problèmes économiques», explique-t-il.

«Sans grandes divergences, ils ont développé des programmes conjoncturels assez réussis, poursuit le professeur. Ils étaient d’accord car tous les deux sont assez sceptiques vis-à-vis du marché et tous les deux sont imprégnés par une histoire où l’Etat intervient dans le processus économique.»

Ce «relatif succès» et les chiffres du chômage qui n’augmentent «pas drastiquement» expliquent aussi, selon Klaus Armingeon, qu’il «n’y a pas encore de thème central dans la campagne électorale.»

La CDU évite les conflits

Cela pourrait toutefois changer rapidement, nuance le politologue. «En 2005, la situation était un peu semblable. Et les trois dernières semaines ont complètement changé la donne.»

Actuellement, les socialistes essayent, sans grand succès, d’imposer le thème du travail dans la campagne électorale. La CDU en revanche se repose sur «le confortable coussin des pronostics» et repousse la confrontation.

«La CDU réussit assez bien à empêcher que le débat ne s’enflamme», estime Christian Levrat, président du parti socialiste suisse. «De plus, avec Angela Merkel, le parti peut compter sur une chancelière qui jouit d’une grande crédibilité.»

Avec la division de la gauche allemande, la force de la CDU explique, ajoute-t-il, les mauvais résultats des socialistes dans les sondages. «J’ai l’impression que de nombreux ministres socialistes font du bon travail. Mais les résultats sont attribués à Angela Merkel», explique Christian Levrat.

Interdépendance

«Il est certain que nos collègues de la CDU vont faire un bon score, espère Tim Frey, secrétaire général du parti démocrate-chrétien (PDC) suisse. C’est en tout cas ce que prédisent les sondages.»

Concernant la coalition qui sortira des urnes, le secrétaire général préfère ne rien prévoir. «D’un pays comptant de nombreux petits partis, l’Allemagne a évolué aujourd’hui en un système à cinq partis majeurs.»

«L’Allemagne est notre premier partenaire économique, poursuit Tim Frey. Nos marchés du travail dépendant l’un de l’autre. Mais dans d’autres domaines aussi, ce qui se passe en Allemagne a rapidement des conséquences sur la politique suisse.»

Qui tapera le plus fort sur la Suisse?

Christian Levrat conteste: «Ces dernières années, ni les élections françaises ni les élections allemandes n’ont changé quelque chose dans la politique suisse.»

Le président du PS espère en revanche que «les relations entre les deux pays se détendent après les élections. La campagne est l’occasion d’une sorte de concurrence entre le SPD et la CDU, c’est à celui qui tapera le plus fort sur la Suisse…»

Au PDC, on prévoit aussi une «légère détente» dans les relations. Tim Frey rappelle qu’un «nombre incroyable de personnes» se sont offusquées des propos et des menaces de cavalerie du ministre allemand (socialiste) des finances Peer Steinbrück.

Tim Frey est sûr que l’Allemagne va continuer à tenter d’empêcher l’évasion fiscale vers la Suisse. «L’Allemagne défend ses propres intérêts et se doit de conserver le plus de recettes fiscales sur son sol. Cet état de fait ne va pas changer.»

Retour aux faits

Le libéral-radical Stefan Brupbacher espère de son côté que «la discussion se concentrera à nouveau sur les faits. Une coalition CDU/FDP représenterait à coup sûr très bien les intérêts allemands et ouvrirait de possibles nouvelles discussions.»

Seule l’UDC (droite conservatrice) ne fait pas de commentaire sur le paysage politique allemand. «Nous nous occupons de la politique en Suisse», répond le secrétaire général Martin Baltisser.

Andreas Keiser, swissinfo.ch
(Traduction de l’allemand: Ariane Gigon)

Le 27 septembre, 62 millions d’Allemands sont appelés aux urnes pour élire les membres du Parlement fédéral pour quatre ans.

Le Parlement compte 598 sièges. Il élira ensuite le ou la chancelière fédérale. Six partis sont représentés: CDU (démocrates chrétiens), CSU (chrétiens sociaux), SPD (socialistes), FDP (libéraux), Bündnis 90 (alternatifs)/Les Verts et La Gauche.

Les électeurs auront à disposition 80’000 bureaux de vote dans 299 circonscriptions.

Les relations commerciales entre les deux pays ont atteint un nouveau record en 2008.

La Suisse a exporté pour 41,8 milliards de francs (+ 1,6%) et a importé pour 64,9 milliards (+4,3%).

Avec 34,9% des importations (devant l’Italie) et 20,3% des exportations (devant les USA), l’Allemagne est demeurée en 2008 le premier partenaire commercial de la Suisse.

En 2009, les échanges ont diminué en raison de la crise économique. L’économie suisse d’exportation en a souffert dans son ensemble. En juillet (derniers chiffres disponibles), les exportations ont diminué de 16% et les importations de 18%.

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