L’armée démine les tunnels, lentement
Depuis la fin de la guerre froide, l'armée démine progressivement les ponts, les routes et les tunnels du pays. Mais pas tous. Sait-on jamais...
Jusqu’à la dissolution du Pacte de Varsovie en 1991, les ouvrages d’art des principales voies de communication helvétiques ont vécu sous le règne du «Dispositif permanent de destruction 75».
Celle que l’on nommait à l’époque la Grande Muette n’en faisait pas volontiers l’étalage. Mais ses soldats avaient patiemment miné près de 2000 ponts, routes et tunnels. Ceci, bien sûr, en vue de couper l’accès au fameux Réduit National à tout envahisseur, venu de préférence de l’Est.
L’heure de la détente
Avec la fin de la guerre froide est venu le temps de baisser un peu la garde. L’armée a donc entrepris un lent travail de déminage, aujourd’hui achevé aux deux tiers.
«Ces opérations coûtent très cher, explique Felix Endrich, suppléant au chef de l’information de l’Etat-major général. C’est la raison pour laquelle nous attendons le moment où les ouvrages minés doivent subir des travaux de réfection.» Un souci d’économie qui explique la lenteur du processus.
Sécurité maximum
Selon le commandant de corps Hans-Ulrich Scherrer, toutes les précautions ont toujours été prises. Et d’ajouter que la présence d’explosifs sous les ponts ou les chaussées n’a jamais provoqué le moindre accident.
Les dispositifs de mise à feu sont en général stockés loin des charges, dans des conditions de sécurité particulièrement sévères. Pas de risque donc, rassurent les militaires. Même dans le cas d’un accident tel que celui du Gothard. Un tunnel qui a, d’ailleurs, été déminé à la faveur des travaux entrepris pour sa remise en état.
Prudence, malgré tout
Cela dit, il reste encore plus de 600 ouvrages minés aujourd’hui, en Suisse. Et certains d’entre eux conserveront leurs charges explosives. «Dans le cadre d’Armée 21, confirme Felix Endrich, nous sommes en train de définir un nouveau concept pour la destruction des ouvrages d’art en cas de besoin.»
Ce nouveau dispositif sera donc bien plus léger que celui défini à l’époque de la guerre froide. Logiquement, il devrait concerner avant tout les ouvrages situés près des frontières. Mais personne à l’Etat-major ne vous dira lesquels. Secret d’Etat.
Marc-André Miserez
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