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La Conférence sur le Désarmement est en crise

Début janvier, l'Iran a repris ses activités de recherche en matière d'enrichissement d'uranium. Keystone

La Conférence des Nations unies sur le Désarmement est dans l'impasse et la priorité est de la «revitaliser», estime le diplomate suisse Jürg Streuli.

Les 66 pays membres, dont la Suisse, ont entamé leur session annuelle mardi à Genève sans aucun accord sur leur programme de travail.

La conférence est dans l’impasse depuis plus de huit ans. Elle n’est pas parvenue à entamer de nouvelles négociations depuis celles sur le Traité d’interdiction des essais nucléaires en août 1996.

«Cette année, la priorité doit être de revitaliser la conférence», souligne Jürg Streuli, représentant permanent de la Suisse, qui rappelle que, par le passé, «elle a prouvé qu’elle pouvait être efficace et utile».

Depuis sa création en 1979, en pleine Guerre froide, la conférence a en effet négocié bon nombre d’accords. Selon le diplomate suisse, c’est l’attitude des Etats membres qui a conduit à l’impasse dans laquelle elle se trouve aujourd’hui.

Intérêts divergents

Les pays occidentaux, dont les Etats-Unis, veulent négocier un traité d’interdiction des matières fissiles à des fins militaires, mais les pays non-alignés conditionnent leur approbation à des négociations sur un calendrier de désarmement nucléaire. Ce à quoi Washington s’oppose…

Par ailleurs, plusieurs pays, comme la Chine et la Russie, insistent pour entamer des discussions sur la course aux armements dans l’espace. Mais les Etats-Unis veulent garder les mains libres sur ce dossier.

Aujourd’hui, certains préconisent une réforme de la Conférence sur le Désarmement – comme pour la Commission de l’ONU sur les Droits de l’Homme. Jürg Streuli, lui, ne pense pas qu’un cela suffira à résoudre la crise.

Progrès réalisés

«On peut faire tous les changements que l’on veut dans les structures, mais tant que les Etats membres resteront figés sur leurs positions, sans faire l’effort de trouver un compromis, cela ne réglera pas le problème», constate-t-il.

La Conférence sur le Désarmement serait-elle devenue totalement inutile? Bien sûr que non, répond le représentant permanent de la Suisse qui cite le Traité d’interdiction des mines ou encore le traçage des armes légères où d’importants succès ont été enregistrés.

«Il y a vingt ans, on imaginait qu’il y aurait une quarantaine de puissances nucléaires d’ici la fin du siècle. Or ce n’est pas le cas. Certes, il y a l’Inde et le Pakistan. Mais en Lybie et en Corée du Nord, on est sur la bonne voie.»

Nucléaire iranien

Actuellement, le problème principal, observe Jürg Streuli, c’est la reprise par l’Iran de ses activités de recherche en matière d’enrichissement d’uranium.

La communauté internationale soupçonne l’Iran de travailler à l’élaboration d’une arme atomique, ce que Téhéran a démenti à plusieurs reprises.

Le Conseil des gouverneurs extraordinaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) doit se réunir les 2 et 3 février pour décider de l’envoi du dossier iranien au Conseil de sécurité de l’ONU. Une solution à n’utiliser qu’en dernier recours, estime Jürg Streuli.

«En principe, les pays sont autorisés à développer l’énergie nucléaire pour un usage civil, mais cela doit se faire sous le contrôle de l’AIEA et les autorités doivent prouver qu’elles ne comptent pas l’utiliser à des fins militaires. Or l’Iran n’a pas encore été en mesure de le démontrer.»

Dans ce dossier, ajoute Jürg Streuli, la Suisse soutiendra tout effort diplomatique pour persuader Téhéran de coopérer avec l’AIEA afin de lui fournir les preuves que ses intentions sont pacifiques.

swissinfo, Ramsey Zarifeh
(Traduction et adaptation de l’anglais: Alexandra Richard)

La Conférence sur le Désarmement des Nations unies a été créée en 1979. Elle est la seule instance multilatérale de négociation d’accords de désarmement.
A sa naissance, elle comptait 40 Etats membres. Aujourd’hui, ils sont 66.
La Conférence se réunit une fois par an à Genève. Elle est divisée en trois sessions.
La réunion a débuté mardi pour s’achever le 15 septembre.

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