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«La polarisation bernoise guette les élections fédérales»

3637 voix séparent Ursula Wyss et Adrian Amstutz. Keystone

Lors de l’élection complémentaire à la Chambre des cantons, dimanche dans le canton de Berne, les socialistes ont perdu leur siège au profit du conservateur UDC Adrian Amstutz. Pour la presse nationale, il s’agit d’un test en vue des élections fédérales de l’automne.

Lors du deuxième tour de l’élection du deuxième représentant bernois au Conseil des Etats, le candidat démocrate du centre (UDC / droite conservatrice) l’emporte de 3637 voix, soit 50,6%  pour Adrian Amstutz et 49,4% pour la socialiste Ursula Wyss.

«La polarisation bernoise guette les élections fédérales». Ce titre du quotidien francophone Le Temps montre bien qu’il ne faut pas s’y tromper: le scrutin bernois de dimanche est une sorte de tour d’essai pour les élections nationales d’octobre. Ceci parce que «le canton de Berne est souvent assimilé à une Confédération miniature».

Campagne contre villes

Pour  Le Matin, si «l’UDC avance un pion» c’est après un «combat des campagnes contre les villes: Berne et Bienne ont failli renverser la vapeur. Après avoir fait toute la course en tête, Adrian Amstutz l’a emporté de justesse contre Ursula Wyss, qui a gagné dans le Jura bernois».

Le quotidien romand relève encore qu’«Adrian Amstutz, fidèle à la ligne zurichoise de l’Union démocratique du centre, a axé sa campagne sur une opposition sans concession à une adhésion de la Suisse à l’Union européenne». Et de rappeler que «ce conseiller national (député) est l’un des vice-présidents de l’UDC».

La Berner Zeitung mesure elle aussi la profondeur du fossé entre villes (de gauche) et campagnes (conservatrices). «Ce prélude aux élections fédérales de cette année et un signe clair de la poursuite de la progression de l’UDC. Dans d’autres cantons aussi, le scrutin majoritaire pourrait graduellement favoriser l’entrée du parti conservateur au Conseil des Etats ainsi que dans les exécutifs.»

Changement historique

La Neue Luzerner Zeitung perçoit un changement historique, puisque jusqu’ici, «la route du Conseil des Etats était généralement barrée pour les candidats de la ligne dure». Et de rappeler que l’actuel ministre de la Défense, l’UDC Ueli Maurer, et même l’ex-ministre et ténor de l’UDC Christoph Blocher s’étaient cassé les dents dans l’élection des représentants du canton de Zurich à la Chambre haute.

Même son de cloche dans la Basler Zeitung. «Amstutz est tout le contraire d’un politicien conciliant. Le fait que l’UDC ait réussi à faire passer une telle pointure doit donc maintenant faire réfléchir les autres partis.»

Le Tages Anzeiger partage cet avis. «Le vieux parti agrarien bernois est maintenant tombé dans les oubliettes de l’histoire, puisque Amstutz représente la ligne dure zurichoise» commente le quotidien zurichois.

Erreur de casting

Pour La Liberté, «la campagne électorale de l’UDC s’est avérée payante (en raison de) la personnalité du candidat visiblement très apprécié des électeurs, mais aussi à la ligne politique claire suivie par le parti cantonal.

Mais le quotidien fribourgeois impute surtout la victoire de l’UDC bernoise à «une erreur de casting» du Parti socialiste. «Certes, Ursula Wyss a fait un très bon score, mais (…), non pas qu’elle n’ait pas les compétences pour siéger à la Chambre haute, (elle) n’est tout simplement pas la bonne personne pour un tel poste (parce que) perçue comme faisant partie de l’aile gauche du PS. Difficile, dès lors, d’inciter beaucoup d’électeurs libéraux-radicaux ou bourgeois démocrates à glisser son nom dans l’urne au deuxième tour.»

Avis contraire dans Le Temps, ^lequel estime que «le Parti socialiste sort lui aussi, paradoxalement, grandi. Alors qu’il pèse ordinairement 33% dans le canton de Berne, Ursula Wyss a réalisé 49,4% des suffrages».

Le quotidien romand relève surtout le fait que «les partis du centre droit, Parti libéral-radical, Parti bourgeois démocratique et Parti démocrate-chrétien n’ont pas eu voix au chapitre. Disqualifiés dès le premier tour, incapables ensuite de dire clairement vers quel pôle leur cœur balance.»

Fortes personnalités

En outre, remarque Le Temps, la forte participation de 46,3% prouve que «l’électorat se sent concerné lorsque sont en lice des personnalités charismatiques, clairement identifiées sur l’échiquier».

La Neue Zürcher Zeitung met au contraire le doigt sur le faible écart de 3637 voix qui a départagé les deux candidats. «Avec son succès de prestige, l’UDC réfute certes la thèse selon laquelle ses candidats sont voués à l’échec en cas d’élection majoritaire, mais l’élection d’Amstutz de dimanche n’a rien du coup de canon annoncé au départ et ne peut être considérée que sous condition», conclut le journal zurichois.

Dimanche, Adrian Amstutza remporté 50,6% à l’élection complémentaire au Conseil des Etats, contre la socialiste de la ville de Berne Ursula Wyss.

Ce petit entrepreneur de 57 ans de Sigrieswil (Oberland bernois) a engrangé 163’537 voix, contre 159’900 à la socialiste.

La participation a atteint un taux élevé de 46,3%.
 
L‘Oberlandais a fait de bons résultats dans les régions de campagne, alors que la citadine a été privilégiée dans les villes et les agglomérations.

Cette élection complémentaire visait a repourvoir l’un des deux sièges bernois au Conseil des Etats, laissé vacant par la socialiste Simonetta Sommaruga, élue conseillère fédérale le 22 septembre 2010.

Adrien Amstutz n’est élu que pour quelques mois puisque les élections fédérales se tiennent en octobre prochain.

L’Union démocratqiue du centre (UDC, droite conservatrice):

 

Naissance en 1971 de la fusion du Parti des Paysans, Artisans et Indépendants (PAI) et des Partis démocratiques des cantons de Glaris et des Grisons.
 
Avec 29 % des voix, c’est le plus grand parti de Suisse. Les résultats obtenus par l’UDC en 2007 ont été les meilleurs jamais atteints par un parti, qui compte 66 sièges au Parlement.
 
Avec l’élection d’Ueli Maurer au Conseil fédéral le 10 décembre 2008, l’UDC a réintégré le gouvernement

 
Le parti s’engage en particulier pour une Suisse indépendante et neutre, pour un Etat plus efficace, pour moins d’impôts  ainsi que pour la lutte contre la criminalité et les abus en matière d’asile et de prestations sociales.
 
Source: La Confédération en bref 2010

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