Les députés font la moue devant les médecines douces
La médecine scientifique doit demeurer au centre du système de santé, selon la Chambre basse du parlement. Elle recommande donc le rejet de l'initiative «Oui aux médecines complémentaires».
Pour des raisons de coûts surtout, les médecines alternatives doivent rester couvertes par la partie non-obligatoire de l’assurance maladie, estiment les députés.
Le camp rose-vert et quelques bourgeois convaincus ont soutenu cette initiative qui demande que les médecines complémentaires soient intégrées dans le catalogue des prestations remboursées obligatoirement par les caisses maladie.
Ce texte est une réponse à la décision prise en 2005 par le ministre de la santé d’exclure l’homéopathie, la thérapie neurale, la phytothérapie, la médecine anthroposophique et la médecine traditionnelle chinoise de l’assurance de base, obligatoire pour tous les Suisses.
La plupart des orateurs ont dit tout le bien qu’ils pensent des médecines douces. Mais après deux heures et demi de débat, le conseil national a recommandé au peuple de rejeter le texte par 93 voix contre 78.
Fort soutien populaire
Au cours du débat, le radical Yves Guisan a rappelé que les traitements alternatifs sont en plein essor en Suisse. Ils sont pratiqués par quelque 3000 médecins et 15’000 à 20’000 thérapeutes et bénéficient d’un fort soutien dans la population.
La gauche a dénoncé le démantèlement de l’assurance maladie sociale au profit d’une assurance lucrative. Les traitements alternatifs sont un complément précieux à la médecine allopathique classique, notamment pour les malades chroniques, les enfants et les femmes enceintes, a relevé la socialiste Liliane Maury Pasquier.
Représentant de la droit nationaliste, Pirmin Schwander a lui aussi plaidé en faveur de la médecine complémentaire, prenant le contrepied de la plupart de ses collègues de l’Union démocratique du centre (UDC).
Personne ne met en cause le droit des patients d’y avoir recours, a rétorqué son collègue Jean Henri Dunant. Mais les adeptes n’ont qu’à contracter une assurance complémentaire pour se faire rembourser.
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Conseil national
Opposition du ministre
Entre les deux extrêmes, une partie du camp bourgeois a tenté de jouer la carte du compromis. Au moins 30% de la population ne dispose pas d’une assurance complémentaire et ne peut pas se la permettre, a signalé Reto Wehrli. Il faut donc remettre dans l’assurance de base les cinq méthodes exclues en 2005, a estimé le démocrate-chrétien (centre droit).
L’interprétation de l’initiative a également posé problème aux députés. Le texte stipule que «la Confédération et les cantons pourvoient, dans les limites de leurs compétences respectives, à la prise en compte complète des médecines complémentaires».
Aux yeux des opposants, ce texte implique donc que les quelque 200 méthodes alternatives pratiquées en Suisse devraient être remboursées.
Ministre de la santé, Pascal Couchepin a abondé dans ce sens pour contrer l’initiative. La question n’est pas de savoir si l’on est pour ou contre les médecines complémentaires, mais bien si elles doivent être prises en charge par l’assurance de base, a-t-il dit, balayant du revers de la main les insinuations concernant ses accointances avec un groupe d’assurance.
swissinfo et les agences
Quelque 270 homéopathes étaient actifs en Suisse en 2005.
La même année, on dénombrait 250 phytothérapeutes.
106 spécialistes de la thérapie neurale.
Entre 300 et 400 spécialistes de la médicine chinoise (sans l’acupuncture )
Et 150 médecins anthroposophes.
Le comité d’initiative estime que les députés sont en décalage par rapport à la population. Il rappelle que la majorité de la population souhaite que les médecines complémentaires soient remboursées par l’assurance obligatoire.
Ce comité se base sur une enquête de santésuisse, selon laquelle 82% des personnes interrogées étaient de cet avis, et un sondage de l’institut Démoscope, qui indique que 69% des Suisses interrogés accepteraient l’initiative.
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