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Les Rose-Verts ont le vent en poupe

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C'est ce que montre le baromètre électoral, sondage réalisé par l'Institut gfs.bern pour SRG SSR idée suisse à mi-chemin de la législature 2003-2007.

Si des élections avaient lieu aujourd’hui en Suisse, on observerait un léger glissement à gauche. Les Socialistes et les Verts devraient y marquer quelques points.

Aux élections de l’automne 2003, le vent qui a soufflé sur le parlement fédéral venait clairement de droite. Et l’élection par les deux chambres du leader populiste Christoph Blocher au gouvernement n’a fait que renforcer cette tendance. Le virage à droite semblait programmé.

«Il est pourtant clair que ce virage n’a pas eu lieu», affirme Claude Longchamp, directeur de l’Institut gfs.bern, qui a mené ce sondage à mi-législature.

La gauche motivée

En interrogeant les votants potentiels, on constate plutôt que la polarisation entre les deux extrémités du spectre politique s’est renforcée. «Et on voit que l’accent s’est inversé, note le politologue. Aujourd’hui, ce sont les électeurs de gauche qui sont plus motivés que jamais de se rendre aux urnes».

Et ceci pour une raison très précise: le sondage montre que presque un tiers des nouveaux citoyens disent vouloir voter pour le Parti socialiste (PS). Et ces nouveaux citoyens forment plus du quart du total des Suisses qui affirment vouloir se rendre aux urnes.

Plus généralement, les intentions de vote sont à la hausse. Si les élections avaient lieu aujourd’hui, la participation y serait de 54%. Et c’est la première fois depuis les années 70 que la tendance est à nouveau à la hausse.

Les radicaux perdent encore du terrain

Les deux principales forces politiques du pays couchent plus ou moins sur leurs positions, enregistrant une très légère hausse par rapport aux élections 2003. Avec 27%, l’Union démocratique du centre (UDC, droite populiste) demeure donc devant le PS (24%).

Le troisième parti reste le Parti radical (PRD, centre droit). Avec 16% d’intentions de vote, il perd toutefois encore un peu de terrain. Pour de nombreux électeurs, la ligne de ce parti, qui a pourtant fait la Suisse moderne, devient de plus en plus floue et difficile à saisir.

«C’est chez les anciens électeurs radicaux qu’on enregistre le plus de défections. Au sein du parti comme de la politique en général», note Claude Longchamp.

Quant au Parti démocrate-chrétien (PDC), l’autre grande formation du centre droit, il est parvenu à stopper l’érosion de son électorat à 15%. «Leur présidente Doris Leuthard est bien reconnue, si bien que la voix du PDC, tant dans les médias que dans l’arène politique, a regagné du poids», constate Claude Longchamp.

Et finalement, les Verts (PES) pourraient compter sur 8% des voix, ce qui marquerait une légère progression. Le Parti évangélique resterait aux alentours de 2% et le Parti libéral – nouvellement alliés aux radicaux – verrait son électorat fondre de moitié, à 1%.

La lutte pour le centre

Finalement, ce baromètre électoral montre que le combat politique va surtout se concentrer sur la conquête du centre. Et les radicaux, qui ont été jusqu’aux dernières élections le premier parti du centre, devraient être les principaux à en faire les frais.

«Ils ont glissé d’eux-mêmes vers la droite, constate Claude Longchamp. Et là, ils ne sont pas parvenus à s’imposer sur un terrain déjà bien occupé par l’UDC.»

Cette stratégie a fait perdre au PRD beaucoup de son crédit parmi les électeurs du centre. «Cet électorat est encore plutôt bourgeois, explique le politologue. Mais aujourd’hui, il ne sait plus dans quelle direction voter.»

Puisque les radicaux ne dirigent plus les débats, même sur des thèmes qui furent traditionnellement les leurs, comme la politique économique, l’électeur se tourne donc vers l’UDC ou le PS. Car ces deux formations passent aujourd’hui pour les partis qui ont des idées et une ligne.

swissinfo, Christian Raaflaub
(Traduction et adaptation de l’allemand, Marc-André Miserez)

La force des partis selon le baromètre électoral 2005 (par rapport aux élections 2003):
UDC: 27% (26,6%).
PS: 24% (23,3%).
PRD: 16% (17,3%).
PDC: 15% (14,4%).
PES: 8% (7,4%).
Evangéliques: 2% (1,8%).
Libéraux: 1% (2,2%).

– Pour ce baromètre électoral 2005, l’Institut gfs.bern a interrogé un échantillon représentatif de 2125 personnes dans les quatre régions linguistiques de Suisse.

– Le sondage a eu lieu en septembre 2005, dans les dix derniers jours précédant la votation du 25 septembre sur l’extension de la libre-circulation des personnes aux 10 nouveaux pays membres de l’Union européenne.

– La marge d’erreur est de 2,2%.

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