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Les Verts ont vingt ans et une couleur à défendre

Les partis verts ont vu le jour dans les années septante. Keystone Archive

Le Parti écologiste suisse a vingt ans. Affaiblis par la crise économique, les Verts veulent reconquérir le terrain perdu depuis 1991, année de leur apogée nationale.

Alors qu’on les dit de plus en plus marqués à gauche, les écologistes n’en revendiquent pas moins leur génie propre.

Avant d’être force politique, l’écologie a d’abord été force de refus. En décembre 1971, un groupe de citoyens neuchâtelois, opposé au projet de traversée de la ville par une autoroute en tranchée couverte, fonde le Mouvement populaire pour l’environnement.

Au printemps suivant, ce premier parti écologiste de Suisse décroche huit sièges au parlement de la commune.

A l’époque, le monde est en train de prendre conscience du danger que le développement économique fait courir à la biosphère.

Une certaine condescendance

A droite comme à gauche, on regarde ces premiers écolos avec une sorte de condescendance. Les plus réticents les taxent aussitôt de «parti d’une seule idée.»

Mais l’idée a le vent en poupe. Dès 1973, naît en terre vaudoise un Mouvement pour la protection de l’environnement, lui aussi dirigé au départ contre un projet autoroutier.

En 1977, les Verts vaudois parviennent à faire élire un des leurs à l’exécutif de la capitale. C’est une première suisse.

Et deux ans plus tard, le Lausannois Daniel Brélaz signe carrément une première mondiale en accédant à la Chambre basse. Pour la première fois, un écologiste siège dans un parlement national.

La fin des années septante voit également la création des premiers partis verts en Suisse alémanique.

L’émergence des «pastèques»

A côté de ces écologistes de la première génération en apparaissent rapidement d’autres, issus de la mouvance soixante-huitarde et très marqués à gauche.

Alors qu’ils se nomment eux-même alternatifs, leurs adversaires les baptisent aussitôt «pastèques», en raison de leurs couleurs: verts à l’extérieur, rouges à l’intérieur.

En 1983 naît la première Fédération des partis écologistes de Suisse, qui deviendra plus tard le Parti écologiste suisse (PES). Les pastèques refusent toutefois de monter dans ce train et fondent de leur côté l’Alternative verte de Suisse.

La réconciliation

Aux élections fédérales de 1987, le PES obtient neuf sièges et l’Alternative verte quatre. En 1991, les «verts-verts» passent à 14 élus, alors que les «verts-rouges» n’obtiennent plus qu’un siège.

Entre-temps, nombre de sections alternatives ont réintégré le giron du PES et les divergences entre fondamentalistes et réalistes tendent à s’atténuer.

Parallèlement, les Verts étoffent leur programme, qui dépasse désormais les seules préoccupations environnementales pour embraser l’ensemble des problèmes de la société.

En 1994, ils lancent leurs deux premières initiatives populaires. Si l’une demande une réforme fiscale écologique, sous la forme d’une taxe sur l’énergie, l’autre a trait à un domaine qui relève à la fois du social et de l’économie.

Il s’agit de garantir la retraite à la carte dès 62 ans, pour les hommes comme pour les femmes.

Victimes de la crise

Dans l’esprit du public, les Verts n’en restent pas moins avant tout le parti des défenseurs de l’environnement. Et dans une période de crise comme celle que travers la Suisse au cours des années 90, les préoccupations écologiques passent au second plan.

Les hésitations du PES sur le dossier européen lui font également perdre quelques plumes. En 1992, les Verts sont opposés à l’Espace économique européen, et trois ans plus tard, ils soutiennent l’initiative «Oui à l’Europe».

Aujourd’hui, le groupe écologiste du parlement ne compte plus que dix membres (dont six femmes, cas unique en Suisse), mais les Verts comptent sur les élections de cet automne pour reconquérir au moins une partie du terrain perdu.

Flirt avec la gauche

Au niveau des cantons et des communes par contre, les Verts maintiennent leurs positions et regagnent même des forces.

Après l’échec de l’éphémère coalition rose-rouge-verte qui a dirigé le canton de Vaud à la fin des années 90, les villes de Lausanne, de Genève, de Berne et de Zurich sont toujours à majorité socialo-écologiste.

Les deux partis tendent d’ailleurs de plus en plus à se rapprocher. Entre le credo des Verts («pas de justice sociale sans justice écologique») et la préoccupation sociale fortement teintée d’écologie du PS, on cherche souvent la différence!

En Suisse alémanique, le PES, qui accueille régulièrement d’anciens militants des mouvements alternatifs, se positionne parfois même carrément à gauche de la gauche.

swissinfo, Marc-André Miserez

Les Verts aujourd’hui:
10 députés au parlement fédéral.
133 députés dans les parlements cantonaux.
5 élus dans les gouvernements cantonaux.
6 élus dans les exécutifs des villes.

– Décembre 1971: fondation du premier parti vert de Suisse, à Neuchâtel, pour combattre le projet de traversée de la ville par l’autoroute. L’année suivante, la formation décroche huit sièges au parlement de la commune.

– Novembre 1977, le Lausannois Jean-Claude Rochat est le premier Vert élu à l’exécutif d’une commune.

– Octobre 1979: Daniel Brélaz, lausannois également, est élu à la Chambre basse. Il est le premier Vert au monde à siéger dans un parlement national.

– Mai 1983: fondation de la Fédération des partis écologistes de Suisse. Le mois suivant, la tendance gauche alternative fonde l’Alternative verte.

– Avril 1986: à Berne, Leni Robert et Benjamin Hofstetter sont les premiers Verts élus dans un gouvernement cantonal.

– Mai 1990: la plupart des sections alternatives rejoignent le courant principal, qui devient Parti écologiste de Suisse.

– Octobre 1991: les Verts obtiennent 14 sièges au parlement fédéral, leur record à ce jour.

– Juin 1997: Thomas Merkli est le premier Vert élu juge suppléant au Tribunal fédéral. Il est nommé juge l’année suivante.

– Décembre 2000: Cécile Bühlmann est la première candidate verte au gouvernement fédéral. Au second tour, elle remporte le deuxième meilleur résultat.

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