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Otages du CICR: état d’urgence sur l’île de Jolo

La Croix-Rouge philippine appelle à la libération des trois otages. Keystone

Pas de nouvelle des otages du CICR détenus par des islamistes dans le sud des Philippines, après l'échéance de l'ultimatum ce mardi. L'état d'urgence et le couvre-feu ont été décrétés sur l'île de Jolo et les appels à la clémence se multiplient.

La proclamation de l’état d’urgence par le gouverneur de Jolo, Abdusakur Tan, autorise la police à agir contre les rebelles du groupe islamiste Abou Sayyaf qui détiennent les trois travailleurs humanitaires depuis plus de deux mois. «Je confirme que le gouverneur Tan a déclaré l’état d’urgence», a indiqué un porte-parole de l’armée.

En vertu de l’état d’urgence, les mouvements de civils sont limités et un couvre-feu est en vigueur sur l’île. L’armée philippine se tient prête à intervenir et un groupe de quelque 120 rebelles est encerclé dans la jungle. On ignore si une attaque est imminente alors que les kidnappeurs ont refusé de libérer les otages.

Le Suisse Andreas Notter et ses deux collègues, la Philippine Mary Jean Lacaba et l’Italien Eugenio Vagni, ont été enlevés le 15 janvier alors qu’ils visitaient une prison.

Les rebelles philippins ont menacé de décapiter ce mardi l’un d’entre eux si l’armée ne leur cède pas le contrôle total de l’île de Jolo, laissant au gouvernement jusqu’à 14 heures locales (8 heures en Suisse) pour se plier à leurs exigences.

«Physiquement impossible»

Abdusakur Tan a dit avoir demandé mardi à l’un des chefs d’Abou Sayyaf de revenir sur sa menace, alors même que le gouvernement de Manille a fait savoir qu’il serait «physiquement impossible» de se conformer aux exigences de la guérilla.

Le groupe Abou Sayyaf, accusé par Manille et Washington de liens avec Al-Qaïda, est spécialisé dans les enlèvements avec demande de rançon, en particulier d’étrangers. Les autorités soupçonnent également Abou Sayyaf d’être en relation avec l’organisation islamiste régionale Jamaah Islamiyah (JI) accusée d’avoir fomenté l’attentat qui avait fait 202 tués sur l’île indonésienne de Bali en 2002.

Il semble que les rebelles n’aient pas l’intention de retirer leur menace. Selon l’agence Associated Press, leur commandant Abou Ali a transmis un message écrit indiquant qu’il «n’y aurait pas de prolongation de l’ultimatum ni de libération d’otage».

Les appels se multiplient

Selon le ministre philippin de l’Intérieur, Ronaldo Puno, le groupe Abou Sayyaf a jugé insuffisant le retrait de l’armée d’une partie seulement de Jolo en échange de la libération des otages.

Hier, le Comité International de la Croix-Rouge a lancé un nouvel appel: «Notre message à Abou Sayyaf est: s’il vous plaît, épargnez et relâchez Mary Jean, Eugenio et Andreas», a expliqué le président, Jakob Kellenberger.

Le frère de l’otage suisse Andreas Notter, Peter, a également lancé un appel à la clémence et demandé aux autorités suisses de s’engager politiquement, mais la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a répondu avoir déjà fait tout son possible.

De son côté, le pape Benoît XVI a appelé «au nom de Dieu» à la libération des trois humanitaires.

swissinfo et les agences

Guérilla. Mouvement séparatiste musulman créé en 1991 après une sission du Front Moro de libération nationale.

Ce groupe de quelque 400 rebelles cherche a créer un Etat islamique indépendant dans le sud des Philippines et a commencé à mener des actions de guérilla dès 1991.

Rançons. Il est accusé par Manille et Washington de liens avec Al-Qaïda et, depuis 2001, s’est spécialisé dans les enlèvements avec demande de rançon, en particulier d’étrangers. Il responsable du meurtre de plus de 30 étrangers.

Attentat de Bali. Il est aussi soupçonné d’être en relation avec l’organisation islamiste régionale Jamaah Islamiyah (JI) accusée d’avoir fomenté l’attentat qui avait fait 202 morts sur l’île indonésienne de Bali en 2002.

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