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Pas de médiateur pour CFF Cargo

Mardi, le ministre des Transports Moritz Leuenberger a renvoyé les parties dos à dos. Keystone

Après l'échec des négociations entre les grévistes de Bellinzone et la direction de CFF Cargo, le ministre des Transports Moritz Leuenberger a renoncé mardi à imposer un médiateur.

Le conseiller fédéral a répété son appel aux employés à cesser leur grève et demandé au conseil d’administration de l’entreprise de revoir sa position.

Au lendemain de l’interruption des négociations, l’assemblée des employés des ateliers industriels de Bellinzone a décidé mardi de poursuivre la grève.

La direction des Chemins de fer fédéraux (CFF) s’est révélée «incapable de conduire les négociations dans un esprit de sincérité, de transparence et de responsabilité sociale», peut-on lire dans la résolution adoptée à l’unanimité.

Après l’échec de trois tours de discussions entre les CFF, le comité de grève et les syndicats, les 430 grévistes estiment qu’une table ronde «n’a pas de sens», mais rappellent aussi leur disponibilité au dialogue.

Selon le Syndicat du personnel des transports (SEV), le point d’achoppement demeure la question de l’entretien des locomotives: les CFF «refusent
obstinément d’indiquer clairement qu’ils envisagent un avenir pour le site de Bellinzone».

Appel à Moritz Leuenberger

Le ministre des Transports Moritz Leuenberger doit prendre le dossier en mains, a estimé le chef du comité de grève Gianni Frizzo. Il a en outre demandé la démission du conseil d’administration des CFF, déclarant que les grévistes ne lui faisaient pas confiance.

De son côté, le conseiller fédéral a donné une conférence de presse mardi. «Je constate l’échec des tentatives visant à mettre sur pied une table ronde», a déclaré Moritz Leuenberger.

Et de préciser qu’il n’est pas question pour la Confédération d’intervenir directement à ce stade. Et que la nomination d’un médiateur n’est pas non plus à l’ordre du jour. Pour qu’une médiation ait lieu, il faut que les deux parties l’acceptent, or «ça ne semble pas le cas», a-t-il regretté.

Trouver des alternatives

En attendant, le conseiller fédéral a appelé le conseil d’administration des CFF à revoir ses décisions. L’échec des négociations ne veut pas dire que l’ex-Régie fédérale puisse appliquer sans autres les délocalisations et les suppressions d’emplois prévues. Et le socialiste d’assurer qu’il prenait très au sérieux les sentiments de la population tessinoise.

Des spécialistes de son département suivent l’affaire. Mais la responsabilité reste dans les mains des CFF, a-t-il souligné. Entre-temps, le trafic de CFF Cargo est garanti et aucune mesure contre le personnel ne doit être prise.

Appel à cesser la grève

Concernant la grève des employés, le Zurichois a une nouvelle fois souligné qu’il s’agissait d’une enfreinte à la convention collective de travail. Il a en outre averti que des blocages de voies ferrées ne seraient pas sans suite.

Moritz Leuenberger n’a pas souhaité s’étendre sur d’éventuels changements au conseil d’administration, comme un départ précipité de son président Thierry Lalive d’Epinay, qui doit quitter ses fonctions à la fin de l’année. «Cela se fera selon le calendrier prévu.»

Etendre la solidarité

Outre leur appel aux autorités nationales et cantonales, les 430 grévistes ont demandé à la population tessinoise de continuer à être solidaire. Plus que jamais le mouvement a besoin d’un soutien politique et matériel concret, souligne la résolution.

Près de 15’000 personnes ont déjà signé un manifeste pour le maintien des ateliers industriels à Bellinzone. Environ 600’000 francs ont en outre été récoltés pour le fonds de solidarité des grévistes.

Le mouvement tessinois veut également porter ses protestations au nord des Alpes, estimant qu’il ne s’agit pas uniquement d’un problème régional. C’est le principe du fédéralisme qui est en jeu, a affirmé Werner Carobbio, député socialiste au Grand conseil et ancien conseiller national.

swissinfo et les agences

Les 430 grévistes des ateliers CFF de Bellinzone ont touché leur salaire de mars.

Les CFF ont annoncé lundi qu’ils retiendront les journées de grève sur les salaires d’avril, précisant que chaque jour de débrayage leur coûte 250’000 francs.

Les syndicats continuent d’assurer leur soutien financier et chaque gréviste perçoit 120 francs par jour du Syndicat du personnel des transports (SEV), d’Unia, et de transfair. Les pertes de revenus seront en outre compensées eta caisse des grévistes contient déjà quelque 600’000 francs.

Le transporteur de marchandises est une filiale des Chemins de fer fédéraux (CFF). Son siège est à Bâle et il emploie environ 4400 personnes.

En 2007, il a enregistré une perte de 190,4 millions de francs et 2008 devrait aussi se terminer dans le rouge.

Le 7 mars 2008, le transporteur a annoncé un plan de restructuration.

Ce plan entraînerait la fermeture du centre de service clientèle de CFF Cargo à Fribourg: sur les 165 emplois, 51 seraient supprimés et 114 déplacés à Bâle.

A Bellinzone, 114 postes sur 142 seraient supprimés dans les ateliers d’entretien des locomotives. Les 28 postes restants seraient transférés à Chiasso ou à Yverdon (Vaud).

En cette 3e semaine de grève, le mouvement ne pose encore aucun problème en terme de pièces de rechange et d’entretien du matériel roulant, selon les CFF.

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