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«Plus personne ne veut adhérer à l’UE»

Christoph Blocher reste sur ses positions. swissinfo.ch

Le refus de l'Espace économique européen était une bonne décision. Cet avis, c'est celui de Christoph Blocher. Dix ans après le vote, il fait le point avec swissinfo.

En 1992, le chef de file de la droite dure s’était fortement engagé contre l’EEE.

swissinfo: Christoph Blocher, êtes-vous toujours convaincu d’avoir pris la bonne décision il y a dix ans?

Christoph Blocher: Tout à fait, car si le peuple n’avait pas rejeté l’EEE à l’époque, nous serions actuellement membres de l’Union européenne (UE). Or désormais, hormis le Conseil fédéral, plus personne ne veut d’une adhésion à l’UE.

Même les milieux économiques ont réalisé qu’une adhésion n’apporterait pas de gros avantages.

En 1992, vous étiez la figure de proue de l’opposition à l’EEE. Quelle était l’importance de ce combat pour vous?

Ch. B. : Naturellement, Je me suis fait connaître dans le cadre de la campagne politique contre l’EEE. Mais ce n’était pas le but. J’ai simplement pris conscience de l’importance de cette question pour la Suisse, notamment au niveau de sa démocratie directe, du bon fonctionnement de son Etat et de son bien-être.

Voilà les motivations qui m’ont poussé à me battre avec acharnement contre l’EEE. Mais ce combat a été incroyablement fatigant, tant au niveau psychologique que physique. Je pense que je ne pourrais pas le mener une seconde fois.

Vos adversaires prétendent que l’actuelle stagnation économique de la Suisse résulte du refus de l’EEE. Qu’en pensez-vous?

Ch. B. : La situation s’est effectivement beaucoup détériorée depuis 1992. Il y a dix ans, la situation était encore bonne: moins de dettes, moins d’impôts, moins de taxes. L’économie pouvait donc se développer.

La situation actuelle n’a pourtant rien à voir avec le refus de l’EEE. Elle est bien davantage la conséquence d’une mauvaise politique qui consiste à essayer de s’adapter à l’UE et d’augmenter les taxes et les impôts.

Quel serait votre conseil pour relancer l’économie suisse?

Ch. B. : La part de l’Etat doit diminuer, il ne doit pas y avoir de nouveaux impôts et en aucun cas de nouvelles dettes.

Pour le reste, je suis convaincu que nous aurions des opportunités formidables si nous disions enfin oui à la Suisse. Nous devons arrêter de nous mettre à genoux devant les Etats étrangers. Personne d’autre ne le fait.

Sur le plan intérieur, la Suisse connaît quelques blocages. Des changements décisifs – comme le démantèlement des cartels – sont pratiquement irréalisables…

Ch. B. : Il n’y a rien d’autre à faire que de changer la situation politique dans la Berne fédérale. Si l’Union démocratique du centre se renforce lors des prochaines élections fédérales, la page pourra être tournée. En effet, les autres partis bourgeois devront se résoudre à mener une politique clairement à droite.

Quelle doit être la suite des relations entre la Suisse et l’UE? Nous sommes en train de négocier avec elle un second paquet d’accords bilatéraux, mais les négociations sont visiblement ardues.

Ch. B. : A mon avis, il faut arrêter ces négociations. Le Conseil fédéral ne les mène que pour faire adhérer la Suisse le plus vite possible à l’UE.

Ces nouveaux accords bilatéraux auront pour conséquence la reprise des accords de Schengen et, peut-être, l’abandon du secret bancaire. Or nous n’avons pas besoin de Schengen et il est absolument hors de question d’abandonner notre secret bancaire.

Propos recueillis par Felix Münger, swissinfo

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