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Suisse-Inde: le mouvement de solidarité prend de l’ampleur

Un Comité suisse d’entraide pour le tremblement de terre en Inde veut soutenir des actions de solidarité à long terme. swissinfo.ch

Près d'un mois après le séisme dans l'État du Gujarat, les efforts de l'Inde et de la communauté internationale portent désormais sur d'autres aides et sur les projets de reconstruction. En Suisse, la mobilisation continue, de nouvelles solidarités apparaissent.

Dès le 26 janvier, date du tremblement de terre qui officiellement a fait 18’602 morts mais sans doute beaucoup plus encore, la réponse aux appels à l’aide du Gujarat a été immense et rapide. C’est ce que relevait cette semaine Edward Pearn, le chef de l’unité d’évaluation et de coordination des actions de secours de l’ONU.

Le Corps suisse d’aide en cas de catastrophe est arrivé sur place dès le lendemain du séisme, suivi de 25 autres équipes internationales. Toutes ont définitivement regagné leurs bases nationales. Aujourd’hui, de très nombreuses organisations de toutes sortes les ont remplacées. L’ONU en a recensé pas moins de 245.

D’autres se préparent à intervenir. C’est ainsi qu’on a appris à Genève la création d’un Comité suisse d’entraide pour le tremblement de terre en Inde, aux moyens encore modestes, mais qui a pour ambition de soutenir des actions de solidarité à long terme.

Son originalité est d’appuyer l’activité humanitaire de moines indiens de la Mission Ramakrishna dans six villages du Gujarat. Swami Amarananda, qui vit à Genève et qui préside ce nouveau comité, explique que jadis «apporter une aide massive était perçu en Inde comme le devoir des rois, jamais des moines». Mais l’Ordre dont il fait partie s’est depuis un siècle «spécialisé» dans l’assistance de longue durée aux plus démunis.

Faut-il vraiment multiplier les organisations d’entraide? «En tout cas, répond Christiane Gugger, autre initiatrice de ce comité, sur un terrain aussi vaste que le Gujarat, cela se justifie pleinement. Plus y a de gens pour apporter de l’aide, mieux c’est.»

Mais cela engendre d’autres problèmes. L’ancien directeur de la sécurité de l’aéroport de Genève, Jean-François Duchosal, ne les sous-estime pas. Aujourd’hui à la retraite mais toujours sur la brèche pour faire profiter d’autres bonnes volontés de ce qu’il appelle son «vécu logistique et humanitaire», il met le doigt sur les questions de coordination.

«Pour y remédier, dit-il, on essaie de mettre en place à Genève un organisme commun spécialisé dans l’appui aux solidarités en cas de catastrophe. Il y a beaucoup de choses – des contacts, du matériel, des locaux – qui peuvent être organisées à l’avance au lieu de tout devoir recommencer à chaque fois.»

C’est bien ce que tente de faire, depuis fort longtemps et au niveau national, la «Chaîne du Bonheur». Ses collectes en cas de catastrophe et son travail de coordination avec les grandes œuvres d’entraide suisse recueillent plus que jamais la confiance du public suisse.

«Depuis le 26 janvier, nous dit son directeur Félix Bollmann, nous avons déjà pratiquement reçu 12 millions de francs de dons sans même avoir organisé de journée spéciale de solidarité. La réaction à l’événement est très bonne et elle répond aussi aux capacités que nous pouvons dégager sur place.»

La priorité des œuvres d’entraide suisse s’oriente désormais vers l’action à longue durée. L’identification des projets à soutenir est encore en cours, mais à la Chaîne du Bonheur on pense notamment aux villages situés loin des routes et qui ont subi eux aussi de gros dégâts.

Un mot encore sur la Coopération suisse (DDC). Après avoir immédiatement affecté 500’000 francs à l’aide d’urgence directe au Gujarat, elle vient d’ouvrir un «Fonds suisse de reconstruction» dans lequel elle a tout de suite versé un million de francs. Ce fonds spécial soutiendra en priorité les activités des organisations non gouvernementales locales.

A plus long terme, la DDC pense être en mesure d’augmenter l’appui qu’elle accordait déjà aux programmes de développement menés dans cette région, en particulier dans le domaine agricole et la promotion des structures communales.

Quant au Corps suisse d’aide en cas de catastrophe, il n’a pas encore tiré de bilan complet de son intervention au Gujarat. Mais une idée est en train de prendre forme. La Suisse et l’Inde étudient en effet la possibilité d’un accord bilatéral sur l’aide en cas de catastrophe. D’une part pour faciliter l’accès aux zones sinistrées, d’autre part pour renforcer les propres capacités d’intervention rapide de l’Inde lors de séismes.

Bernard Weissbrodt

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