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Un canton des Suisses de l’étranger plébiscité à Marseille

Andreas Gross et Philippo Lombardi au Grütli de Marseille swissinfo.ch

Les Suisses de Marseille et de la région venus assister à un débat en vue des élections fédérales ont plébiscité l'idée d'un 27e canton pour les Suisses de l'étranger.

Un canton virtuel soutenu également par les parlementaires démocrate-chrétien Filippo Lombardi et socialiste Andreas Gross, seuls à répondre à l’invitation des Suisses de Marseille.

Sur les 73 Suisses ou binationaux venus de Marseille, de Cannes, d’Avignon, de Monaco et même des Pyrénées, seuls 5 ou 6 mains se sont levées pour refuser la création d’un canton virtuel permettant aux Suisses de l’étranger d’être représenté dans les deux chambres du Parlement. Tous les autres participants ont levé la main en faveur de ce qui n’est encore qu’une idée.

Cette consultation s’est tenue samedi, à l’issue d’un débat organisé par l’association des Suisses de Marseille et animé par Gabrielle Keller de l’Organisation des Suisses de l’étranger, avec le soutien du dynamique consul Michel Faillettaz. Une landsgemeinde improvisée qui avait pour théâtre le Grütli, une maisonnette à disposition des Suisses de Marseille.

Les Suisses installés dans la 2e ville de France possèdent en effet une propriété de 3,5 hectares en pleine ville, où se trouve également un home pour personnes âgées – le foyer helvétique – témoin des riches heures de la communauté helvétique de Marseille aux 19e et 20e siècle.

Un canton pour les étrangers de Suisse

Pour le conseiller aux Etats (sénateur) Filippo Lombardi, cette prise de température démontre que la question mérite d’être reprise par le Conseil des Suisses de l’étranger. Et cela, même si la majorité de ses délégués s’est déjà prononcée contre un tel projet il y a deux ans.

«Si on relance une consultation avec la base des associations de Suisses de l’étranger et qu’ils se prononcent en faveur de ce canton, le Conseil des Suisses de l’étranger devrait se ressaisir de cette idée et promouvoir une réflexion politique que je soutiendrais si je suis réélu», assure le parlementaire tessinois.

Venu porter la contradiction à son collègue, le conseiller national (député) Andreas Gross appuie également cette option: «La meilleure idée pour les Suisses de l’étranger est de mettre en place ce 27e canton. Je suis d’ailleurs pour un 28e canton pour les étrangers de Suisse.»

Le député socialiste rappelle également que son collègue de parti Carlo Sommaruga a déposé une motion sur ce sujet au Conseil national. Une initiative qu’il va soutenir, s’il est réélu le 21 octobre.

De nombreux obstacles

Mais un bémol est apporté à cette idée par Serge Lemeslif. En effet, le président de l’Union des associations suisses de France précise ne pas être «convaincu que ce vote traduit une opinion générale des Suisses de France. Il est par contre certain que la représentativité des Suisses de l’étranger est une question délicate, complexe.»

Et Filippo Lombardi de rétorquer: «Il faut surtout observer l’expérience de l’Italie, qui vient d’élire 6 sénateurs et 12 députés parmi les Italiens de l’étranger.»

Réplique de Serge Lemeslif: «Il y a trois ans, une étude avait été présentée au Conseil des Suisses de l’étranger, montrant que cette solution était une utopie. De fait, il y a beaucoup d’obstacles, à commencer par les moyens dont devra disposer cet élu pour séjourner en Suisse, lors des sessions parlementaires.»

Une certaine suissitude

Un argument que ne réfute pas Andreas Gross: «Il faut en effet éviter que les parlementaires soient des privilégiés. Mais ce problème concerne en premier lieu les membres des deux Chambres, un Parlement de milice qui exclut de fait énormément de professions. Aucun entrepreneur n’accepterait que son employé siège à mi-temps au Parlement. Ce projet de 27e canton pourrait faire bouger les choses.»

Et Andreas Gross d’élargir le débat: «La défense des intérêts des Suisses de l’étranger ne suffit pas, il faut promouvoir l’écoute des Suisses vivant dans le monde, car leur regard est plus large que celui des Suisses de l’intérieur. Trop de Suisses sont enfermés dans une certaine suissitude.»

L’apport de la 5e Suisse

Une perspective qui rejoint celle défendue par Filippo Lombardi: «J’attends avec impatience le rapport que le Conseil fédéral (gouvernement) a promis de rédiger, suite à mon postulat sur l’importance politique, économique, institutionnelle et sociale de la 5e Suisse pour la mère patrie.»

Ce rapport, qui devrait arriver en décembre, permettra de relancer tout le discours sur les relations entre les Suisses de l’intérieur et de l’étranger. La Suisse ne prend pas suffisamment compte les retombées économiques et culturelles que la 5e Suisse a pour le pays.

swissinfo, Frédéric Burnand à Marseille

Plus de 1500 Suisses vivent à Marseille et plus de 4000 dans le département des Bouches du Rhône. Une communauté qui augmente de 1,8 % par année.

La région Provence-Alpes -Côte d’Azur (PACA) compte près de 13’000 ressortissants suisses.

La façade méditerranéenne de la France abrite près de 20’000 Suisses, dont 15’000 binationaux.

Elle compte environ 60 entreprises à capital suisse. Des sociétés comme Swiss Life, UBS, Crédit Suisse, ABB, Schindler, SGS ou Nestlé y sont implantées.

Le Consulat général de Marseille a été fondé en 1799, une année après Bordeaux, le tout premier ouvert par la Suisse. Le 3e plus vieux consulat suisse est celui de Gênes.

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