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Elections américaines: l’ère des blocages ?

Après deux années de réforme aux Etats-Unis, le temps semble être venu des confrontations plus musclées, voire des blocages au Congrès. Avec un parlement divisé à la suite des élections de mardi, l'ère du changement prônée par le président Barack Obama risque de connaître une pause.

«Il ne faudra pas s’attendre à grand-chose pendant deux ans. Les grandes réformes, c’est fini», estime David Sylvan, professeur à l’Institut des hautes études internationales de Genève (HEI) et spécialiste des Etats-Unis.

L’expert américain se dit très pessimiste s’agissant des chantiers en attente comme ceux sur l’environnement, l’immigration et l’éducation, ultimes priorités du président Barack Obama. «Il y aura énormément de confrontations et sans doute des blocages permanents», prévient-il.

Pour David Sylvan, le Parti républicain, désormais majoritaire à la Chambre des représentants, va poursuivre sa politique d’obstruction entamée lors des deux premières années du mandat de M. Obama. «C’est en reniant les réformes que les républicains ont gagné ces élections de mi-mandat. Ils vont continuer sur cette ligne ferme et rigide. Je pense même qu’ils vont tout faire pour détruire l’image du président Obama en prévision de la présidentielle de 2012», prévoit-il.

Une certitude: le Congrès va se polariser, avec des républicains très à droite et des démocrates tentés de se montrer plus progressistes étant donné la perte de nombreux sièges de démocrates conservateurs (appelés «blue dogs») qui neutralisaient leur collègues plus à gauche, analyse le professeur de HEI.

Ed Flaherty, président des Républicans de l’étranger en Suisse, va encore plus loin. Il estime que c’est pire qu’une polarisation: la situation sera carrément «blanche et noire, avec personne au milieu pour essayer de trouver un compromis», estime-t-il.

Niels Planel, consultant à Washington et spécialiste de politique américaine, pense aussi que l’activité législative risque de connaître une pause. «Oui, ça va être plus dur de réformer. Mais les républicains pourraient tendre l’oreille à certaines réformes, notamment sur l’immigration et l’environnement», estime l’auteur de l’essai Sur les pas d’Obama: Le renouveau de la gauche américaine.

C’est à eux «de montrer qu’ils sont capables de gouverner», exhorte Caitlin Kraft Buchman, résidente genevoise qui représente les Américains de l’étranger à la direction du Parti démocrate.

Et si le Parti républicain joue l’obstructionnisme à outrance, Barack Obama pourra l’accuser d’irresponsabilité, estime Niels Planel. Au final, «ce ne sera pas facile pour les deux camps, il faudra y aller à la douce. Il y a déjà eu beaucoup de changements, il est peut-être temps de faire une pause», explique-t-il.

Reste à savoir quel sera le style de gouvernance de Barack Obama dans cette configuration ultra-polarisée: un président de combat avec un durcissement du discours ou un président de compromis, à la Bill Clinton ? Les experts penchent vers une «politique de la main tendue» du président, qui a déjà pris contact avec le nouveau ténors républicains de la Chambre et du Sénat pour leur dire qu’il était prêt à travailler avec eux.

«Obama a montré qu’il a la capacité de faire des compromis. Et maintenant c’est nécessaire», souligne Caitlin Kraft Buchman.

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