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Les espoirs du nouvel envoyé suisse à l’ONU

Pour Dante Martinelli, sa mission consiste à stimuler la réflexion et l'innovation au sein de l'ONU. swissinfo.ch

Dante Martinelli, le nouvel ambassadeur de Suisse aux Nations Unies, a expliqué à swissinfo que la nouvelle administration américaine devrait mieux tenir compte des autres nations et contribuer à améliorer la crédibilité des Etats-Unis.

Dante Martinelli, qui vient de succéder à Blaise Godet à la tête de la mission helvétique à Genève, revient en Suisse après quatre ans passés à Pékin comme ambassadeur en Chine.

Le diplomate tessinois a également fait de solides expériences avec l’Union européenne UE), notamment en tant qu’ambassadeur et chef de la mission suisse auprès de l’UE à Bruxelles, de 1999 à 2004.

swissinfo: Quel sera le principal changement dans vos activités à Genève après vos divers postes d’ambassadeur?

Dante Martinelli: C’est un poste clé, très important pour la politique étrangère de la Confédération ainsi que pour l’image de la Genève internationale et de la Suisse en général.

Le fonctionnement est donc un peu différent ici, car on se concentre sur les aspects multilatéraux propres à l’ONU plutôt qu’aux relations bilatérales avec Pékin ou le travail avec l’UE à Bruxelles, qui mélange à la fois des relations multilatérales et directes avec les Etats-membres.

Nous avions affaire à des thèmes centraux pour la diplomatie internationale et pour les peuples de tous les pays, tels que le droit humanitaire, les droits humains, l’environnement, le climat, la santé, les télécommunications et la propriété intellectuelle.

Cela dit, ces thèmes sont le pain quotidien de n’importe quel poste d’ambassadeur, en tant qu’acteur politique.

swissinfo: Qu’avez-vous appris de la Chine et des Chinois durant votre dernière mission qui pourrait vous servir dans vos nouvelles fonctions?

D.M.: Quand vous vivez pendant un certain temps en Chine, vous découvrez sa diversité dans tous les domaines, que ce soit son histoire très riche, sa culture, ses peuples et l’extraordinaire développement des dernières années. En trente ans de réformes économiques, ce pays s’est complètement transformé.

La Chine se développe énormément et très rapidement, pas seulement dans les grandes villes de la côte est, mais aussi dans des villes de l’intérieur, peuplées de 6 à 8 millions de personnes, qui se modernisent vite, grâce à d’énormes investissements dans les infrastructures.

La leçon de tout cela, c’est que la Suisse est un pays très varié et très riche. Et la principale conséquence est le fait que la Chine est redevenue un acteur important sur la scène internationale, comme elle l’était déjà il y a un demi-siècle.

swissinfo: Le président élu des Etats-Unis Barack Obama vient d’annoncer que sa diplomatie serait dirigée par Hillary Clinton en tant que secrétaire d’Etat et Susan Rice comme ambassadrice à l’ONU. A quels changements peut-on s’attendre dans la politique étrangère américaine à l’égard des Nations unies?

D.M.: Nous le verrons plus clairement quand la nouvelle administration sera en place, le 20 janvier. Mais la composition de cette équipe et des éléments de la campagne présidentielle nous permettent d’espérer une politique qui tienne mieux compte des autres pays et qui développe des schémas multilatéraux qui tiennent compte des institutions internationales existantes, comme les organisations de l’ONU ou de Bretton Woods.

Beaucoup de promesses ont été faites pendant toute la campagne électorale, et l’on s’attend donc à des changements.

swissinfo: Que pensez-vous de la session spéciale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU consacrée aux atrocités commises en République démocratique du Congo? Car cette session a été accueillie avec tiédeur par les organisations de défense des droits de l’homme…

D. M.: Le conseil est une organisation relativement nouvelle. Mais la session sur le Congo a souligné le fait que cette région traverse une crise sérieuse et dramatique des droits humanitaires et des droits humains et elle a, en cela, réussi à remplir sa fonction. Ainsi, la session spéciale a pu être organisée rapidement. C’est déjà un élément positif

Les textes peuvent toujours être meilleurs, c’est vrai, mais il faut tenir compte des différentes forces en présence dans une session spéciale.

Mais je crois que la déclaration finale a mis l’accent sur les préoccupations des Etats membres: la situation dramatique, le refus d’accorder l’impunité pour des crimes contre les droits humains, la condamnation de la violence sexuelle et des actes de violence à l’encontre des enfants et l’appel à cesser ces abus. L’essentiel est là.

swissinfo: Quelles sont les priorités de la mission suisse pour les cinq à dix prochaines années?

D.M.: Nous devons, avec l’aide des autorités genevoises, nous efforcer de rendre la Genève internationale aussi attractive que possible pour offrir une infrastructure qui soit adaptée aux besoins des institutions de l’ONU et de leur personnel.

Après le hardware, il faut développer le software, et faire de Genève un endroit bouillonnant de nouvelles idées sur l’environnement, la santé et les droits humains. Nous devons stimuler la capacité de réflexion et d’innovation des Etats membres.

Et aussi, l’année prochaine sera une date importante puisque nous fêterons le 60e anniversaire des Conventions de Genève, ce qui sera l’occasion de rappeler ce que Genève représente réellement.

swissinfo: Selon certains experts, l’ONU traverse une passe particulièrement difficile. Que faut-il faire pour améliorer la crédibilité et l’efficacité de cette organisation globale?

D.M.: Il est vrai que les divisions entre certains pays membres compliquent leur travail collectif au sein de l’ONU et que le travail multilatéral en souffre.

Toute amélioration de ce travail multilatéral dépend de l’engagement et de la disponibilité des Etats membres. Une nouvelle approche, une attention particulière au travail multilatéral de l’administration américaine sera certainement d’un grand secours.

Interview swissinfo: Simon Bradley
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Le débat sur l’adhésion a commencé à la fin des années 60. Le gouvernement a présenté un 1er rapport en 1969, concluant qu’il était trop tôt pour adhérer.

En 1977, la Confédération s’est donné pour but l’adhésion, mais ni le peuple ni les cantons n’étaient prêts: en mars 1986, ils ont massivement rejeté le projet.

En 1998, le gouvernement a présenté un 4e rapport, déclarant que l’adhésion était un “objectif stratégique”.

En 2002, la Suisse est devenue le 190e membre de l’ONU, 55% des citoyens ont approuvé le projet lors d’un référendum.

Les opposants craignaient que l’adhésion ne mette en danger la neutralité traditionnelle du pays.

Avant cette date, la Suisse a participé à part entière aux activités des agences et organisations onusiennes.

Le quartier général de l’ONU en Europe est à Genève.

La Suisse contribue à hauteur de 105 millions de francs au budget de l’ONU, montant qui n’inclut pas les versements à des organisations spécialisées telles que l’Unesco et l’OMS, ainsi que des programmes du HCR et de l’Unicef.

La Suisse soutient les droits humains et l’amélioration du fonctionnement du Conseil de sécurité, ainsi que les comités chargés d’administrer des sanctions.

Elle préconise une amélioration de la gestion et du contrôle de l’ONU, le développement durable ainsi que la résolution des conflits. La Confédération veut aussi contribuer à l’amélioration du système opérationnel de l’organisation.

«…la Suisse, est isolée sur le plan géopolitique et qui n’appartient à aucune grande alliance, a besoin de collaborer avec des pays dans le même état d’esprit dans toutes sortes de régions (généralement avec des membres de l’UE ou des groupes formés par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, mais aussi avec des pays modérés d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique) pour initier des processus et développer de nouvelles idées. Appuyer une initiative en réunissant ce genre de ‘masse critique’ est le seul moyen pour la Suisse d’avoir une influence sur des processus importants…» (extrait du rapport 2007 sur la Suisse et l’ONU)

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