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Une mission chinoise avec peu de résultats concrets

En Chine, Doris Leuthard a aussi pris le temps de saluer les pandas de Chengdu. Keystone

La ministre suisse de l'Economie ne revient pas les mains totalement vides de sa semaine en Chine. La perspective d'un accord de libre-échange avec Pékin reste du domaine du possible.

Doris Leuthard a également enregistré une avancée dans le domaine de la défense de la propriété intellectuelle. Les autres dossiers n’ont que peu progressé.

«C’était un démarrage en fanfare», a relevé la conseillère fédérale vendredi à Canton, grande ville du sud de la Chine, au terme de son périple d’une semaine. La cheffe du Département fédéral de l’économie (DFE) faisait en cela référence à la rencontre avec le ministre chinois du Commerce Bo Xilai, dimanche à Pékin.

Doris Leuthard lui a alors arraché la perspective d’explorer les voies pouvant mener à la conclusion d’un accord de libre-échange entre les deux pays. Les deux ministres ont convenu d’en étudier la faisabilité, même si les travaux seront conduits séparément des deux côtés.

«Nous devons désormais maintenir la pression», a admis la benjamine du Conseil fédéral. «L’élément décisif réside dans l’acceptation ou non par Bo Xilai de l’invitation à se rendre à Davos en janvier, à l’occasion du Forum économique mondial (WEF).»

Economie de marché

Dans ce dossier, Doris Leuthard a habilement joué la carte de la reconnaissance à la Chine du statut d’économie de marché. Partenaires de la Suisse au sein de l’Association européenne de libre-échange (AELE), la Norvège et l’Islande en ont déjà fait de même. En revanche, l’Union européenne tarde à franchir le pas.

Oslo explore, également au stade de la faisabilité, un accord de libre-échange avec Pékin, tandis que Reykjavik se trouve déjà dans la première phase de négociation.

Les autres dossiers ont été évoqués avec prudence, afin de préserver au mieux l’option du libre-échange en ne braquant pas les interlocuteurs. Ainsi en a-t-il été pour la taxe qui frappe les produits de luxe et pénalise l’horlogerie, et pour les droits de douane très élevés, qui frappent encore certains biens industriels.

Propriété intellectuelle

La ministre a enregistré une avancée en matière de protection de la propriété intellectuelle, avec la signature d’une déclaration d’intention entre les deux pays. Pas suffisant, toutefois, dans l’immédiat pour enrayer le phénomène massif des copies de produits en tout genre: montres, machines, par exemple.

La conseillère fédérale, à l’instar du président d’economiesuisse Gerold Bührer, se montre confiante quant à l’avenir. La Chine a reconnu qu’il était aussi dans son intérêt de protéger les brevets, ont-ils relevé.

Des obstacles d’ampleur demeurent, comme pour l’industrie pharmaceutique. Les procédures d’homologation apparaissent d’une extrême lenteur, ont déploré des représentants du secteur, membres de la délégation emmenée par Doris Leuthard. Constat identique pour les banques, même si des progrès ont été accomplis récemment.

Environnement et droits de l’homme

Au-delà des discussions, la conseillère fédérale s’est dite impressionnée par la gravité du problème environnemental. Elle a prôné le recours à des «solutions intelligentes» à prendre de concert avec l’économie, y compris les entreprises suisses.

Enfin, la question des droits de l’homme n’a pas été expressément évoquée. Doris Leuthard s’est contentée de parler de l’amélioration des «conditions pour les gens», à la lumière du fossé existant dans le pays entre riches et pauvres, lors d’un entretien avec le vice-premier ministre Hui Liangyu.

swissinfo et les agences

Au cours de son périple chinois, Doris Leuthard a visité à Chengdu, capitale de la province du Sichuan, une usine cofinancée par le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO). Les membres de la délégation ont été quelque peu surpris par le jeune âge des travailleurs.

La conseillère fédérale elle-même a relevé cette situation en s’adressant directement à l’un des jeunes. «Il m’a répondu qu’il avait 17 ans et qu’il effectuait un stage. J’ai toutefois eu l’impression qu’il était plus jeune que cela.»

«Il faut éviter toute conclusion hâtive», a tempéré Doris Leuthard, qui a dit vouloir suivre cette affaire. Il est dans l’intérêt de la Suisse de ne pas cautionner le travail des enfants.

En 2005, les exportations vers la Chine, qui se sont élevées à 3,47 milliards de francs, constituaient 2,1% de l’ensemble des exportations suisses:
Machines: 1,67 milliard (+3,7% par rapport à 2004)
Produits chimiques: 362 millions (+37%)
Horlogerie: 352 millions (+26%)
Pharma: 260 millions (+24%)
Instruments médicaux et optiques: 252 millions (+11%)

Importations de Chine en 2005 pour 3,38 milliards de francs, soit 2,1% des importations suisses:
Machines: 826 millions (+13%)
Textiles: 586 millions (+13%)
Produits chimiques: 436 millions (+66%)
Horlogerie: 305 millions (+20%)

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