Poulets et crevettes sous très haute surveillance
Nouvelle découverte de résidus d'antibiotiques dans des volailles et des crustacés importés. La Suisse durcit ses contrôles.
Sur les 121 échantillons analysés en août, 43 contenaient une quantité de nitrofuranes supérieure aux normes autorisées.
Des traces d’antibiotiques dans des poulets et des crevettes en provenance d’Asie mais aussi d’Amérique latine: c’est le mauvais feuilleton alimentaire de l’année.
En février, les autorités sanitaires suisses qui avaient décelé des résidus de chloramphénicol dans de la volaille chinoise en avaient interdit toute importation. Mesure levée deux mois plus tard, sous certaines conditions.
Début août, de nouvelles méthodes d’analyses sont mises en œuvre qui permettent de déceler à la fois les résidus d’antibiotiques et les substances qui résultent de la transformation des antibiotiques dans les organismes.
Des traces de nitrofuranes sont repérées. Sur 121 échantillons déjà analysés, 43 dépassent la limite prescrite. Les produits incriminés, provenant d’Asie, d’Amérique centrale et du Sud sont retirés du commerce.
Les tests se poursuivent
Mais l’opération est loin d’être terminée, nous dit Roland Charrière, responsable de division à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). Plusieurs centaines d’échantillons doivent encore être analysés et cela prendra encore pas mal de temps.
Suite aux informations du début de l’année, le marché des importations de poulet chinois s’est totalement effondré, nous dit-il. Ce n’est donc pas lui qui tracasse le plus l’OFSP.
Il n’en va pas de même de la crevette, poursuit Roland Charrière. Ce marché-là est alimenté par de très nombreux producteurs dans beaucoup de pays.
«Il s’agit de se faire une idée de l’ampleur de la contamination, de l’utilisation voire de la généralisation de la nitrofurane dans la production.»
Lorsqu’elles auront une meilleure idée de la situation, d’ici deux à trois semaines, les autorités sanitaires pourront alors décider d’éventuelles mesures ciblées pour garantir la sécurité alimentaire.
Adieu poulet de Chine!
Du côté des grands distributeurs suisses, on prend les choses très au sérieux. Coop et Migros disent avoir tiré un trait définitif sur leurs importations de volailles chinoises et mettre désormais la priorité sur des produits suisses et européens.
Le marché des fruits de mer est plus complexe. «Il y a des problèmes et pas de solution simple», explique le porte-parole de Coop qui oriente sa prospection vers des produits bio. Le volume des ventes n’est pas encore très élevé mais la demande est à la hausse.
Migros est quelque peu embarrassée. Samedi, la coopérative a dû retirer de ses étalages des crevettes thaïlandaises (trois tonnes environ, dit-elle, après une rapide estimation) mais n’en a pas encore informé ses clients. Des contre-analyses sont en cours.
Que dire au consommateur? Réponse prudente de Roland Charrière: «les crevettes ne sont pas de première nécessité, mais si on choisit de la crevette de pêche et non d’élevage, on ne doit pas s’attendre à y trouver des résidus d’antibiotiques.»
swissinfo/Bernard Weissbrodt
Les nitrofuranes sont utilisés en médecine pour des thérapies de courte durée
Leur utilisation prolongée peut provoquer des modifications génétiques et des tumeurs
Leur usage est interdit par la Suisse et l’Union européenne dans la production de denrées animales
En août, le seuil de tolérance des nitrofuranes dans les denrées animales a été réduit de 5 à 1 microgramme par kilo
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