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Pour lutter contre la pauvreté, il faut élargir les allocations familiales

Le système actuel laisse encore 6% de familles dans la pauvreté. Keystone

L'aide aux familles nécessiteuses doit être améliorée. La Commission fédérale de coordination pour les questions familiales (COFF) propose d'ajouter un troisième pilier aux déductions fiscales et aux allocations familiales déjà en vigueur.

«En Suisse la politique familiale a longtemps été considérée comme une affaire privée», constate Jürg Krummenacher, président de la COFF. Reste que la question commence sérieusement à animer les débats et que¸ dans un contexte où s’affrontent plusieurs modèles, la COFF entend bien apporter quelques lumières.

Ce lundi, elle a présenté une étude qui analyse de façon systématique les effets du système de compensation des charges et des prestations familiales actuellement en vigueur. La recherche, menée par le Bureau d’étude de politique du travail et de politique sociale (BASS) évalue également les diverses autres solutions généralement proposées.

Selon la COFF, l’aide aux familles doit, d’une part, être mieux ciblée et, d’autre part, être unifiée au plan fédéral. «Le système actuel laisse encore 6 pour cent de familles dans la pauvreté, affirme Jürg Krummenacher. Une situation qui touche quelques 120 000 enfants».

La COFF propose donc d’améliorer l’aide aux familles en ajoutant un troisième pilier aux déductions fiscales et aux allocations familiales existantes. La Commission suggère d’appliquer à l’ensemble du pays le modèle déjà en vigueur dans le canton du Tessin.

«Outre les allocations ordinaires, le système tessinois propose deux types de prestations complémentaires. L’une est versée pour les enfants jusqu’à 15 ans vivants dans des familles à faible revenus. L’autre est allouée aux ménages qui comptent des enfants de moins de 3 ans et dont le revenu est inférieur au minimum vital.

«Ce mode permet de fournir une aide parfaitement ciblée, renchérit Tobias Bauer, responsable du Bureau d’étude de politique du travail et de politique sociale. Toutefois, les familles doivent en faire la demande. Et l’on estime qu’un tiers d’entre elles ne le fait pas».

Mais la COFF va plus loin. Elle préconise une allocation fédérale d’au moins 200 francs par mois et par enfant. Cette solution comblerait notamment les lacunes et les disparités des 26 modèles cantonaux.

«Globalement, notre proposition ne coûterait que 570 millions de francs de plus aux collectivités publiques, déclare Jürg Krummenacher. En revanche, elle aurait le mérite de diminuer de moitié le taux de pauvreté des familles».

Outre la solution mixte soutenue par la Commission, l’étude a également analysé les autres modèles de soutien aux familles. «Remplacer les allocations par des déductions fiscales creuserait encore les inégalités, souligne Tobias Bauer. Le système coûterait cher et surtout, il favoriserait encore les familles à haut revenu.»

Inversement, remplacer les déductions fiscales par une augmentation des allocations pour enfant profiterait aux familles à faibles revenus et contribuerait à diminuer de façon notable la pauvreté des familles.

La Commission a préféré soutenir une proposition mixte qui, conformément à la tradition du consensus helvétique, ne heurtera aucune tendance politique.

Vanda Janka

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